JUSTICE Tuerie des Plantiers : "J'ai pété un plomb, j'ai sorti mon arme, j'ai tiré dessus"
Valentin Marcone, 32 ans, comparaît depuis ce mercredi matin et jusqu'au lundi 29 janvier devant la cour d’assises du Gard pour un double assassinat. Un procès médiatique pour un faits divers qui a tenu en haleine la France entière pendant près de quatre jours en mai 2021.
"J'ai pété un plomb, j'ai sorti mon arme, j'ai tiré dessus", c'est de cette façon que Valentin Marcone raconte le drame du 11 mai 2021 à la petite scierie des Plantiers, un village des Cévennes. "Ces tirs, c'était une explosion, il n'y avait pas de logique". Depuis plusieurs semaines, Valentin Marcone, aujourd'hui âgé de 32 ans, se rendait sur son lieu de travail avec un gilet pare-balles sur le dos et une arme. "J'étais sous tension, j'avais peur pour moi, pour ma famille", enchaîne-t-il devant les jurés de la cour d'assises. Il avait peur de l'ancien maire notamment avec qui il était en conflit au sujet d'un problème de droit du travail, mais il n'avait pas selon lui prémédité son acte tragique à la scierie des Plantiers. "On se sent dégueulasse d'avoir tué deux personnes pour rien", affirme-t-il en évoquant son ancien employeur et à son collège de travail.
"J'ai été menacé, des personnes venaient roder à côté de mon domicile, j'ai été gentil de mettre des caméras", ajoute Valentin Marcone surnommé le "Rambo des Cévennes". Un "Rambo" qui ressemble plus à un "gringalet" : petit, frêle, les cheveux coupés court. Un trentenaire envahi par une sorte de paranoïa, qui pensait que l'ancien maire lui en voulait car il ne l'avait finalement pas embauché à la commune des Plantiers après un contrat précaire qu'il avait obtenu dans la collectivité territoriale.
Valentin Marcone aime les règles, le cadre, et ne jamais sortir de ce qui est prévu. C'est d'ailleurs ce qui va le froisser lorsqu'il est embauché à la scierie après ses déboires à la mairie du village cévenol. "Le patron fait faire une heure supplémentaire le vendredi de 17h à 18h, mais Valentin Marcone n'est pas très intéressé par ce système car ce soir-là il y a la soirée pizza avec sa femme", détaille le major Frédéric Ribes, directeur d'enquête à la Section de Recherches de Nîmes. "Et puis cette heure, elle est payée dans une enveloppe. Lui préfère qu'elle soit référencée sur un bulletin de salaire", ajoute l'enquêteur. Et Marcone va envoyer un mail à son patron pour cet incident sur cette heure supplémentaire. Des choses qui peuvent paraître dérisoires aux yeux de la plupart d'entre nous, mais qui vont prendre des proportions considérables si l'on constate les terribles faits du 11 mai 2021 avec l'exécution de son patron Luc Teissonnière et de son collègue de travail Martial Guérin. Dans cette tragédie un jeune salarié aura la vie sauve et apporte aujourd'hui son témoignage glaçant sur ces assassinats. "Il a ouvert son blouson, a sorti une arme et a tiré deux fois sur Luc, puis deux fois sur Martial. Juste après, il était calme", indique Vincent, 22 ans.
Dans cette tragédie cévenole Marcone aurait entendu, le matin même des crimes, des propros concernant son éventuel licenciement pour faute car il cumule les petites erreurs et imperfections à la scierie. Se greffe aussi une histoire de "bonjour" (prononcé ou pas) ce matin-là à son arrivée à la scierie et qui aurait débouché sur des reproches à son égard. Des motifs bien futiles, mais pourtant les balles vont fuser. "Par automatisme j'ai visé le plus petit, c'est-à-dire la tête". " Et il y a deux hommes morts et vous ramasssez les douilles ?", demande le président de la cour d'assises, Christian Pasta. "Oui j'ai fait comme au stand de tir, par automatisme". Puis il rentre à sa maison en indiquant à sa femme qu'il avait tué Luc et Martial. Il prend une carabine, un pistolet, une tenue de camouflage et s'enfuit dans les bois pour 83 heures alors que s'organise la traque du fugitif Marcone.
Chez l'accusé, les enquêteurs retrouvent une douzaine d'armes détenues légalement car il est licencié dans un club de tir et pratique régulièrement cette discipline. D'ailleurs, il a longtemps pensé devenir tireur d'élite avant d'être bloqué par l'Armée suite à des problèmes de vue.
Dans les bois, Marcone se cache, avec ses armes et ses 50 munitions alors que 300 à 400 gendarmes fouillent la forêt. "Je me suis caché dans la forêt, la derrière nuit dans un trou de sanglier". Mais si Marcone a pris des armes, il n'a pas de nourriture et il finit par se rendre aux militaires.
Les débâts se poursuivent ce mercredi soir avec l'audition de l'ancien maire des Plantiers et du frère de ce dernier, un chasseur. Pour Marcone deux hommes qui seraient à l'origine de ses déboires.