FAIT DU SOIR Le comité contre la déviation de Saint-Christol-lez-Alès invite le député
Le projet de contournement, vieux de 70 ans, provoque une opposition dans la commune, qui dénonce une atteinte à la biodiversité et un projet qui ne fera qu'augmenter le nombre de véhicules.
Un projet vieux de 70 ans, une déviation dont seul un tronçon pourrait être réalisé, un financement bien loin d'être assuré... La trentaine d'opposants qui a convié le député Michel Sala, ce samedi matin, pour exposer son opposition à la déviation de Saint-Christol-lez-Alès, a détaillé ces arguments. "Ce projet avait plus de sens il y a 70 ans, quand Saint-Christol était moins urbanisée, explique Marion Leonetti, présidente de l'association. La route traverse aujourd'hui un grand espace urbanisé." Créée en 1978, mise en sommeil depuis les années 2000, l'association a retrouvé de la vigueur à la faveur de l'avancement du projet, en décembre 2021.
L'arrêté d'utilité publique a été pris en plein mois d'août. "On a fait un recours gracieux", précise l'association, qui espère que la question environnementale fasse capoter le projet, avant sa concrétisation prévue en 2025. Pierrot Pantel, de l'association nationale pour la biodiversité, souligne que des habitats d'espèces sont traversés par le tracé envisagé pour cette deux fois deux voies, (à l'ouest du centre-ville, entre le centre et l'ancienne route d'Anduze). Et que certaines espèces, qu'il a pu identifier sur des pièges photos, ne figurent pas dans l'arrêté d'autorisation, comme la loutre ou le castor.
Déjà des courriers de promoteurs immobiliers
"Vingt-et-un hectares de terres agricoles vont être saccagés", poursuit Pierrot Pantel. "Et puis la route a vocation à développer l'activité économique, poursuit Marion Leonetti. D'ailleurs, les propriétaires riverains ont déjà reçu des courriers de proposition de promoteurs immobiliers." D'autres dénoncent l'installation inévitable de commerces le long des 4,9km de voie, mettant ainsi en danger ceux du centre-ville.
"Tout ça pour un feu qui pose problème", reprend l'un des intervenants, et provoque un bouchon qui atteint le carrefour de la Pyramide, et au-delà. Le projet, piloté par Alès Agglo, était estimé à 26 millions d'euros il y a dix ans. "Le Département dit qu'il y va sur la pointe des pieds, explique Pierrot Pantel. Et la Région avance que ce n'est pas un projet d'intérêt régional." De quoi limiter le projet entre le rond-point du lycée Jacques-Prévert et les environs de la cave coopérative ? Président de l'agglo et maire ont laissé planer cet "espoir". Qui est insuffisant pour les contestataires.
"En phase d'écoute", Michel Sala était passé par le bureau du maire avant de se rendre à la réunion. Habitant Saint-Félix-de-Pallières, alors qu'il travaillait à Alès, dix ans durant l'actuel député a pu constater le problème et le dilemne "entre passer par l'ancienne route d'Anduze ou par Saint-Christol". Une façon de dire que le problème est réel, même si les solutions envisagées ne lui semblent pas adaptées. "Pourquoi alors refuser une étude sur un plan de circulation ?", s'interrogent en choeur la salle et le député. "Parce qu'on va de toute façon se retrouver dans un goulot d'étranglement à la Luquette", précise une personne du public.
Le député a proposé d'écrire au Département et à l'Agglo, notamment, pour obtenir des informations sur la future urbanisation et les alternatives éventuelles. Côté Pierrot Pantel, on espère que le dossier ne reçoive aucun subside du Département ou de la Région, tout en affirmant que la justice devrait faire tomber l'étude environnementale incomplète, tandis que le recours gracieux court toujours. Le premier coup de pelle est encore loin des terres agricoles qu'il doit endommager.