ASSISES 30 ans réclamés pour la tentative de meurtre du policier : 8 ans requis contre Perez
L'avocat général Bertrand Baboulène demande l'acquittement des accusés sur la tentative d'assassinat de Raymond Houlonne. Il réclame en revanche des condamnations pour "l'association de malfaiteurs". Le verdict est attendu ce vendredi soir...
Devant la cour d’assises du Gard, quatre des cinq profils sont similaires selon l’avocat général Bertrand Baboulène qui se lève pour ses réquisitions. « Des profils de la grande délinquance, des personnes qui vivent dangereusement. (...) Ils ont des ennemis, il y a des accords temporaires et à partir de là il y a la guerre », estime-t-il. Pour le cinquième accusé il s’agit d’un petit voyou "qui n'a pas l'envergure" des autres.
Un policier face à un fusil à pompe
Le représentant du parquet général a une pensée pour le policier victime des tirs : « Il s’agit d’un véritable traumatisme, il a été menacé par un homme qui avait un fusil à pompe. Il a pensé à un jeune fils qu’il venait d’avoir. Pour lui, même si les faits ont dix ans, ils sont bien présents dans sa vie."
Le ministère public entre ensuite dans les faits de cette soirée et le comportement de celui qui a décidé de s'enfuir sans attendre la décision de la cour d'assises... « Il a compris Belliure (...) c’est un expert de la chose judiciaire avec de nombreuses condamnations », attaque Bertrand Baboulène. Il est englué avec son ADN sur les lieux à Vacquerolles. Belliure, l'héraultais, interrogé hier soir par la présidente a affirmé ne pas connaître le quartier de Vacquerolles... Pourtant la juge lui fait remarquer qu'il a déjà été condamné aux assises pour le braquage, il y a plus de deux décennies, de l'Intermarché... de Vacquerolles ! Silence pour Belliure qui évoque un complot policier.
Un homme est arrêté sur place, ce 22 février 2013 c'est Mammad. Un autre, Belliure, est confondu par son ADN sur l'arme et la portière de la voiture de guerre. "Ils étaient sur place tous les deux et ils ont été arrêtés par l'intervention des policiers (...) le coup de feu qu'a tiré monsieur Belliure n'implique pas les autres accusés", insiste Bertrand Baboulène.
Une nouvelle version, un écran de fumée
Et l'avocat général de poursuivre sur la nouvelle version de Hakim Mammad qui explique, onze ans après les faits, qu'il voulait braquer un bijoutier ce soir-là. Que la cible, selon lui, n'était pas Raymond Houlonne qu'il ne connaissait pas, mais un bijoutier. "Le braquage sur un bijoutier, c’est une stratégie de défense pour dédouaner les autres accusés présents ici. Une déclaration sacrificielle. Car c’est lui Mammad qui a fait l’erreur du sms, l’erreur qui permet de remonter vers Perez et Alouache (...) Des déclarations de dernière minute qui desservent plus les accusés, elles sont truffées d’invraisemblances. (...) On lance des écrans de fumée, mais c'est du vent, c'est pour masquer les éléments d'enquête", estime l'avocat général qui détaille ensuite l'ADN qui confond certains protagonistes et les sms envoyés entre eux... « Les sms sont très importants dans ce dossier (...) Je ne crois pas en la rédemption des personnes qui ont de grands casiers judiciaires (...) Il s'agit d'une délinquance organisée".
Pas de tentative d'assassinat de Raymond Houlonne mais une association de malfaiteurs
Sur le premier acte criminel, celui de la tentative d'assassinat de Raymond Houlonne, "on n'est pas dans une tentative d'assassinat, on n'est pas dans le début du commencement de l'exécution. On est dans l'association de malfaiteurs, une entente sur un projet criminel (...) Je vous demande d'acquitter l'ensemble des accusés sur la tentative d'assassinat et la complicité de tentative d'assassinat et de retenir pour Belliure et Mammad l'association de malfaiteurs".
Concernant Djemel K ? "Je n'ai pas d'élément pour l'accrocher, il tient le café du lieu de rendez-vous, il n'a aucun lien avec les autres et je vous demande de l'acquitter", indique l'avocat général. Belliure, lui, est retenu par l'avocat général pour la "tentative de meurtre sur le policier'". C'est un accusé absent ce vendredi : "C'est lui qui risque le plus et il l'a compris". 30 ans de réclusion criminelle sont réclamés à son encontre.
Les trois autres accusés encourent 20 ans au regard de la récidive. "Je tiens compte des éléments de personnalité et du temps. Perez est le dénominateur commun et central, je réclame 8 ans à son encontre, 8 ans également pour Mammad et 5 ans d'emprisonnement pour Alouache", conclut l'avocat général. La défense a débuté les plaidoiries. Le verdict est attendu dans la soirée de ce vendredi.