BEAUCAIRE La crèche provençale est de retour et "gagne du terrain"
La crèche provençale est de retour dans le hall de l'hôtel de ville de Beaucaire où elle restera jusqu'au 2 février 2024 avec un point d'étape : l'installation de la scène de la nativité dans la nuit du 24 au 25 décembre. L'exposition qualifiée de "culturelle, artistique et festive" a été inaugurée mardi soir.
"Ne cherchez pas le petit Jésus, il n'y est pas !", lâche une conseillère municipale. Effectivement, la scène de la nativité n'est pas représentée dans cette crèche provençale. "C'est pourtant un indispensable", regrette Éliane, 65 ans, venue participer à l'inauguration, accompagnée de sa petite-fille, Ambre, 10 ans. "Elle est très jolie, mais c'est dommage, quand on fait une crèche on va jusqu'au bout", insiste même la Remoulinoise, plus interloquée par ce manquement - qui n'en est pas un - que par le choix de l'emplacement de cette installation, dans le hall de l'hôtel de ville.
C'est pourtant ce qui chaque année, depuis que Julien Sanchez est maire de Beaucaire, fait polémique. Malgré les attaques en justice contre la Municipalité pour non-respect du principe de laïcité et les condamnations (*), l'élu Rassemblement national persiste et signe "au nom des traditions", non sans que l'on percoive un brin de provocation dans son discours.
Quoi qu'il en coûte
"Certains dirigeants, lâches et complaisants, voudraient nous imposer de renier notre culture et la mettre sur un même pied d'égalité avec des cultures importées et en nous demandant, à nous, de nous adapter. Ils voudraient interdire une exposition culturelle et historique comme d'autres brûlaient des livres." Et le même de s'interroger : "Que leur est-il arrivé pour se comporter ainsi. Peut-être ont-ils été dans leur enfance privés de cadeaux de noël ?"
Pour Julien Sanchez, "c'est aussi notre devoir en tant qu'élus de perpétuer nos traditions et de les mettre en avant fièrement, les défendre coûte que coûte et quoi qu'il nous en coûte. Alors, à côté de cette cause culturelle majeure, vous comprendrez que les procès qui nous sont intentés pour cette exposition de crèche sont bien dérisoires et nous les assumerons comme chaque année."
Plus de 300 santons
Et de terminer son propos par "une confession, pas au sens religieux du terme, attention", levant ainsi le mystère sur l'absence de la scène de la nativité. Cette dernière "sera bien ici comme chaque année dans la nuit du 24 au 25 décembre, parce que ces santons font partie de la crèche traditionnelle."
Une crèche qui "se distingue par ses santons et représente les métiers de notre région", que "tout le monde vient voir. Quelles que soient sa religion, son appartenance politique ou ses convictions", a de nouveau rappelé le maire de Beaucaire. Une crèche "qui gagne du terrain chaque année" et pas seulement sur le plan médiatique : plus de 300 santons, 50 mètres de guirlandes électriques, 20 mètres de câblages électriques, 30 de petits et gros galets, 50 kilos de sable, huit maisons, moulins ou ruines, deux cabanes de gardians, trois jours de montage, etc.
Déjà, la Fédération départementale de la Libre pensée du Gard a réagi par voie de communiqué de presse : "Condamné à plusieurs reprises par le tribunal administratif de Nîmes et la cour administrative d’appel de Marseille, M. le maire de Beaucaire continue à narguer les lois de la République. D’ordinaire, notre République est bien plus prompte à se faire respecter par les délinquants de toutes sortes et surtout les multirécidivistes. La Libre pensée, avec tous les citoyens convaincus de l’intérêt public et sociétal de cette loi de concorde du 9 décembre 1905, demande instamment à monsieur le préfet du Gard de bien vouloir faire respecter la loi de la République à Beaucaire en faisant démonter sans délai la crèche installée dans la mairie."