FAIT DU SOIR La SPA de Vallérargues accueille de plus en plus d’animaux, mais les adoptions ne suivent pas
Chaque année, les abandons d'animaux augmentent. Le refuge SPA de Vallérargues n’est pas exempté. L’an dernier, près de 650 animaux y ont été accueillis, mais moins de 500 ont été adoptés.
“Les gens prennent un animal comme s’ils achetaient une voiture”, déclare Fabien Fanoï, chef d’équipe du refuge de Vallérargues, seule société protectrice des animaux (SPA) du Gard. Le nombre d'abandons ne fait que croître depuis quelques années. Malgré des adoptions record lors du covid, de moins en moins d’animaux trouvent un foyer. Les chiens, chats, chèvres et NAC (nouveaux animaux de compagnie : rongeur, lapin, furet…) allongent leur séjour au refuge. Étonnamment, ce sont les chiens dits “à la mode” qui sont les plus délaissés par leur propriétaire, comme les staffs ou les malinois. Mais pourquoi nos animaux de compagnie sont-ils autant laissés sur le bas-côté ? Pour Fabien Fanoï, le comportement et la situation financière des propriétaires y sont pour beaucoup.
“Le combo covid et inflation fait très mal.” Adopter un animal apporte beaucoup de bonheur, mais a un poids financier non négligeable. “Même si la SPA identifie, vaccine et stérilise les animaux, le passage chez le vétérinaire et la nourriture sont chers”. Selon le chef d’équipe du refuge, l’inflation a considérablement découragé les potentiels adopteurs. Le covid a lui aussi sa part de tort, puisque durant la pandémie, les gens ont adopté en masse. “Mais une fois le covid parti, les gens avaient moins de temps pour leur animal.” L’année 2022 a été particulièrement touchée par ce phénomène des animaux adoptés durant le confinement. Cette année-là, le refuge de Vallérargues a accueilli 738 nouveaux arrivants, soit près de 200 compagnons à quatre pattes de plus qu’avant covid. En 2023, sur les 647 animaux recueillis par le refuge de Vallérargues, un quart n’a pas été adopté de nouveau propriétaire. Un taux qui s'alourdit d’année en année. Par comparaison, avant covid, près de 90 % des pensionnaires trouvaient un nouveau foyer.
"Les animaux ont leur histoire, il faut les accepter tels qu'ils sont"
Fabien Fanoï dénonce les adoptions non réfléchies et promeut les adoptions responsables. “Un chien n’est pas une voiture. On n’adopte pas un animal clé en main. Il faut s’investir, lui laisser du temps et le laisser s’habituer à sa nouvelle vie”. Depuis le 1er janvier, il n’est plus possible d’acheter un animal en animalerie. Une victoire pour l’association, “même si certaines animaleries contournent les restrictions”. Mais l’avantage majeur des animaleries, c’est que l’animal n’a, généralement, pas été traumatisé. “Si on adopte un chat de refuge, par exemple, il faut l'accepter tel qu’il est. Les animaux ont leur histoire, leur caractère et il faut leur laisser le temps de comprendre que maintenant, tout va bien.”
Malheureusement, les animaux recueillis par la SPA trouvent moins facilement une nouvelle famille. C’est le cas de Max, le plus vieux pensionnaire du refuge, arrivé à Vallérargues en février 2022. “Pourtant, c'est un chien très gentil et câlin. En plus, il est beau gosse, sourit Fabien, mais il est ici depuis deux ans.” Les histoires de chiens comme Max risquent de se répéter. En 2023, le séjour moyen des animaux de la SPA est de 92 jours, près du double de l’an passé.
Certains animaux retournent aussi en refuge rapidement après l'avoir quitté. Soit parce qu’ils ne correspondent pas aux besoins de la famille, “ce qui est tout à fait compréhensible. Dans ces cas-là, on essaye de comprendre pourquoi l’animal n’a pas pu s’intégrer à la vie de famille.” Soit parce que le propriétaire le considère comme un objet. “Un monsieur a adopté Alpha quand il était chiot. Quelque temps après, il est revenu et l'a jeté dans le refuge comme un sac-poubelle avant de partir en courant.” Aujourd’hui, Alpha cherche une nouvelle famille. Son maître était un bêta.