FAIT DU JOUR Le Ventre de la ville a 140 ans
Le marché couvert de Nîmes célèbre un bel anniversaire lors d’un week-end festif.
Il y a tout juste 140 ans, les halles de Nîmes ouvraient leurs portes à un public friand de consommer les produits locaux dans les meilleures conditions possibles. En effet, depuis 1884, les halles font toujours écho à la vie des Nîmois, à leur art de vivre. Elles sont devenues un passage obligatoire pour les visites touristiques. Ici, on trouve des produits frais, des allées emplies de diversité et des scènes pagnolesques. Mais les halles ne sont plus celles d’il y a 20 ans.
Il fut un temps, elles vivaient tôt le matin, très tôt même. On y croisait les travailleurs de nuit qui buvaient et mangeaient avec les laborieux du jour, le tout à côté de la petite bourgeoisie coincée entre la populace et le clergé. Tout le monde allait aux halles. Aujourd’hui, à 8h30, on se met souvent encore en place et le public est moins éclectique. En tout cas, les badauds, curieux et surtout gourmands, y viennent comme en pèlerinage. Malgré des prix variables, quand on aime les halles, on les aime pour de vrai.
Revenons à l’époque et à ce qui se faisait dans le thème. Les marchés, souvent thématiques et en extérieur (même s’il y avait des marchés couverts sur les places du Chapitre et de l’Oratoire), prennent de plein fouet les évolutions et révolutions technologiques. Le train arrive à Nîmes, la transformation Haussmannienne va libérer Paris, il est temps de changer la donne, notamment pour l’hygiène. Rassembler tous les commerçants, en un lieu unique, couvert et adapté aux nouveaux us et coutumes sanitaires français, était dans l’air du temps et se poursuit depuis malgré les décennies qui défilent et les changements de consommation. Les villes grossissent, les citadins restent connectés aux produits frais (pas le choix !) mais il faut les mettre en valeur et les promouvoir.
C’est John Monod et surtout Félix Beaujouan qui prennent la lourde responsabilité du chantier. Un chantier rapide, bouclé dans les règles de l’art et avec un certain panache architectural. Les halles de l’époque ont des caractéristiques des bâtiments « pratique » d’alors. Depuis, nous avons suivi le même plan, les halles sont encore divisées en quatre pavillons intégrés sous cette grande coque bétonnée et métallique qu’on lui connaît. L’inauguration par Ali Margarot, maire de Nîmes, est célébrée sur deux jours, comme en 2024, les dimanche 9 et le lundi 10 novembre 1884.
Après la Seconde Guerre mondiale, les villes changent et les voitures se démocratisent. Les étaliers ont du mal à travailler correctement et même si nous sommes en plein « 30 glorieuse », le tout-à-l’égout n’est toujours pas d’actualité. Pire, l’hiver il fait aussi froid dedans que dehors et le bâtiment se dégrade.
Les anciennes halles sont démontées et c’est une cage en béton, abritant des parkings, qui est choisie pour remplacer la magie des lieux. Edgar Tailhades et Émile Jourdan, maires de Nîmes, prennent en charge cette rénovation. Sur le site de la ville de Nîmes, un témoignage parle. C’est à cette époque que les étaliers sont, deux années durant, déménagés au cœur du tout nouveau parking souterrain de l’Esplanade. « La facilité d’un parking tout proche faisait ses preuves. Ce fut un réel bonheur de réintégrer les halles le 7 mai 1973 et de retrouver nos clients ébahis par nos nouveaux locaux. » C’est le fromager Fernand Prat, un pilier des Halles pendant plus de 50 ans.
La fin du XXe siècle approchant, l’idée est maintenant de recréer une attractivité autour du lieu de vie en y collant un centre commercial, La Coupole des Halles. En 1983, c’est le nouveau maire de Nîmes, Jean Bousquet, qui attaque le chantier qu’il confie de 1988 à 1991 aux architectes Wilmotte et Fontès.
Avec le XXIe siècle, il faut prendre soin des sous-sols et faire de nouveaux travaux, lourds, pour les aménager afin que les commerçants puissent travailler convenablement. L’intérieur des halles a droit à un coup de fraîcheur il y a dix ans et nous voilà prêt à aller faire quelques courses pour profiter de ce lieu à part dans cette vie moderne.
Les baux qui lient les étaliers à la Ville, propriétaire des murs, courent jusqu’en 2029. Cette année, la Mairie a évoqué un coup de boost et quelques travaux (près de 13 millions d’euros quand même) pour une véritable modernisation des lieux d’ici 2031.
Dans le bulletin municipal, la Ville parle de reprendre les revêtements (sols, murs et plafonds) et l’ensemble des réseaux dont les chemins de câbles (installation de la fibre optique), mais aussi de remplacer les sanitaires publics, l’éclairage des abords, et les systèmes de désenfumage, d’extraction des hottes et de ventilation du sous-sol, sans oublier la création de quatre monte-charges en remplacement des deux ascenseurs pour favoriser l’activité des étaliers.
Des halles provisoires seraient créées sur le haut du boulevard Gambetta, entre le square Antonin et l’entrée de la coupole des Halles. Dans le cadre de cette modernisation, ce sont les abords de l’édifice qui seront réaménagés et la rue Guizot, d’ores et déjà en chantier, sera piétonnisée avec l’envie de créer un espace restauration en terrasse pour gagner en convivialité et inciter le public à entrer dans le marché couvert. Les halles bougent, très bien, c’est qu’elles vivent !