Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 02.07.2021 - thierry-allard - 3 min  - vu 1078 fois

BAGNOLS/CÈZE Grève à l’Aide sociale à l’enfance pour dénoncer un manque de moyens

Les agents de l'Aide sociale à l'enfance de Bagnols ont fait grève ce vendredi (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Les agents de l'Aide sociale à l'enfance de Bagnols ont fait grève ce vendredi (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Un mouvement de grève initié par le syndicat SUD a touché, ce vendredi, les agents de l’aide sociale à l’enfance de Bagnols. En cause : un manque de moyens aux multiples conséquences. 

« La coupe est pleine, cette grève c’est pour dire notre ras-le-bol. » Les mots sont signés d’une des grévistes bagnolaises ce vendredi, grévistes qui n’ont pas voulu donner leurs noms afin que tout le service s’identifie à leurs propos. Des propos d'où ressort une problématique : le manque de moyens qui complique une tâche déjà loin d’être aisée. 

On retrouve cette problématique au niveau du « grand manque de place pour les enfants, nous travaillons essentiellement sur mandat judiciaire sur décision du juge des enfants, et aujourd’hui nous avons 28 enfants sans solution de placement », avance une autre gréviste. Résultat : les agents de l’aide sociale à l’enfance, compétence du Conseil départemental, « travaillent plus que dans l’urgence », ajoute une autre agent. 

Les grévistes présentent un cas concret, qui a fait office de goutte d’eau qui a fait déborder le vase et initié le mouvement de grève : « Nous avons dû en 20 jours déplacer quatre fois une enfant de lieu d’accueil, avec des propositions inadaptées, très tardives et à l’autre bout du département, et pour pas plus de trois nuits à chaque fois. » « On ne propose que du bricolage », se désole une autre agent de l’ASE, qui ajoute que toutes ces péripéties « engendrent des heures supplémentaires non rémunérées et des avances de frais importantes. » Car les agents l’affirment : c’est à eux d’avancer les frais de péage, de repas du midi de l’enfant voire l’achat de vêtements si nécessaire. « Et nos salaires ne bougent pas depuis des lustres », souffle l’agent. 

Plus largement, ce travail dans l’urgence provoque un déficit d’accompagnement d’enfants « qui ont des problématiques, demandent des soins, beaucoup d’accompagnement. » Un accompagnement compromis par le fait que des ASE en contrats courts se succèdent par endroits, « et un enfant peut en quelques mois rencontrer quatre travailleurs sociaux », affirment les grévistes. Des grévistes qui disent en faire énormément, travailler le week-end, entre midi et deux et écoper pour trouver tant bien que mal des solutions pour les enfants, car « un enfant maltraité qui est confié à l’ASE, s’il n’y a pas de place, il doit rentrer chez lui », explique un agent. 

Alors « on use et on abuse de notre conscience professionnelle », poursuit-elle, sauf qu’il résulte de cette situation « la perte du sens de notre intervention, notre conscience professionnelle est très touchée », affirme sa collègue, qui estime que la situation s’est dégradée depuis trois ans. 

Alors les grévistes demandent plus de moyens au Département, qui vient de renouveler son exécutif cette semaine : du personnel, une solution pour les avances de frais et plus de places pour les enfants, avec notamment la création d’une Maison des enfants à caractère social (MECS), dont est dépourvu le territoire du Gard rhodanien et de l’Uzège. « Mais la MECS ne sera pas là avant 2023 et elle ne va pas régler tous les problèmes, avance une gréviste. Et si vous la construisez aujourd’hui, demain elle est complète. » 

Autant de moyens indispensables à leurs yeux pour que « tous les gamins aient une seconde chance », lance une gréviste qui l’affirme : « ça concerne tout le monde, personne n’est à l’abri, ce ne sont pas des enfants de ’’cas soc’’. » 

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

Thierry Allard

A la une

Voir Plus

En direct

Voir Plus

Studio