FAIT DU JOUR Le Défi sans écran se diffuse dans les écoles de l’Uzège
Alors qu’un rapport d’experts sur les risques de l’exposition aux écrans des plus jeunes a été remis il y a quelques jours à Emmanuel Macron, « dans l’Uzège nous avons un peu d’avance », sourit Jean-Christophe Quilez, délégué des parents d’élèves de l’école Jean-Macé, à Uzès. En effet, toutes les écoles maternelles et élémentaires de la cité ducale et des écoles de l’Uzège participeront du 13 au 21 mai au Défi sans écrans, car « il est temps d’agir », affirme le parent d’élève.
« Aujourd’hui, il n’y a aucun doute sur les effets délétères des écrans sur le développement et la santé de nos enfants, il y a un consensus sur la question », commence-t-il. Si bien que le rapport d’experts remis le 30 avril à Emmanuel Macron préconise, entre autres, d’interdire l’usage des écrans aux enfants de moins de 3 ans, puis un accès extrêmement limité jusqu’à 6 ans. Le rapport préconise également d’interdire l’usage du portable avant l’âge de 11 ans, celui des smartphones pour les moins de 13 ans, sans accès aux réseaux sociaux. Pour mémoire, une étude de Santé publique France publiée en 2023 indiquait qu’un enfant de 5 ans et demi passe en moyenne 1h34 par jour devant un écran.
Voilà pour le constat, qui fait dire au président de la Communauté de communes du Pays d’Uzès, Fabrice Verdier, que « nous sommes face à un combat de civilisation loin d’être gagné. » Alors pour commencer à le mener, ce combat, les parents d’élèves de Jean-Macé, représentés donc par Jean-Christophe Quilez et Delphine Dejean, ont initié l’année dernière un premier Défi sans écran au sein du groupe scolaire. « Face aux nombreuses retombées positives, le défi a pris de l’ampleur », avance Jean-Christophe Quilez, et concerne cette année toutes les écoles maternelles et élémentaires publiques d’Uzès, tout comme celles de Saint-Quentin-la-Poterie, Blauzac, Montaren-et-Saint-Médiers et Arpaillargues-et-Aureillac. « Ça représente quasiment 900 élèves », commente-il. « Nous avons également sollicité les deux collèges », précise Emmanuel Gault, directeur de l’école Jean-Macé, dont l’équipe enseignante, « très motivée à l’idée de travailler sur cette question », porte l’événement, en partenariat avec la mairie d’Uzès, la CCPU et la radio associative Fuze.
« Un sujet de santé publique »
L’idée est de profiter de cette semaine pour « faire un pas de côté pour réfléchir à la place que prennent les écrans dans nos vies et dans celles de nos enfants », reprend Jean-Christophe Quilez, et « enclencher une dynamique », rajoute Fabrice Verdier. « Nous avons la volonté de prendre ce sujet de santé publique à bras-le-corps, avec des actions tout au long de l’année », reprend l’élue uzétienne et psychologue spécialiste de l’enfance et de la famille Sophie Marinopoulos, dont la captation de la conférence tenue en mars dernier avec le chercheur en neurosciences cognitives Michel Desmurget, sera diffusée sur Radio Fuze le lundi 13 mai à 19 heures dans le cadre du Défi sans écrans. Radio Fuze proposera aussi tous les soirs de l’événement de 18h30 à 19 heures un programme spécial avec des contes, des récits d’aventures, et un moment de libre antenne, où les enfants et leurs parents sont invités à laisser un message au 09 80 78 99 96.
Le Défi sans écran commencera ce lundi 13 mai avec la projection débat du documentaire « Et si on levait les yeux », réalisé par l’enseignant et réalisateur Gilles Vernet, l’après-midi en présence des élèves de CM1 et CM2 de l’école Jean-Macé, et le soir pour tout public, le tout au Capitole. Puis, le mercredi 15 mai, la CCPU et la mairie d’Uzès organisent une journée des enfants et des familles au parc du Duché, sur le thème « Lâche tes écrans, viens voir du vivant ». De multiples animations, conçues comme autant d’« alternatives aux écrans », comme les présente Sophie Marinopoulos, gratuites et ouvertes à tous, seront proposées. Notez qu’une conteuse viendra avec sa roulotte ouverte aux enfants de 4 mois à 4 ans, et qu’à 17 heures un concert du groupe Bab et les chats sera proposé.
Le samedi 18, la ludothèque sera de 10 heures à midi à la médiathèque de Saint-Quentin-la-Poterie pour proposer des animations, avant de débarquer à la MIFA d’Uzès de 15 heures à 17 heures. « Nous sommes très attachés à la ludothèque, commente Delphine Dejean. Un jour, une enseignante nous a dit en conseil d’école qu’elle avait des élèves de CP qui ne savaient pas se servir d’un dé, car ils n’avaient jamais joué à un jeu de société. » Et enfin, le Défi sans écran se terminera le mardi 21 mai avec une remise de diplôme aux enfants et une exposition des oeuvres qu’ils auront créé le temps du Défi.
« Donner des outils aux familles »
L’école organisera également une bourse aux livres, la représentation d’un spectacle de choristes ou encore une journée où chaque élève sera invité à ramener, et à partager, un jeu de société. « Et nous allons également donner des outils aux familles, les enfants ont listé toutes les activités qu’ils peuvent faire avec leurs parents à la maison, car le plus important est ce qu’il se passe au sein des familles », développe Emmanuel Gault. Des familles qui, parfois, ont pu un peu mal prendre l’initiative, même si « nous avons toujours fui le côté moralisateur », affirme l’enseignant. « Au début il y a eu un peu ce sentiment, mais à la fin de la semaine, il y avait une unanimité », complète Jean-Christophe Quilez.
« On s’est aperçus qu’à l’issue du premier Défi, beaucoup de familles s’étaient renseignées, avaient parfois acheté un jeu de société, un jeu de cartes », poursuit Emmanuel Gault. De quoi passer du temps en famille, sans écran donc, « et regagner du temps utile pour le jeu, la lecture, le sport », glisse Fabrice Verdier. Car, et c’est un paradoxe tant ils nous servent aussi à communiquer, « les écrans coupent le lien social », affirme Emmanuel Gault, qui compte faire encore grandir le projet l’année prochaine en l’élargissant à de nouveaux établissements, notamment aux deux collèges d’Uzès, convaincu qu’« à partir du moment où on va inscrire un mouvement régulier tous les ans, on sait qu’on aura des effets à horizon trois à cinq ans. »
Et dans le périscolaire ?
« Sur le temps périscolaire, il n’y a pas d’écran », tranche l’adjointe au maire d’Uzès en charge des Écoles Marie-Françoise Valmalle. « Les enfants ont des activités manuelles, sportives, de la lectures, des jeux et peuvent tout simplement ne rien faire et se reposer, notre but est que les enfants soient ensemble », poursuit-elle. Les huit animateurs de la ville proposent ces activités tous les jours sur le temps méridien.