GARD Terralha, la céramique fait son festival
Organisé par l’Office Culturel de Saint-Quentin-la-Poterie, le festival Terralha s’impose aujourd’hui comme un rendez-vous incontournable de l’art céramique et de la création contemporaine en France et en Europe.
À travers un parcours de céramiques contemporaines, le Festival Européen Céramique invite 20 artistes-céramistes européens à exposer des installations surprenantes, au cœur d’un village entièrement voué à la céramique, dans des lieux insolites et privés, aménagés pour l’occasion en espaces d’expositions éphémères.
Morgan Conte, coordinatrice de projets culturels et métiers d'art pour l’office culturel de Saint-Quentin-la-Poterie est fière de présenter la nouvelle mouture, la 38e, du très attendu festival de céramique de Saint-Quentin-la-Poterie. « À l’année il y a 45 artistes à Saint-Quentin-la-Poterie dont 38 potiers. Il existe un véritable écosystème, un musée, une galerie qui propose des expositions temporaires réunissant des artistes internationalement reconnus. »
Autre spécificité de ce grand festival qui se tient dans un petit village de l’Uzège, « Nos 20 artistes exposent dans des lieux privés, chez l’habitant et nous sommes vigilants sur leur travail pour les intégrer au mieux dans des lieux qui leurs font écho. » Comprenez qu’ici, vous n’entrerez pas dans un vulgaire marché de céramiques mais plutôt dans une sorte de magnifique musée rural, à l’air libre de 9h à 20h. La soirée inaugurale se tiendra le vendredi soir et celle de clôture sera animée par un DJ local.
Comment arriver à réunir des artistes reconnus venant de toute l’Europe dans un coin un peu perdu du Gard ? Parce que justement et ne vous y trompez pas Saint-Quentin-la-Poterie est connu et reconnu à travers le monde de la céramique !
Justement, le thème 2023 du festival ramènera les visiteurs au cœur de leur enfance. « Laurent Dufour jouera sa carte blanche et investira le temple du village, lieu emblématique du festival pour une exposition monumentale. Ce céramiste travaille autour de la figuration et ses personnages totémiques dépassent souvent l’échelle humaine » ajoute Morgan Conte.
Les autres temps forts du week-end sont évoqués par Safia Hijos qui vit et travaille à Nîmes. « Léa Renard livre un travail ludique et coloré qui s’inspire du vivant. Marie Donois Steib donne à voir de grandes structures où l’accroissement cellulaire est marqué. François Bauer redessine quant à lui toutes les figures qu’il sculpte. »
Maud Grillet, galeriste à Saint-Quentin-la-Poterie, poursuit la description des artistes sélectionnés cette année. « Pour Katy Bourbotte, qui se montre peu, nous ne la connaissions pas ! C’est un travail utilitaire, de vrais tableaux de céramique avec lesquels elle construit un chemin. Maëlle Caborderie qui sort de l’école, vous verrez un travail très intéressant et déjà affirmé. Elle aime la terre, la cuisson au bois et l’émail. Il y a toujours des équilibres instables qui se soutiennent et se complètent. »
Dans la partie « Rapport au vivant », Christiane Wilhelm, une Allemande, proposera un travail très délicat et plus classique, inspiré par les arts extrême-oriental et nouveau. Marie Gezsler, Hongroise à la belle et longue carrière, vous fera voyager du côté des plaines enneigées et des paysages où la nature brute est omniprésente.
« Leïla Helmstetter est une vraie découverte et nous sommes bien contentes qu’elle ait postulée ! Elle était paysagiste puis s’est réorientée vers la réalisation de grandes sculptures, à l’échelle humaine, des pièces composites avec des techniques diversifiées et mélangées. Enfin, Gaëlle Guingant Convert revient au festival avec un style figuratif et animalier très réaliste, drôle et humoristique » ajoute Safia Hijos.
La céramique ludique n’est pas oubliée. Dans cette partie du festival les visiteurs pourront retrouver Andrea Moreno, qui sort de l’école et qui travaille sur les architectures du souvenir et des émotions qu’elle a pu rencontrer.
Pour Morgan Conte, « Léa Renard est dans le jeu d’opposition des textures et de la couleur. Magdalena Maros, Polonaise, propose un voyage entre terre et son. De ses lèvres suspendues sortent des histoires savamment distillées… On a hâte de les découvrir ! »
Avec la couleur comme mode d’expression, des artistes se sont lancés dans des travaux qui seront bien évidemment exposés. Guilherme Ferias est un Portugais qui s’amuse avec la matière et la cuisson. Chiara Bonato est une jeune artiste qui a une double vision de l’art qu’elle compose à la manière d’une peinture. Dominique Stutz est quant elle déjà venue au festival mais au vu du renouvellement de son travail, les organisateurs pourraient la faire venir chaque année ! 2023 pour elle sera l’année des émaux, de la couleur, du vivant, du microscopique et des matières. Entre animal, végétal et minéral, il est souvent dur de s’y retrouver !
Et puis… Il y a les inclassables avec Arnault Le Calvé qui vient avec ses gardiens un peu extraterrestres mais bienveillants. Audrey Schaditzki travaille comme une sculptrice qui ajoute sans cesse. Sarah Gatin fait dans la céramique utilitaire. Oui, cette fonctionnalité peu artistique est bien esthétique ! Elle vient de s’installer dans le Gard et collecte des matières dont elle se sert pour son décor. Ses objets racontent toujours une histoire.
« Mélanie Broglio a exposé en 2017 à Saint-Quentin. Elle fait des figures féminines en terre brute et en noir et blanc. Les visages sont très clairs et l’inspiration du monde marin est omniprésente. Pour le Coréen Kee Tea Rha, qui habite Strasbourg et qui est cuisinier, on peut dire qu’il mélange différents matériaux pour des compositions qui évoquent une installation et/ou de l’art contemporain. À travers son travail on peut se poser de belles questions ! » ajoute Maud Grillet.
Dénicheur de nouveaux talents depuis 2004, le Concours de la Jeune Céramique Européenne révèle tous les deux ans une nouvelle génération d’artistes céramistes sur des critères de qualité artistique, de potentiel de développement et de maîtrise technique.
Ce concours s’adresse à tous les céramistes professionnels de moins de dix ans d’activité qui exercent en Europe. Il donne lieu à une exposition tout l’été du 14 juillet au 15 août dans une belle galerie voûtée.
17 artistes, sélectionnés et donc exposés, offrent une approche de la création céramique contemporaine. « Trois prix seront remis pendant le festival car nous tenons à aider ces jeunes talents qui sortent des écoles et qui exposent d’ores et déjà de belles propositions » conclut Morgan Conte. Le public pourra voter et l’artiste qui sera choisi pourra venir l’année prochaine en résidence pour le festival.
Par ailleurs, Terralha, c’est aussi une programmation riche : ateliers participatifs et initiations à la poterie, performances artistiques, projections de films, expositions au musée de la Poterie Méditerranéenne, à la Galerie Terra Viva, rencontres… Un livret-jeu à destination des familles leur permettra de découvrir le festival en s’amusant. Si l’an passé Terralha a réuni 1 500 visiteurs, les températures excessives ont dû en freiner quelques-uns. « Cette année on ouvrira plus tôt et les ateliers auront lieu en fin de journée ! »