GARD Il recueille une femme battue et se retrouve frappé et extorqué par le mari
Il se souviendra longtemps de son hospitalité. À son domicile situé sur la Côte d'Azur, un homme d'une quarantaine d'années a été réveillé, frappé et extorqué par un commando venu de Nîmes. Trois Nîmois sont condamnés par le tribunal correctionnel, y compris la femme battue recueillie par cet homme, sanctionnée pour complicité d'extorsion.
Pourtant au départ un homme a eu la gentillesse d'ouvrir sa porte et d'accueillir une jeune femme d'une vingtaine d'années, violemment frappée par son compagnon dans un appartement de Nîmes. Des coups survenus le 25 décembre 2016. Son compagnon lui a infligée une véritable correction. Une agression qui l'a décidée à agir. En clair quitter le domicile conjugal avec son enfant sous les bras.
La femme blessée, terrorisée et battue régulièrement (son mari a été puni depuis par 4 ans de prison ferme, NDLR) n'a pas d'endroit où passer la nuit. Sa mère est à l'étranger pour les vacances et elle demande l'hospitalité à un ami de la famille qui vit sur le Côte d'Azur. Ce dernier accepte et offre le gite et le couvert à la jeune femme pour quelques jours. L'accueillant récupère la mère de famille et son bébé à la gare de Villefranche-sur-Mer.
Expédition punitive
Il va prendre du temps pour s'occuper d'eux et gardera même le bébé. Il emmène au commissariat la jeune mère de famille pour qu'elle dépose plainte, puis essaie de trouver une association pour les femmes battues afin qu'un plan d'aide puisse intervenir en urgence. Mais ce que ne sait pas l'homme qui a ouvert sa porte c'est que la jeune femme est encore en contact avec son époux resté à Nîmes... Ce dernier rumine sa vengeance. Elle lui donnera même des indications permettant de savoir où elle se trouve. Ni une, ni deux, le mari accompagné d'un ami partent en expédition punitive vers la Côte d'Azur pour corriger l'homme qui a eu la gentillesse d'ouvrir sa porte à une femme seule et démunie.
Le mari violent, 28 ans et 14 condamnations, arrive sur la Côte d'Azur. "Ma femme était séquestrée. Elle ne pouvait pas bouger de l'appartement à cause de cet homme qui est un pédophile. J'ai failli appeler la police", ose-t-il à la barre du tribunal. Ce dernier est arrivé à Villefrance-sur-Mer, le 30 décembre 2016 à 1 heure du matin. Sa compagne l'attend en bas de l'escalier de l'immeuble. "Pour quelqu'un qui était séquestré, c'est curieux", remarque le président du tribunal Jean-Pierre Bandiera.
Les deux Nîmois entrent dans la chambre et en guise de réveil ils s'acharnent sur l'occupant de l'appartement. Hématomes à la tête, nez fracturé : le pauvre homme ne sait pas ce qu'il lui arrive. En attendant, madame qu'il a hébergé fait un café pour son compagnon violent et pour l'homme qui l'accompagne. Mais pour laisser la victime chez lui, il y a un prix de départ. " Car vous avez trouvé le bon pigeon qui accueille madame et qu'il faut dépouiller avant de partir", tonne la substitut du procureur qui voit dans le mari violent l'auteur principal et en madame "celle qui a permis que l'agression se déroule".
Pour revenir sur Nîmes avec son complice, sa compagne et l'enfant, la victime va être obligée de se rendre sous la surveillance d'un de ses agresseurs, à un distributeur de billets et donner 500 euros au mari violent. "Non je crois qu'il m'a donné 200 euros. Mais je ne l'ai pas menacé. Je ne lui ai même pas mis des gifles, c'était pour payer l'essence et l'autoroute", poursuit le mari qui semble terroriser encore à l'audience les deux autres prévenus (sa femme et son copain de virée) qui n'osent pas croiser son regard.
Un mari qui devant son comportement à l'audience sera expulsé et terminera son procès dans les geôles du palais de justice. Il écopera de 3 ans de prison ferme, son complice d'expédition sera puni de deux ans dont une année ferme et sa compagne de 10 mois avec sursis pour la complicité d'extorsion.