Trente petites minutes. C’est le temps qu’il aura suffi pour que le restaurant « El Brasero », tenu par Manuel Ospital, soit englouti sous les eaux. Ce vendredi 25 octobre, un épisode de pluies torrentielles s’est abattu sur le bassin alésien. Entre 13h15 et 13h45, le ciel, encore dégagé, s'est obscurci en un instant. Et une pluie d'une intensité inhabituelle s'est mise à tomber. Au moment où l’eau a commencé à envahir son établissement, Manuel Ospital se trouvait derrière le comptoir, seul dans la salle, le service de midi ayant pris fin. Quelques gouttes d’abord, qui semblaient inoffensives, avant que la situation ne dégénère rapidement. « Au début, je ne pensais pas que cela allait empirer si vite », relate le restaurateur, visiblement éprouvé. « En moins d’un quart d’heure, j’ai vu le niveau monter à une vitesse alarmante, jusqu’à ne plus pouvoir rien faire. »

Un restaurant apprécié, frappé de plein fouet

Ouvert en 2022, « El Brasero » a rapidement su se faire une place dans la commune en se spécialisant dans les grillades et les spécialités cévenoles. La carte, conçue pour satisfaire une clientèle variée (en termes d'âge mais aussi de classe sociale comme l'explique Manuel, NDLR) propose brochettes, poissons, et des mets inspirés des traditions cévenoles. Les soirées musicales organisées régulièrement renforcent l'identité mais surtout l’attractivité de l’établissement. Sur Google, le restaurant affiche une note de 4,1 sur 5, basée sur 280 retours, parmi lesquels les commentaires élogieux abondent : « Une excellente adresse, l’accueil y est toujours chaleureux et on y mange très bien », lit-on, par exemple. « Ce n’était pas facile d’ouvrir dans la conjoncture actuelle, mais nous étions contents d’avoir réussi à fidéliser une clientèle », témoigne Manuel Ospital. « On avait créé quelque chose de solide, d’authentique. »

Près de 50 centimètres d’eau

Mais en quelques minutes seulement, Manuel Ospital a vu les eaux envahir le parking, l’entrée, la terrasse, puis le cœur de son restaurant. L’eau, qui s’est rapidement accumulée, a atteint la cuisine, inondant même les installations électriques essentielles au fonctionnement de l’établissement, comme les réfrigérateurs, les congélateurs et les équipements de cuisson. Il y avait de l’eau jusqu’aux tibias. « Quand j’ai vu la réserve et tout l’équipement électrique sous l’eau, j’ai compris que c’était bien plus grave que je ne le pensais », explique-t-il.

Des membres du personnel municipal de Bagard et de Boisset-et-Gaujac sont rapidement venus à son aide, mais ce sont les pompiers qui ont permis de sécuriser les lieux. « On se sent impuissant dans ce genre de situation. Tout s’est soulevé : le parquet, les pompes d’évacuation… c’est un vrai carnage. Les murs sont à refaire et, bien sûr, tous les moteurs sont irrécupérables », ajoute le restaurateur, constatant les nombreux dommages causés à l’infrastructure. Pour des raisons de sécurité, les pompiers lui ont logiquement signifié de ne pas rouvrir de si tôt. Le risque de court-circuit étant trop élevé. Ainsi, le restaurant est fermé jusqu’à nouvel ordre, et Manuel Ospital a déjà entamé des démarches auprès de son assurance. Des experts sont attendus sur place dans les prochains jours pour évaluer l’ampleur des réparations à entreprendre.

Un avenir incertain

Les quatre employés de « El Brasero » se retrouvent désormais au chômage technique pour une durée indéterminée. Le restaurateur sait que le délai des travaux risque d’être long, compte tenu de l’ampleur des dégâts et des délais dans le secteur du bâtiment. « On va sûrement être fermés plusieurs semaines, le temps de trouver des artisans, d’obtenir des devis et de planifier les travaux. Tout est à refaire », affirme-t-il, conscient de la situation alors que de nombreux clients annulent leurs réservations pour le mois de novembre. Pourtant, malgré les (nombreux) obstacles à venir, Manuel Ospital n'abdique pas.

Soutenu par ses clients, qui témoignent de leur solidarité dans les messages privés et commentaires publics sur les réseaux sociaux, il conserve l’espoir de redémarrer son activité. « Je reçois énormément de soutien, et c’est précieux. On essaie de rester optimistes », dit-il. « C’est dur de voir tout notre travail anéanti en si peu de temps, mais il n’y a pas eu de blessé, c’est le plus important. » Malgré cet épisode, Manuel Ospital, qui n'en est pas à sa première expérience de restaurateur, espère retrouver rapidement les conditions nécessaires à la réouverture de son établissement. Il est déterminé à remettre sur pied « El Brasero », persuadé qu’avec le soutien de sa clientèle, l’établissement pourra surmonter cette épreuve. Même s'il faudra d'abord passer les fortes pluies attendues ce samedi soir.