FAIT DU JOUR Les réservistes citoyens, les bons samaritains des sapeurs-pompiers
Lors des évènements tragiques de Dions, où trois personnes sont décédées dans la crue du Gardon, la réserve citoyenne des services d’incendie et de secours a prêté main forte aux sapeurs-pompiers. Constituée d’ancien soldats du feu, la réserve s’est occupée de préparer et servir des repas chauds aux secouristes. Une mission essentielle et reconnue par les sapeurs-pompiers.
Du 10 au 15 mars derniers, les secours ont recherché les corps des disparus de Dions. Une mission difficile, physiquement et moralement. Les sapeurs-pompiers du Gard, mais aussi ceux venus de l’Hérault, de l’Aude, des Pyrénées-Orientales et de Vaucluse, se sont relayés, sans relâche, pour tenter retrouver le père de famille et ses deux enfants. Si à l’issue de cette période, ce sont des corps sans vie qui ont été retrouvés, le travail des secours suscite l’admiration. Mais alors que les sapeurs-pompiers s’activaient dans les recherches, une équipe travaillait dans l’ombre avec une mission fondamentale.
70 anciens sapeurs-pompiers constinuent la réserve citoyenne du Gard.
La réserve citoyenne du Gard a, à son niveau, tenu un rôle important. Constituée de 70 anciens sapeurs-pompiers, elle avait la tâche de s'occuper de la logistique, de préparer et de servir des repas chauds pour les secours, qui de leur côté, travaillaient dans et autour du Gardon. C’est une charge à laquelle participait Patrick Fournier. Ce Saint-Gillois a été pompier pendant 35 ans et il est intervenu lors de nombreuses inondations, à Nîmes (1988 et 2002), Vaison-la-Romaine (1992) et La Roya (2020). L'homme a une solide expérience des interventions, des situations de crise et des drames. Mais au PC sécurité de Russan, en ce mois de mars, il est venu pour soulager ses collègues : « Quand on fait des opérations difficiles, manger chaud et assis tranquille, c’est mieux que les rations et le sandwich » explique Patrick. Le secours ont besoin de faire une pause pour reprendre des forces physiques et morales.
Patrick Fournier : « Je revois les collègues et je peux encore rendre service. Il y a l’adrénaline qui monte, je suis au taquet ».
Au menu du jour, on retrouve des classiques comme la charcuterie, les lentilles saucisses, le fromage et la salade de fruits. Le lendemain, il y a aura des raviolis ou des pâtes à la bolognaise. Les cuisiniers de le RC30 n’ont aucune chance de décrocher une étoile au guide Michelin, mais la mission est remplie. Et puis, il y a l’indispensable café qui est proposé 24/24h. Pour ces retraités, les interventions permettent de retrouver des sensations du passé mais aussi de se sentir utiles : « Je revois des anciens collègues, avec qui j'ai fait le service militaire, et je peux encore rendre service. Le matin, on part comme si on était dans une intervention à l’ancienne. Il y a l’adrénaline qui monte, je suis au taquet » temoigne Patrick. Ce matin-là, il avait débuté la journée en faisant ses courses au marché de Saint-Gilles avec son épouse, avant de répondre à l'appel de réserve citoyenne.
Thierry Valette : « Nous ne sommes pas que des cuisiniers »
Mais ne croyez pas que la réserve citoyenne n’est qu’une association de retraités. C’est bien plus que cela. Son rôle est primordial, puisqu’elle allège les secours de tout ce qui relève de la logistique. « Quand ils nous voient arriver, ils sont contents », souligne Thierry Valette, le président des anciens sapeurs-pompiers du Gard et qui dirige la réserve citoyenne. Puis il abonde : « Nous ne sommes pas que des cuisiniers. On peut être utilisés pour aider lors des recherches de personne ou pour convoyer des véhicules. Ça permet de maintenir le lien intergénérationnel et on envisage d’incorporer les jeunes sapeurs-pompiers. C’est basé sur le volontariat et la disponibilité ». La réserve citoyenne est liée au SDIS avec une convention signée en 2021. C'est le Sercice départemental d'incendie et de secours qui finance la réserve et qui fournit les véhicules, qui sont stationnés à Lédignan, un lieu géographiquement central dans de Gard et donc stratégique.
Lieutenant-colonel Cherbetian : « On parle le même langage, nous avons la même logique »
Du côté des sapeurs-pompiers en activité, on est reconnaissant de l’apport des anciens. « On parle le même langage, nous avons la même logique et le même raisonnement. Le transfert de compétences est important. On ne peut pas faire travailler les pompiers si on ne les nourrit pas correctement », confie le lieutenant-colonel Michel Cherbetian. Parfois, les réservistes prêtent une oreille attentive dans les moments psychologiquement durs. Bien qu’à la retraite, les anciens pompiers apaisent les estomacs et les âmes, un travail de l’ombre indispensable. Ils ont gardé en eux la devise des sapeurs-pompiers "Courage et dévouement". L’expérience est une richesse et, à travers la réserve citoyenne, les seniors prouvent une nouvelle fois, qu’ils ont encore beaucoup à apporter à la société.