FAIT DU SOIR À Rochefort-du-Gard, le "massacre à la tronçonneuse" indigne les élus
Ce samedi matin, une manifestation particulière se tenait à Rochefort-du-Gard. Particulière, car elle regroupait les élus du conseil municipal.
En cause, ce qui s'est passé il y a un peu plus d'une semaine sur un terrain privé de la Bégude de Rochefort, le "Cottage Marie". Un terrain initialement arboré où un promoteur marseillais, Immallience, conduit un projet de construction de 66 logements. Or, en dépit des engagements dudit promoteur de conserver une quinzaine d'arbres sur les 75 environ que comptait le terrain, aujourd'hui il n'en reste aucun, ou presque. À la place, un paysage désolé, sur lequel trônent des engins de chantier, et des tas de bois.
Un "massacre à la tronçonneuse", lance le maire Rémy Bachevalier sur place ce samedi matin, entouré des élus du conseil municipal. Plus d'une semaine après l'abattage des arbres, la colère ne redescend pas. Car sur ce terrain privé, plusieurs promoteurs ont échafaudé des projets, jugés trop denses par la mairie. Pour celui d'Immallience, qui a donc été choisi, la mairie avait réussi à faire tomber la densité de 100 à 66 logements, et l'ancienne haie de cyprès et de cèdres devait être conservée, ce qui est notifié dans le permis de construire.
Que dit le permis de construire ?
La pièce PC4 du permis de construire indique que "la parcelle est plantée de nombreux arbres régionaux (cèdres, pins, oliviers, cyprès...) qui seront en grande partie conservés (...) Les collectifs, en R+1, se trouvent de part et d'autre de l'ancienne haie de cyprès et de cèdres. L'entre deux sera aménagé en espace de rétention pour les eaux pluviales (...) Les constructions seront implantées autour des végétaux."
"Il n'a jamais été question de tronçonner, d'abattre, d'arracher tous les arbres ! Ni de dénaturer ce site ! Jamais nous ne l'aurions accepté", martèle le maire. À en juger par les réactions des Rochefortais, la colère est partagée sur la commune. Mais que s'est-il passé, alors que le promoteur affirme sur son site Internet défendre "un immobilier plus vert, plus responsable, et plus durable" ?
"Il y a eu un dysfonctionnement"
"Je partage le désarroi de la mairie, ça me met hors de moi", répond le promoteur, Joël Briot, qui se dit "touché" par la situation. Le promoteur, qui rappelle que le projet comprenait l'abattage d'une soixantaine d'arbres mais le maintien d'une quinzaine d'autres, en est à "chercher à déterminer ce qui s'est passé" et avance une piste : "Le chantier a démarré un peu trop vite avec des gens pas forcément sensibilisés sur ces sujets."
Après avoir échangé avec la mairie puis s'être rendu sur place en début de semaine, Joël Briot l'admet : "Il y a eu un dysfonctionnement." "Nous ne nous exonérons pas de notre responsabilité, on fera le ménage chez nous, sans esprit de vengence, mais pour éviter qu'une pareille situation se répète", reprend-t-il.
Reste que le mal est fait. "La confiance est rompue, tonne Rémy Bachevalier. Nous serons très vigilants sur ce qui va nous être proposé. Nous exigeons que des arbres soient replantés et pas des sujets mineurs ni des cotons-tiges !" "Maintenant, il faut réparer", admet le promoteur, qui a décidé de missionner un écologue pour définir quoi faire, avec un objectif : "Une vraie compensation écologique."
En attendant, Rémy Bachevalier n'exclut pas de porter l'affaire en justice, car "on ne peut pas laisser faire n'importe quoi impunément." Et le premier édile de l'annoncer : "Cette histoire va nous servir de leçon, nous allons surveiller d'encore plus près les projets proposés par les promoteurs."