ARLES EN FERIA Les prodiges en sont bien!
Novillada de Nuñez del Cuvillo, Gallon et Santiago Domecq pour Manuel Roman (oreille, silence et vuelta) et Marco Perez (salut, deux oreilles et silence).
Manuel Roman et Marco Perez sont des jeunes toreros extraordinaires de par leur précocité. On dit d’eux qu’ils sont des prodiges. À 16 ans ils avancent sur le chemin de la gloire en premier lieu Marco Perez qui jouit d'une notoriété grandissante et qui est "apodéré" par l'empresa Jean-Batiste Jalabert depuis la moitié de sa courte vie.
Le Cordouan Manuel Román n’a pas moins de talent et la competetencia, saine, qui existe entre eux, impose une des rivalités historiques en novillada piquée comme on pouvait le voir dans les années 1990. C’est d’ailleurs lui qui prend les devants.
On ne le connaît pas bien mais il est aussi jeune que Marco Perez dans le métier comme dans la vie. Un des deux prodiges qui a fait montre d’élégance dès le paséo. Manuel Roman coupera la première oreille de la matinée sous un ciel des plus menaçants et avec des radiales qui n’ont cessé de gêner le bon déroulement de la course. Mais en mano a mano l’un comme l’autre des piétons avait fort à jouer et il a fallu montrer les muscles le plus vite possible. Surtout quand on est chef de lidia et que votre adversaire du jour est l’enfant chouchou des arènes dans lesquelles vous vous présentez! En tout cas Manuel Roman est très vite accepté par magicien présente. Il coupe l’oreille de son Nuñez Del Cuvillo que l’on voit rarement en novillada dans nos contrées.
Le novillero écoutera le silence à l’issue de sa deuxième prestation. Il faut dire que le public accuse le coup et et la fraîcheur matinale a raison de l’ambiance qui aurait dû être bien plus soutenue pour un tel événement! Les choses se poursuivaient pourtant bien pour le jeune apprenant… le novillo de Gallon fait forte impression sa belle charge laisse augurer une belle faena. Cependant le novillo s’éteindra vite après la pique et Roman ne trouvera pas la solution au problème posé… dommage! L’épée enfonce le clou et lui ôte tout espoir de trophée.
Dernière possibilité pour Manuel Roman de sortir à hombros des arènes d’Arles, son exemplaire de Santiago Domecq. C’est là que tout se joue et Manuel Roman sort son bagage et tout le contenu qui va avec. On l’avait vu élégant lors de son premier duel, plus distant sur son deuxième, il reprend vie maintenant. L’électrochoc est venu dès le capote et la suite des événements n’a pas dérogé à sa règles. Román est plutôt énorme des deux côtés, il se profile de face et montre des séries de naturelles réalisées à la perfection… si jeune et si érudit, c’est rare. Il termine sa faena par des séries plus spectaculaires qui embarquent lés tendidos. Mauvais conseil pour le jeune qui une fois l’épée en place laisse le novillo mourir lentement… trop lentement. Vuelta valant largement l’oreille mais vuelta seulement.
Marco Perez se présentait lui aussi a Arles, pourtant, et même s’il est encore très jeune, on a l’impression de le connaître depuis des années. Ce n’est peut-être pas qu’une impression! Voir un paséo avec deux pitchounets qui sont partis pour se tirer la bourre pendant quelques années, ça fait toujours plaisir! Et voir un jeune prometteur passer les caps et éviter les embûches pour se hisser au sommet d’une catégorie qu’il ne connaît encore que très peu, c’est excitant! En attendant la suite, Marco Perez a compris que les toros ne sont pas tous faits du même bois. Remarquez, avec le nombre de bichos qu’il a déjà combattu, il le sait depuis belles lurettes! Cela ne l’a pas empêché de se faire bouger par son Nuñez, violent et qui demandait constamment les papiers. Le jeune a mis du temps à se réveiller mais c’est chose faite en toute fin de faena. Un peu trop tard et ses multiples essais au descabello lui coûteront la vuelta. Salut.
Deuxième envoi pour le jeune et l’excellent Gallon lui permettra de renouer rapidement avec un franc succès! On le sait, la Ganaderia de Mas Thibert sélectionne des cornus idéaux pour les jeunes élégants. Plus que noble, celui du jour est aussi très encasté. Il va d’ailleurs sans doute émouvoir les frangins Michel et Jean-Pierre car leur novillo nommé Jinastico sera primé d’une logique vuelta al ruedo à titre posthume. Revenons à Marco Perez et à sa lidia commencée par une porta gayola qui a remis le public sur les rails de l’aficion. Sa faena sera tout aussi intéressante, intelligente et rondement menée. Marco Perez est bien un jeune à suivre, ses postures, ses gestes, ses placements… et l’écoute qu’il apporte aux conseils de Jean-Baptiste Jalabert feront de lui un futur grand. Belle épée après de magnifiques naturelles, deux oreilles.
Dernier de la matinée et Marco Perez écoutera le silence à l’issue d’une opposition sans grand intérêt. Si. Santiago Domecq n’a aucun relief et en plus de cela il est faiblard. Le jeune ne trouve pas le bon sitio (y en avait-il un?) mais essaie. Peut-être trop. Silence.