ALÈS Cette étrange affaire de vol de montres de luxe qui ne tourne pas rond
Étrange dossier que celui évoqué hier matin devant le tribunal correctionnel d’Alès. La juridiction examinait une affaire de « vol avec violence » avec des zones d’ombre qui ont valu aux deux accusés d’obtenir la relaxe.
Est-ce que la justice aura remis les pendules à l'heure ? Deux victimes d’un côté, deux accusés de l’autre. Parole contre parole. Et bien malin qui pouvait déterminer qui des plaignants ou des prévenus disait la vérité. Les faits, relatés par la présidente Bérangère le Boëdec, datent du 25 octobre 2017. Ce jour-là, par l’intermédiaire d’une connaissance commune, Mickaël et Christopher, les accusés âgés d’une vingtaine d’années, vont à la rencontre d’Alain et Romain, les parties civiles, qui vendent des montres de luxe. Seulement, au bout de quelques minutes à peine, le rendez-vous tourne mal.
D’après les vendeurs, à la vue des objets de valeur, Mickaël et Christopher les auraient aspergés de gaz lacrymogène avant qu’une bagarre éclate entre les protagonistes. Ils seraient ensuite partis avec quatre montres d’une valeur totale de 15 000€. Version différente dans le camp d’en face : le ton serait monté parce que les montres de luxe seraient, selon eux, des contrefaçons. Les vendeurs auraient mal pris la remarque. Bagarre générale. Qui dit vrai ?
Pour les certitudes, c’est que les montres n’ont jamais été retrouvées et qu’il y a eu plusieurs blessés dans cette histoire. Alain, un sexagénaire collectionneur de montres depuis 40 ans, a eu six semaines d’ITT suite à une blessure à la main. Christopher, lui, a reçu des coups de pierre de Romain sur le crâne pendant la bagarre, mais n’a pas jugé bon de se rendre à l’hôpital ou chez un médecin, ni de porter plainte pour les violences.
Si dans cette trouble affaire, il y en a un qui ne doute pas, c’est Aurélien Vergani, l’avocat d’Alain : « Ce dossier transpire la mauvaise foi. C’est une expédition punitive et vous aviez imaginé dépouiller la victime qui a trois fois votre âge », accuse-t-il. La procureure, Nathalie Welte, est sur la même longueur d’onde et requiert un an de prison avec sursis « compte tenu qu’ils n’ont pas de casier judiciaire » et 1 500€ d’amende pour chacun des accusés.
Sentant que l’accusation était fragile et profitant du comportement déplacé d’une des parties civiles, Romain, qui n’a cessé d’interrompre la bonne tenue de l’audience par des rires malvenus et des interventions tout aussi inappropriées, les avocats des accusés ont déroulé. Pour Mickaël, maître Euria Thomasian a conclu à propos des vendeurs : « Ce ne sont pas des personnes si blanches que ça. Ils ne sont pas clairs du tout ». Comme sa consœur, maître Jérôme Arnal, pour la défense de Christopher, a lui aussi demandé la relaxe de son client. Après le délibéré, les deux avocats ont été entendus. Au grand dam des parties civiles qui ont quitté la salle encore plus énervées que pendant l’audience.
Tony Duret