Rien ne prédestinait Xavier Labaune à devenir directeur de l’office de tourisme de Nîmes. À 46 ans, ce Nîmois pur sucre gère un établissement public d’un budget de 3 M€, chargé de chouchouter les quelques deux millions de touristes qui foulent le pavé nîmois chaque année. C’est dans son bureau, face aux arènes, que nous retrouvons Xavier Labaune. Souvent dans l’ombre, préférant laisser la lumière aux élus, l’homme a toujours les yeux qui pétillent lorsqu’il évoque sa cité des Antonin.

La capacité de rebondir

Originaire du quartier du Puech du Teil, il a fait ses études à l’école Armand-Barbès avant d’intégrer le collège Jules-Verne puis, plus tard, le lycée Montaury aujourd’hui Albert-Camus. Son bac en poche, l’étudiant part faire ses études de droit à Lyon. Comme plusieurs membres de sa famille avant lui, il se destine à devenir clerc de notaire. Pendant deux ans, Xavier Labaune abandonne les plaines nîmoises pour la montagne de Courchevel où il réalise son stage. Il achève son cursus à l’INFN (Institut nationale des formations nationales) de Paris : « Je suis revenu à Nîmes en 2003, le soleil me manquait. Seulement, ici, le notariat est beaucoup plus verrouillé qu’à la capitale.»

Pas de problème pour Xavier Labaune. Désireux de travailler, le jeune homme ouvre sa propre agence immobilière. Le patron n’a alors que 25 ans. Avec ses quatre salariés, il vend et s’occupe de gestion locative de biens immobiliers. En 2013, il revend son agence à Foncia : « Avec la crise financière des subprimes, les conditions de crédit étaient compliquées. Du coup, le marché de l’immobilier était beaucoup plus tendu. » Loin de se démoraliser, Xavier Labaune met ses connaissances à profit en intégrant la SPL Agate. Une Société publique locale à laquelle les élus de Nîmes et de son agglomération confient la gestion de plusieurs compétences et dossiers (création de la zone d’activité économique Magna Porta, gestion du stationnement à Nîmes…).

L’ambition d’évoluer, l’envie de se renouveler

L’agent immobilier devient d’abord négociateur foncier. Dans le cadre du deuxième plan de rénovation urbaine : « J’allais négocier pour acheter les appartements dégradés à Pissevin avant de les rénover et de les remettre en location. » En 2016, la SPL Agate récupère la gestion touristique de la ville de Nîmes. Cette nouvelle activité séduit Xavier Labaune qui demande à évoluer au poste de responsable développement : « Nous avions trouvé un exploitant pour l’hôtel Vertigo devant la gare. Nous nous sommes aussi occupés du Mas des agriculteurs… »

Très vite, la municipalité nîmoise perçoit la nécessité de faire évoluer sa politique dans ce secteur très concurrentiel du tourisme. L’office se dote de quatre missions : accueillir, informer, conseiller et vendre. Xavier Labaune veut en être. Il passe la formation à l’École des Ponts pour être en capacité de diriger un établissement public local. En 2017, il devient directeur de l’office du tourisme. Nîmes se tourne d’abord vers l’international avec une soixantaine d’opérations de promotion par an. Les équipes rencontrent les tours opérateurs aux États-Unis, au Japon, ou encore en Australie. Ils vont également vers les autocaristes, comme les Belges, particulièrement friands du sud de la France.

« J’aime les nouveaux défis et, sans mes équipes composées de 35 personnes, nous n’aurions rien pu faire », relève le Nîmois, avec une humilité assez rare pour être soulignée. Le siège de l’office déménage devant les arènes : à l’entrée du parcours touristique de la ville. L’établissement développe aussi des produits touristiques comme des packages pour les groupes ou des cartes Citypass. « Ce dont je suis fier, c’est la mise en place du pack ‘Expliquez-moi la corrida’ », se félicite Xavier Labaune qui, au lycée, avait participé à l’écriture du livre de son professeur d’économie, René Domergue : La feria de Nîmes.

Les chantiers de l’office de tourisme

Xavier Labaune l’assure : « Aujourd’hui, le tourisme à Nîmes est en plein développement. Il y a des signaux qui ne trompent pas : l’ouverture prochaine d’un nouvel hôtel en face des arènes ou en lieu et place de la Chambre de commerce. » Le directeur a également remarqué que, régulièrement, « des restaurateurs nîmois obtenaient une étoile au guide Michelin. Ce qui, bien entendu, participe à l’attractivité du territoire. » Avec l’arrivée du Palais des Congrès, l’office travaille à des produits destinés à la clientèle d’affaire : « Ce sera une offre complémentaire puisque cette clientèle, en séminaire, sera présente la semaine, en dehors des week-ends et vacances scolaires. Ça permettra de mieux remplir les hôtels. »

Depuis plus d’un an, la SPL a repris la gestion touristique des 38 autres communes de Nîmes métropole. Un autre défi à relever : « L’idée est d’orienter les touristes en fonction de leurs envies et de leur durée de séjour vers les autres communes de l’Agglo. L’offre de loisirs et d’activités de plein air est complémentaire avec celle du patrimoine nîmois. » En parallèle, le classement espéré de la Maison Carrée à l’Unesco, en septembre prochaine en Arabie Saoudite, oblige l’office à réfléchir « à la gestion des flux et notamment leur gestion durable ».

Depuis quelques années, une nouvelle dynamique est donc en place. Si au départ l’office ne vivait qu’avec une subvention municipale, aujourd’hui ses recettes se divisent à parts égales entre une subvention de la ville, le produit de la taxe de séjour et celui des produits vendus. En poste depuis cinq ans, il semblerait que Xavier Labaune ait trouvé le poste idéal, celui qui conjugue stabilité et renouvellement permanent.