FAIT DU SOIR Quand la France, la Roumanie et la Grèce s'unissent pour parler de plantes
Buna dimineata, Kaliméra, Bonjour : le roumain, le grec et le français se mêlent à la Maison du Castor à Collias. Et pour cause, les trois pays collaborent autour du projet Tell Youth, pour sensibiliser les jeunes adultes à la préservation de l’environnement.
La Maison du Castor à Collias était bien animée mercredi, jusque sous les derniers rayons de soleil. Il faut dire que 36 professionnels de l’éducation ou de l’environnement sont venus de trois pays : la Roumanie, porteuse du projet, la France et la Grèce, pour découvrir la flore des Gorges du Gardon dans le cadre du projet Tell Youth (acronyme anglophone pour la Formation à l’apprentissage de l’environnement tout au long de la vie pour les jeunes).
L’objectif ? Se former à l’enseignement des plantes endémiques des régions du Gard, de Kalamata en Grèce et des côtes de la mer Noire en Roumanie, avec une approche multi-disciplinaire scientifique et artistique. Ces professionnels auront ensuite pour mission de transmettre leur savoir, notamment par la création d’un herbier numérique international, à un public âgé de 16 à 22 ans. « Nous avons choisi cette tranche d’âge car c’est celle que l’on touche le moins facilement au sein de nos institutions », explique en anglais Andreea Cosma, représentante de la Maison de l’éducation et de l’innovation (HEI) en Roumanie, et coordinatrice du projet. « Nous nous sommes rendu compte que les jeunes n’étaient plus vraiment connectés à la nature. Et nous avons pensé que le meilleur moyen de remédier à cela, c’était de les sensibiliser et de les impliquer directement. Ils vont donc photographier, ramasser, dessiner des plantes, mais faire des actions citoyennes comme le ramassage des déchets ou la plantation d’arbres. »
Mais pour pouvoir enseigner, il faut d’abord être formé ! Quatre ateliers de formation, répartis jusqu’en 2025, sont prévus pour les stagiaires du projet. Le premier commençait hier même à Collias pour découvrir la flore de notre département et la méthodologie de création de l’herbier, le deuxième se déroulera en Roumanie autour de l’écriture créative. Retour en France, à Nîmes, début 2025 pour des ateliers centrés autour de l’illustration, et enfin les secrets pour sensibiliser les jeunes seront dévoilés en Grèce lors d’un dernier atelier. « Entre chaque atelier, il y aura des workshops avec le public, pour mettre directement en pratique les enseignements récoltés lors des formations », explique Ioanna Ravani, du Centre d’éducation environnementale de Kalamata en Grèce. « Cela nous permettra aussi de toucher une diversité de public importante du fait de la dimension internationale du projet. On ne peut pas aimer la nature sans la visiter, ni la comprendre ».
Une vision partagée par les participants aux ateliers, comme Alexandra Topala, 29 ans, orthophoniste et animatrice auprès des jeunes de la HEI et Oriane Torres, 24 ans, professeur documentaliste au lycée Dhuoda à Nîmes : « J’ai décidé de participer parce que je m’intéresse beaucoup à la botanique et aux questions de la préservation de l’environnement, mais aussi aux mobilités internationales Erasmus +, et ce projet regroupait ces deux aspects ». « On a une obligation », indique quant à lui Éric Gannevalle, 54 ans, animateur nature pour l’association Envie d’environnement à Quissac. Il poursuit : « On va encadrer un groupe d’une trentaine de jeunes, et on doit sortir un herbier de 33 plantes, qui seront mises en commun avec les 33 plantes roumaines et les 34 plantes grecques. La France s’occupe de la récolte et du séchage des plantes, la Roumanie de la numérisation et la Grèce des légendes et de l’aspect culturel qui entourent ces plantes. »
L'Union Européenne, moteur du projet
Parmi les sept partenaires internationaux du projet, il y a la Maison de l’Europe à Nîmes, dirigée par Michael Stange. En effet, le projet est largement financé par l’Union Européenne via le programme Erasmus + (qui aide notamment à la mobilité internationale des étudiants pendant leurs études). « L’Union Européenne investit 250 000 € pour permettre à cette organisation de trois pays de travailler pendant deux ans ensemble. Mais ça ne suffit pas, l’Europe ne finance jamais à 100 % un projet, elle sert de levier : l’Europe donne, mais appelle à des co-financements. Il est donc très important que les différents partenaires du projet soulèvent dans leur pays des fonds notamment au niveau local : Département, municipalité, Région… pour permettre à ce projet de fonctionner. » Autre point soulevé, l’aspect citoyen du projet. En dehors des actions environnementales prévues, comme la plantation de plus de 60 arbres répartis sur les trois pays participants, une sensibilisation aux élections européennes, prévue en juin 2024, sera effectuée auprès des jeunes publics. « Il s’agit de l’assemblée démocratique la plus importante au monde. Il est donc très important de rappeler aux primo-votants qui auront 17, 18 ans, que l’Europe, c’est vous. Vous avez votre mot à dire et vous pouvez aller voter. »