FAIT DU SOIR Une Cape d’Or pour prendre son envol
La novillada de la Cape d’Or de la peña Antonio Ordoñez aura lieu le dimanche 19 mai à 11h30 dans les arènes de Nîmes et réunira des novillos de Piedras Rojas pour Lalo de Maria, Manuel Roman et Samuel Navalon.
Pourquoi venir à une novillada ? Parce que c’est ici que se joue l’avenir. L’avenir de la tauromachie et l’avenir de ses protagonistes. Une novillada, c’est une corrida pour apprentis toreros. Des apprentis quasi-diplômés, des apprentis dont les dents raient le sable de la piste. En pleine feria de Pentecôte, l’avenir déboule sur la piste.
C’est la 63e et pourtant le fond comme la forme demeurent exceptionnellement bien conservés. L’histoire de la novillada de la Cape d’Or est racontée par Max Vedel, lui-même membre de la peña créatrice.
« L’histoire débute le 7 août 1960 avec le report d’une corrida de Pentecôte. Une corrida de Juan Pedro Domecq qui réunissait Antonio Ordoñez et le père Chamaco. Ordoñez avait été extraordinaire et à la sortie de arènes, comme toujours, des amis se retrouvaient pour boire un coup à la Bourse. C’est alors que l’un d’entre eux a proposé de monter une peña Antonio Ordoñez qui a été créé le 1er janvier 1961 car Ordoñez était le numéro 1 ! »
Après avoir fait une lettre au torero pour avoir son autorisation, le club taurin se lance dans la bataille et c’est en 1963, lors d’une assemblée générale, que l’idée de monter une novillada émerge. « Cette course ouvrait la temporada nîmoise et devait servir à faire émerger des jeunes. Antonio Ordoñez était venu remettre en piste le prix qui était alors un capote de paseo. » Le trophée, grâce aux familles Miletto pour le marbre et Minguet pour la gravure, est devenu une plaque de marbre puis le trophée que l’on connaît aujourd’hui.
Pour le président de la peña, Gérard Quittard : « La Cape d’Or vient de loin mais elle ne se galvaude pas. Elle compte et pour en être sûr il n’y avait qu’à voir l’exposition des 60 ans de l’événement au sein de laquelle on pouvait voir nombre de figuras. Le cartel de cette 63e Cape d’Or est prometteur, y compris dans le choix du ganadero. Cette année, on la sent bien cette novillada ! »
Président du jury 2024, Michel Dayre remercie l’empresa Simon Casas pour la qualité du cartel proposé pour l’événement. « C’est difficile de faire mieux ! Nous retrouverons avec plaisir les novillos de Patrick Laugier et trois novilleros déjà confirmés ou en passe de l’être. Lalo de Maria a 21 ans et en sera à sa troisième participation et l’a remportée l’année dernière. En 2023 il a toréé un peu partout et il prendra son alternative à la prochaine feria des Vendanges. C’est un garçon qui est prêt, il a atteint sa maturité, c’est un gage de qualité mais l’exigence sera haute. »
Pour le Cordouan Marco Roman, deuxième en piste, c’est encore autre chose. « Il est âgé de 18 ans et a fait un solo l’année dernière dans ses arènes. Avec 19 paseos et un indulto, il a réalisé une grande saison et toréera à Cordoue le 11 mai prochain. »
Samuel Navalon, vu à Arles comme Manuel Roman, sera découvert par l’aficion nîmoise. « Il a 20 ans et vient de l’école taurine d’Albacete. Il a fait des débuts tonitruants en 2023 et sera le 14 mai à Las Ventas. C’est un garçon prometteur qui a déjà prouvé pas mal de choses. »
Comme tout prix, pour décerner une récompense il faut un jury. Celui de la peña est mouvant et se renouvelle chaque année. En 2024, mesdames Michèle Carteyrade et Josiane Rouche assureront la touche féminine des membres de la peña. Se joindront à elles deux jeunes : Norman Dumon et Victor Jalaguier. Le trophée sera remis en piste par le président Quittard en présence du jury et du maire de Nîmes.
« Le choix sera sans doute difficile à faire mais il faudra faire un choix. Nous respecterons les canons de la tauromachie. C’est aussi l’art de la polémique ! La polémique avant le paseo, pendant la course et après. Cette année, nous organisons une tertulia à la bodega des Costières, sur l’Esplanade, juste après la remise du prix en piste. En tout cas, nous sommes très heureux du placement de cette novillada le dimanche matin comme le cahier des charges de la délégation de service public le demande », concluent Michel Dayre et Gérard Quittard.
Pour que le trophée ait du poids, la manière de le décerner est importante. Voici le règlement. Le novillero sera jugé sur l'intégralité de sa prestation depuis la sortie du novillo jusqu'à sa mort.
Le novillero devra être un lidiador durant toute son actuacion, plus précisément au cours du tercio de piques afin de mettre en évidence la bravoure du novillo en lui faisant prendre au moins deux piques, plus si possible, dans le même terrain.
La taena sera jugée en fonction des aptitudes physique et morale du novillo. Ses critères de valeur ne seront pas estimés sur sa durée ou le nombre de passes données, mais sur l'adaptation du novillero à mettre en valeur les qualités du novillo ou à corriger ses défauts.
Trois paramètres essentiels devront être respectés : trouver le sitio, se croiser et charger la suerte. La mise à mort sera jugée plus sur la sincérité de l'engagement du novillero à porter l'estocade que sur son résultat final.
Mais bajonazos, golletazos et atravesadas seront pénalisés. L'attribution du trophée ne dépendra pas exclusivement des récompenses décernées par le palco et le 1er avis ne sera pas préjudiciable à la qualité de la faena servie.