AU PALAIS Deux coups de couteau et trois ans de prison pour un mauvais regard
En juillet 2019, à cause d’un regard de travers, une bagarre a éclaté entre deux jeunes dans les rues de Bagnols-sur-Cèze. L’histoire s’est terminée mardi devant le tribunal correctionnel de Nîmes, plus d’un an et demi après les faits.
Encore un fait-divers né d’une broutille. Le 13 juillet 2019, vers 10h30 du matin, Yannis croise Mourad dans les rues de Bagnols-sur-Cèze. Ce dernier, accompagné de sa petite amie, n’apprécie guère le regard lancé par Yannis. Sans sommation, il lui flanque deux coups de boule avant de rentrer chez lui. Mais quelques minutes plus tard, toujours énervé, Mourad revient à la charge. Cette fois-ci, Yannis ne se laisse pas faire et réplique en lui portant deux coups d’un couteau qu’il conservait dans sa sacoche.
Depuis les faits, craignant des représailles, Yannis a quitté le département et se cache quelque part en France chez un membre de sa famille. C’est en revenant passer les fêtes de fin d’année auprès de sa mère qu’il a été arrêté. Très bavard, il livre sa version de l’histoire au président de l’audience, Jean-Michel Perez : « Après les deux coups de tête, j’étais plein de sang, j’avais plein de bosses et des coquards. Et là, j’le vois arriver au loin. J’panique. J’lui dis : ‘s’il te plait, pars !’ J’voulais plus qui m’frappe, alors j’ai sorti la lame et il a couru vers moi » Avec son débit rapide rappelant celui d’un Lorànt Deutsch et un parlé de titi parisien à la Renaud, il poursuit : « Moi, à l’époque, j’étais une allumette : on me prenait, on me cassait ! Lui, il a au moins 40 ans (30 ans en réalité, Ndlr) Moi, j’faisais bien dix centimètres de moins et à peine 50 kg »
Le bagout de Yannis n’attendrit pas la procureure Estelle Meyer qui lui rappelle son passé et ses cinq condamnations. « Eh m’dame, j’étais mineur », coupe-t-il. Elle en tient certainement compte et requiert 3 ans de prison dont 2 avec sursis. Pour la défense de Yannis, Me Carmelo Vialette plaide la légitime défense : « Mon client est juste quelqu’un qui essayait de ne pas prendre une deuxième raclée ». Il fait enfin part de son étonnement : « C’est quand même curieux : on a une victime qui reconnait qu’elle a porté des coups à un autre, mais parce qu’elle est moins blessée, elle n’est pas poursuivie ». Comme le cœur, la justice a ses raisons… À l’issue du délibéré, Yannis échappe à la détention. Il écope de 3 ans avec sursis avec une obligation de soin pour son addiction au cannabis, une interdiction d’entrer en contact avec sa victime et de détenir une arme pendant 5 ans. En entendant le verdict, « l’allumette » n’a pas craqué.
Tony Duret