Publié il y a 1 an - Mise à jour le 03.05.2023 - Thierry Allard - 4 min  - vu 1054 fois

UZÈS Le Projet d’aménagement et de développement durables fait débat

Mardi soir, lors du conseil municipal d'Uzès

- Photo : Thierry Allard

Le conseil municipal d’Uzès se réunissait ce mardi soir avec à l’ordre du jour un débat autour du Projet d’aménagement et de développement durables (PADD), un document déterminant les orientations générales d’aménagement et de développement du territoire pour les 15 années à venir.

On y retrouve de grands axes, présentés par le bureau d’étude PlanEd, comme mettre en avant le patrimoine et les paysages, composer le développement de la ville avec ses sensibilités environnementales, inscrire Uzès dans une démarche de territoire durable, intensifier et diversifier le développement économique, définir une stratégie de développement de l’habitat pour attirer de nouveaux arrivants, ou encore conforter le rôle du centre-ville comme vecteur d’attractivité.

À l’intérieur de ces grands axes, un catalogue d’actions. Citons la mise en valeur du patrimoine bâti et naturel, requalifier et mettre en valeur les entrées de ville, limiter le ruissellement pluvial en favorisant la perméabilisation des sols, assurer la pérennité de la ressource en eau en protégeant les sources d’approvisionnement et en maîtrisant l’urbanisation, implanter un pôle d’échange multimodal routier ou encore poursuivre le développement des itinéraires cyclables de proximité. D’autres actions sont plus précises, comme limiter la consommation d’espace d’environ 2 hectares par an et limiter l’extension urbaine à 10 %, ou encore prévoir une extension limitée à 6 hectares de la zone économique du Mas de Mèze. On y retrouve également la production de 70 logements par an, alors qu’Uzès compte de plus en plus de résidences secondaires (+3 % entre 2008 et 2019) et de moins en moins de résidences principales (-5 % dans le même temps) et a perdu en population ces dernières années. Une population vieillissante, les plus de 65 ans ayant vu leur part augmenter de 6,2 % depuis 2013.

« M. Chapon ferait-il sa révolution ? »

Voilà pour les grandes lignes du document, qui ne se vote pas mais entraîne un débat. Un débat que l’opposante Lydie Defos du Rau lancera en déplorant la forme avant le fond. La forme, avec « l’absence totale d’association de la population à ce projet mais aussi de ses représentants élus. Nous l’opposition, n’avons jamais parlé de ce projet en commission, jamais été invités à une réunion de travail », affirmera-t-elle, avant que le maire Jean-Luc Chapon ne lui rappelle qu’elle n’était pas venue à la réunion publique organisée sur ce sujet. « Nous n’avions pas l’information, sinon on y serait allés », lui répondra l’opposante.

Sur le fond, Lydie Defos du Rau grincera que « tout ceci est très beau sur le papier, mais quel crédit accorder à toutes ces belles intentions ? Comment s’assurer qu’elles seront appliquées ? M. Chapon ferait-il sa révolution ? Car à ce jour, nombre de ces orientations ne correspondent en rien aux pratiques en vigueur et sont même contraires à celles-ci. » Et l’opposante de proposer de « suspendre les permis de construire pour les piscines » ou encore, sur les vélos, de « créer de nouveaux parkings en coeur de ville, ou plutôt récupérer ceux que vous avez consacrés aux motos, bruyantes et polluantes. Ce sont les motos qui doivent stationner en périphérie, pas les vélos ! »

Lydie Defos du Rau s’en prendra ensuite au maire concernant le photovoltaïque sur les bâtiments publics, les zones commerciales, notamment celle de la boulangerie Marie Blachère, sur le vieillissement de la population, que le maire aurait « préféré minimiser », ou encore sur la biodiversité, sur laquelle « il y a tellement plus à faire. »

Le maire lui répondra que, concernant les vélos, il comptait « mettre des parkings à vélos le plus près possible du centre-ville », que pour le photovoltaïque sur les bâtiments publics, « l’Architecte des bâtiments de France a son mot à dire » et que sur la zone Marie Blachère, « c’est la faute à certains écolos qui nous bloquent sur la ZAC », à savoir la controversée ZAC des Sablas, à Montaren, qui a pris du retard. Le maire précisera aussi que sur la zone du Mas de Mèze, la majorité du terrain était « une friche privée, qui vient de se vendre à une entreprise qui vient avec 70 salariés. » L’adjoint à l’Urbanisme Bernard Poissonnier reviendra ensuite sur la question des logements vacants et des résidences secondaires, regrettant « le peu d’outils contraignants » à disposition, notamment face aux « AirBnB, qui posent problème. »

L’opposant Christophe Cavard prendra ensuite la parole pour regretter l’absence de bilan du premier PADD en date de 2016. « Il aurait fallu pointer ce qui a été réalisé, je retrouve beaucoup de choses dans ce document qui étaient déjà plus ou moins posées en 2016 », affirmera-t-il, avant d’appeler à la création d’une « commission d’évaluation de ce qui a été fait et qui sera fait. » Bernard Poissonnier lui répondra simplement que « le PADD précédent n’a pas pu être appliqué car le Plan local d’urbanisme qui aurait dû en découler n’a jamais abouti. » L’adjoint ajoutera tout de même qu’il ne s’agissait pas d’un « catalogue de bonnes intentions. »

L’opposant Simon Subtil demandera ensuite « quels moyens pour que ces orientations soient traduites dans les faits ? », avant de craindre qu’il ne s’agisse que de « voeux pieux » et d’évoquer par ailleurs « les classes moyennes qui ne peuvent plus se loger » à Uzès. Le moment choisi par le maire pour sortir un argument habituel face à son opposition écologiste : « vous avez voté contre Mayac, maintenant il y a plus de 1 000 habitants, des familles, et vous avez le culot de dire qu’on ne s’occupe pas des bas salaires. » L’opposant lui répondra que ce vote date de « largement avant » qu’il ne soit élu, et Lydie Defos du Rau assumera en estimant que ce quartier aurait pu « être urbanisé de façon plus intelligente. » Puis le débat s’achèvera comme il avait commencé. Le PADD devrait être arrêté d’ici la fin de l’année.

Thierry Allard

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