Ce vendredi, le Conseil départemental convoquait ses élus pour une séance plénière particulière. Pour la première fois, le schéma de l’économie sociale et solidaire (ESS) était voté. Le Gard connaît l’ESS peut-être mieux que n’importe quel autre département en France. En réalité, on la redécouvre car elle est née et a surtout grandi dans le Gard, grâce à l’école de Nîmes, pour parer les désastres sociaux dus à la révolution industrielle.

Rappelons que le concept d'économie sociale et solidaire (ESS) désigne un ensemble d'entreprises organisées sous forme de coopératives, mutuelles, associations, ou fondations, dont le fonctionnement interne et les activités sont fondés sur un principe de solidarité et d'utilité sociale. Après le Livre blanc de l’économie sociale et solidaire élaboré en 2020 et dans le but de compléter le Schéma départemental des solidarités sociales dans lequel l’ESS avait déjà sa place, le Conseil départemental a décidé de se doter d’un outil dédié avec un Schéma départemental de l’ESS. Le département est un échelon quasi-idéal pour se lancer dans la bataille très locale de l’ESS.

Présidente du Conseil départemental du Gard, Françoise Laurent-Perrigot parlait déjà de l’ESS il y a deux ans : « Le Schéma des solidarités sociales s’inscrit pleinement dans les priorités de notre projet politique pour le Gard. Il illustre parfaitement notre ambition de garantir à tous les conditions d’une vie digne et décente. » Le nouveau schéma s’inscrit très fortement dans la lancée du Livre blanc mais y ajoute des nouveautés. Trois grandes orientations étaient ainsi de mise. L’enfance et l’adolescence, la vie de l’adulte « actif » et la période de la retraite. Pourquoi ? Pour garantir un accompagnement et des réponses adaptées à chacun.

Dans le Gard, l’ESS c’est plus de 2 290 établissements employeurs, 24 000 salariés, 18 300 équivalents temps plein, 563 millions d’euros de rémunérations brutes, 322 emplois pour 10 000 habitants.

Retour à la source pour le Gard

La traduction la plus concrète de l’action du CD30 en matière de solidarités sociales est l’élaboration de ce Schéma unique des solidarités sociales qui sera un guide jusqu’en 2027. Dans la concertation, une vraie et saine concertation, chacun a pu y aller de sa parole, de sa pierre à l’édifice. Et la présidente de poursuivre : « Nous avons fait appel à l’ensemble de nos partenaires institutionnels et associatifs, nos agents, les maires et leurs Centres communaux d’action sociale qui sont nos relais sur les territoires. Et nous avons bien sûr aussi mobilisé les usagers, à commencer par celles et ceux qui sont directement concernés. »

Rappelons que dans le Gard l’ESS représente plus de 10 % de l’emploi salarié. Présente dans l’ensemble des secteurs d’activité, elle est particulièrement engagée dans l’innovation et le développement durable (social, managérial et environnemental), souvent au service des personnes les plus fragiles et les plus en difficulté.

Rappelons aussi que Nîmes a une histoire et que cette histoire est aussi celle de l’ESS. Près d’un siècle après la mort de Charles Gide, Gardois théoricien de l’économie sociale au travers des coopératives, le Conseil départemental continue de porter haut les valeurs de cette économie innovante. « L’ESS fait partie des conditions d’un « futur désirable » qui reposera sur une économie plus orientée vers les besoins humains, prendra sa part dans les enjeux de la transition écologique, incarnera un autre rapport au travail et enrichira la démocratie », annonce Hélène Meunier, vice-présidente déléguée à la Lecture publique et à l’Économie sociale et solidaire. Et l’élue de poursuivre : « La panacée n’existe pas mais ce schéma est une option sérieuse, ambitieuse et d’avenir qui pourrait changer nos vies. Merci à toutes celles et tous ceux qui contribuent à cela, y compris vous, madame la présidente, qui avait créé une délégation spéciale pour l’ESS ! »

Quatre grands axes et 17 orientations

Premier axe, faire émerger et soutenir des coopérations locales adaptées aux besoins spécifiques des territoires. Comment y arriver ? En soutenant l'émergence de projets de coopération au travers d'appels à communs territorialisés. Mais aussi en proposant un programme de formation commun aux structures de l'ESS. Rechercher les possibilités de mobilisation du foncier vacant du Conseil départemental dans une logique d'occupation transitoire par les structures de l'ESS et développer la participation du Conseil départemental au sein de Sociétés coopératives d'intérêt collectif (SCIC) sont les deux autres orientations de ce premier axe.

Deuxième axe. La promotion de l’ESS en développant des actions ESS à destination des jeunes de 11 à 25 ans. Développer les stages de troisième dans les structures de l'ESS est engagée tout comme communiquer sur l'ESS et l'innovation sociale auprès du grand public. Créer un dispositif permettant à la collectivité de mettre à disposition un appui de compétences auprès des structures de l'ESS est établi tout comme proposer un programme de sensibilisation aux agents et aux élus. Enfin, le Département veut renforcer le développement de l'achat public auprès des structures de l'ESS.

Troisième axe. Accompagner l'ancrage gardois des grands acteurs ressources de l'ESS. Pour cela, trois orientations avec l’animation du réseau de l'Économie sociale et solidaire gardois, l’organisation d’un maillage territorial par des espaces de rencontres et d'accompagnement de proximité pour les acteurs de l'ESS. Enfin, le soutien des grands acteurs ressources de l'ESS.

Dernier axe, le quatrième, la valorisation de la capacité d'innovation sociale des structures de l'ESS. Là aussi, quatre orientations à ne pas négliger. Proposer un espace expérimentation et d'innovation sociale en lien avec l'université sera un enjeu certain pour le Département tout comme l’élaboration d’une plateforme open source de l'ESS dans le Gard. Proposer une expertise aux financements privés complémentaires en interne et évaluer l'appropriation de l'ESS par le Conseil départemental et la mise en œuvre du Schéma de l'ESS viennent clore le premier schéma gardois de l’ESS.

« Dans ces temps difficiles, marqués par de nombreux défis, le Conseil départemental du Gard demeure résolu à avancer pour le bien-être de toutes les Gardoises et tous les Gardois. Nous continuerons à œuvrer dans tous nos domaines de compétences, avec détermination et solidarité, pour un avenir meilleur pour notre beau département. Ce schéma va être, comme d’autres, notre feuille de route jusqu’en 2028 mais nous ne parlons pas que du social, il concerne tous nos domaines d’intervention et reflète parfaitement la réalité ! Nous voulons mettre en avant cette proximité à laquelle nous tenons », conclut la présidente Françoise Laurent-Perrigot.

Le premier schéma de l’ESS a été voté à l’unanimité sous les applaudissements. Il n’y a plus qu’à se saisir de ce nouvel engagement et le faire grandir avec le Gard pour un avenir plus équitable, plus local, plus humain.