GARD Veiller sur la santé du monde agricole
Marie-Françoise Lecaillon, préfète du Gard, a présidé la première réunion du comité de pilotage qui s’articule autour du "mal-être agricole." Dans le cadre de la feuille de route nationale de la prévention du mal-être et pour l’accompagnement des agriculteurs en difficultés, ce comité a notamment permis de débattre sur les propositions d’actions à destination des agriculteurs.
Parler, intéragir, observer, discuter, veiller, surveiller, ne pas avoir de tabou, prévenir le mal... le mal-être. Cette nouveauté n'est pas une lubie d'énarque, elle ne réunit d'ailleurs que peu d'entre eux. "Ce comité départemental est le fruit d'un travail national, de rapports parlementaires qui pointaient des difficultés connues par le monde agricole" introduit la préfète du Gard, Marie-Françoise Lecaillon.
Ancienne préfète de l'Allier, Marie-Françoise Lecaillon connaît la question. Surtout que par chez nous les suicides sont moins nombreux qu'ailleurs avec "seulement" 36 cas en Occitanie chaque année. Mais il faut en parler tout de même. De ça et de bien d'autres difficultés.
"L'environnement global, économique, la crise sanitaire, l'évolution climatique, les réglementations complexes, la nouvelle PAC ou encore la crise énergétique, tout cela n'offre que des perspectives compliquées à appréhender en plus des difficultés personnelles que chacun peut connaître. Les comités nous serviront à échanger mais une cellule existait déjà. Je note la nécessité de mieux coordonner les actions et de mieux repérer les personnes à risque par le biais du réseau des sentinelles qui seront amenées à être au contact pour déceler les débuts d'inquiétudes. Nous voulons dire aux agriculteurs qu'ils ne sont pas seuls !", poursuit Marie-Françoise Lecaillon.
Deux comités seront organisés chaque année. Les résultats observés remonteront au comité national qui chapeaute le tout. De son côté, la Mutualité sociale agricole du Gard via sa présidente Anaïs Amalric-Joary est confiante et croit en ce comité. Elle explique : "Ce plan est important dans le contexte actuel. Il va donner une nouvelle impulsion après la transformation de la cellule Agir ensemble en Réagir. Nous avons la chance d'avoir un réseau bien organisié et nous pouvons accompagner de nombreuses situations grâce à notre guichet unique. Nous avons aussi un réseau d'élus pour identifier les situations critiques comme l'ont aussi les syndicats agricoles ou encore les Chambres d'agriculture. Cependant, les sentinelles seront les bienvenues, il fallait aller plus loin pour prévenir les risques."
Si le passage à l'acte, au suicide, est faible dans le Gard, il y a une accumulation de nuisances qui peuvent pousser à l'irréparable. Ce plan de prévention concerne ainsi non pas les seuls agriculteurs, mais bien l'ensemble du monde agricole, y compris les salariés et les familles.
Président gardois de la FDSEA, David Sève entrevoit de bonnes choses : "C'est bien, il y a les conséquences mais il faut arrievr à traiter les causes et ce qui cause le mal-être est dû à l'incertitude du lendemain. C'est nouveau, depuis la Covid, mais les gens ont un mal-être qui n'est pas toujours lié à leur situation économique..."
Composé de banques, d'assurances, de la MSA, de l'État, de la DDTM, des syndicats et d'autres structures touchant le secteur agricole, ce comité départemental ne saurait être une mauvaise chose. À partir du moment où les gens se parlent et se disent leurs problèmes, on a de chances de les résoudre.
La préfète précise : "Nous voulions embrasser le monde agricole dans sa globalité. Il s'agira de régler les cas de manière individuelle si la personne veut être aidée. Cette organisation s'appuie sur un savoir-faire, une expertise qui existent déjà, mais en nous coordonnant mieux, on pourra agir plus rapidement."
Ce fameux réseau sentinelle sera composé, en 2023, d'une cinquantaine de personnes, formées et en intéraction avec le monde agricole. Depuis le début du mois de décembre 2022, 17 personnes ont déjà été formées à devenir des sentinelles. "Le monde agricole ne vit pas dans sa bulle !", conclut la préfète. Rappelons qu'il existe 5 096 chefs d'exploitations agricoles dans le Gard. On parle de 36 000 contrats, mais de 23 500 salariés dans la production agricole gardoise.