NÎMES Menace, tentative d’extorsion et violence en prison : ils sont condamnés à trois ans de prison ferme
Ce jeudi 23 novembre, deux détenus de la prison de Nîmes étaient jugés devant le tribunal pour violence, menace et tentatives d’extorsion sur un codétenu.
Un jeune homme entre en prison le 20 septembre et partage sa cellule avec deux codétenus. L’un a 23 ans, 12 mentions sur son casier judiciaire, et est incarcéré jusqu’en 2026. Avant de rentrer en prison, il ne travaillait pas car il était blessé : il avait reçu des balles dans les jambes... Actuellement, sa compagne attend un enfant.
Le second codétenu a tout juste 25 ans. Il est détenu pour vol et violence depuis mars 2023 pour six ans. Il a une femme et un enfant de 3 mois.
Dans la nuit du 20 septembre, le petit nouveau est violenté. Une vidéo est retrouvée dans un téléphone appartenant aux deux prévenus. Lors de l’audience, le président Denis Weisbuch explique : “Le nouveau détenu a reçu des gifles, des coups de pieds, son corps a été brûlé avec des mégots de cigarettes et des traces de fourchettes sont retrouvées dans son cou.” De plus, la victime aurait contacté sa mère pour lui demander de l’argent et une moto sous peine d'autres représailles.
Une vidéo à l'appui
Dans la vidéo la victime est à terre, ligotée, la bouche en sang. Lors de l’enquête, des tâches de sang et des draps déchirés ont été retrouvées dans la cellule. L'un des prévenus explique : “Le jour de son arrivée je suis parti en promenade. J’ai reçu des papiers où on me demandait de le frapper. En revenant, je l’ai prévenu et il a pris un verre dans les mains. Je me suis senti en danger, et la bagarre a commencé. Je l’ai frappé, je lui ai donné des coups dans le nez. Je reconnais les faits, mais il m’a menacé.” Il va néanmoins nier toute forme d’extorsion. Le second ajoute : “Mon collègue s’est seulement défendu, il ne l’a pas cogné pour rien. Par contre, les brûlures et les traces de fourchette, il se les ai faites seul !”
Le président tente de comprendre : “Vous avez essayé d’obtenir de l’argent et une moto ?” Le prévenu de 23 ans répond : “Après l’avoir frappé, je lui ai donné mon téléphone pour qu’il appelle sa mère mais moi je n’ai rien demandé.”
L'audience interrompue
Maître Merah plaide pour la victime et sa mère : “En 2022, 250 détenus sont morts en prison. 125 sont des suicides, l’autre moitié sont des violences entre détenus. Ils ont menacé…” L’avocat est coupé. Dans la salle, la copine du plus jeune prévenu se met à crier : “Qu’est ce que tu racontes ? Tu ne parles pas comme ça. Je n’ai pas peur de la justice, bande de chiens.” La police et le greffier d’audience interviennent pour la faire sortir de la salle. Le prévenu s’excuse : “Je suis désolé, ma femme est enceinte, elle est sensible.” Maître Merah reprend : “Ils ont sauté sur mon client. Comme dirait Camus, un homme s’empêche, encore faut-il être un homme. Sa mère n’est pas présente aujourd’hui car elle a peur, ils ont essayé de lui soutirer de l’argent.”
Le procureur de la République, Arnaud Massip, affirme : “Ces deux personnes sont proches de l’inhumanité. Ces faits sont d’une gravité extrême. Un des prévenus a eu l’intelligence de filmer ce qui a pu bien servir à l’enquête. Ces deux jeunes se défendent plus que maladroitement. Dans un premier temps, vous avez tout nié puis aujourd’hui vous dîtes que c’était lui qui était violent. C’est effrayant. Je demande trois à quatre ans ferme.”
Maître Besanger plaide pour le prévenu de 23 ans : “Nous avons très peu d'éléments sur la tentative d’extorsion. L’histoire est bancale et faible. La victime, sa mère et sa sœur ont trois versions différentes. Je demande donc la relaxe pour la tentative d'extorsion.” Elle continue : “Puis, c'est une bagarre entre détenus. Il faut prendre en compte le contexte carcéral. Mon client souffre de problèmes psychologiques, il a déjà fait des tentatives de suicide. On a tenté de le tuer, il a pris des balles dans les jambes. Aujourd’hui il comprend la gravité de ses actes. Je vous demande une obligation de soins, c’est une peine qui lui servira.” L'avocat du second détenu était aux assises, il n’a donc pas pu être défendu. Le verdict est tombé, le tribunal les condamne à trois ans ferme.