"On est plongé dans l'intimité d'un drame familial". Le vice-procureur Sébastien Sider résume parfaitement le triste fait-divers qui a été évoqué ce vendredi devant le tribunal correctionnel d'Alès. Le 17 janvier 2016 à Saint-Privat-des-Vieux, Jacky, un homme de 53 ans, a bu, beaucoup bu. Comme souvent. Cette semaine-là, il avait consommé quatre litres de Pastis en cinq jours ainsi qu'une bouteille ou deux de vin par jour... Sur les coups de 17h, avec 2,6g d'alcool dans le sang, il s'engueule avec son père pour une broutille : une histoire de téléphone portable. Jacky veut téléphoner à sa fille qui vit en Esat (Établissement et service d'aide par le travail, NDLR). Le père, Jean, décrit par beaucoup comme un homme avec une personnalité difficile, refuse catégoriquement. A bout, Jacky s'empare d'un couteau à salade et porte deux coups au niveau du thorax de son père avant de prévenir les secours et les gendarmes. Jean est aujourd'hui sain et sauf, mais n'a pas assisté à l'audience pour des raisons de santé.

- Ce que j'ai fait, c'est débile, c'est stupide et je ne comprends pas comment j'en suis arrivé là. Il m'insultait, me menaçait. Il me disait : "si tu me touches, tu ne verras plus ta fille", raconte Jacky depuis le box, encadré par trois gendarmes.

En prison quasiment depuis le jour des faits - il a passé une semaine en unité psychiatrique -, Jacky a eu le temps de réfléchir sur son avenir à sa sortie de détention :

- Je vais tout vendre (le fils et le père habitent sur le même terrain, NDLR) et je vais m'en aller. Je ne veux plus de contact avec mon père.

Mais avant de réaliser ce projet, la justice doit se prononcer. Comme le rappelle le représentant du ministère public, Sébastien Sider, Jacky aurait pu se retrouver devant une cour d'assises "si on avait pu démontrer l'intention de tuer".

- N'agitons pas le foulard rouge de la cour d'assises, lui répond Maître Olivier Massal, l'avocat de Jacky. Mon client est coupable, c'est incontestable. Mais est-il totalement responsable de ce qui est arrivé ?

Alors qu'il encourt 10 ans de prison, Jacky est condamné à une peine de six ans dont deux avec sursis. A sa sortie, il ne pourra plus se rendre à Saint-Privat-des-Vieux et devra indemniser son père à hauteur de 6 000€ pour les différents préjudices.

Tony Duret

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