Publié il y a 3 h - Mise à jour le 02.10.2024 - Norman Jardin - 3 min  - vu 429 fois

FAIT DU SOIR Une erreur nîmoise vieille de 45 ans, enfin corrigée rue Delon

Emmanuel Carrière a la charge de ce dossier à la ville de Nîmes.

- Photo : Norman Jardin

Depuis 1979, une rue de Nîmes porte le nom d’Antoine Delon. Mais il s’avère que c’est une erreur, car il était initialement prévu qu’elle s’appelle rue Albert Delon. La faute orthographique est passée inaperçue jusqu'à ce que les descendants de l’illustre médecin ne s’en rendent compte. La bévue sera prochainement corrigée. Elle aura survécu pendant 45 ans.

Il y a des erreurs qui ne sont jamais découvertes et d’autres qui sont démasquées immédiatement. Celle qui concerne la rue Delon aura vécu 45 ans avant d’être détectée, puis corrigée. Tout commence le 28 juin 1979, quand la ville de Nîmes décide de baptiser une petite rue reliant la route d’Avignon à la rue de Grezan. La petite nouvelle portera le nom d’un illustre gardois, Albert Delon. L’homme que la municipalité Jourdan veut honorer a eu une vie bien remplie puisqu’il a été docteur en médecine, directeur du bureau municipal d'hygiène de Nîmes, militant socialiste, membre du Parti ouvrier français (en 1893), membre de la SFIO (Section française de l'Internationale ouvrière, NDLR) et rédacteur en chef du "Combat social" (1894-1898).

La rue Antoine-Delon va changer de prénom. • Photo : Norman Jardin

Une erreur découverte par le petit-fils d'Albert Delon

L’histoire pourrait s’arrêter là, mais il y a quelques mois, Pierre Delon, le petit-fils de l’illustre gardois (décédé en 1938) pousse la curiosité jusqu’à aller dans la rue qui porte son patronyme. S’il ne l’avait pas fait avant, c’est parce qu’il vit à Paris. Du reste, il n’était pas présent à Nîmes en 1979. Bref, c’est avec une certaine émotion qu’il se rend dans la fameuse rue. Mais sur place, c'est la mauvaise surprise. Les plaques de la rue comportent une grossière erreur. Au lieu de graver « Rue Albert Delon », les services municipaux de 1979 ont imprimé « Rue Antoine Delon ».

Pierre et Fabrice Delon se sont mobilisés pour rendre justice à leur aïeul. • Photo : Fabrice Delon.

Mon arrière-grand-père a soigné et fait interner Vincent Van Gogh

Fabrice Delon

Pour Pierre, c’est la désillusion. Une fois rentré à Paris, il en informe Fabrice, son fils (et arrière-petit-fils d’Albert Delon). Ce dernier décide d’agir : « J’en ai parlé à toute la famille, puis, au printemps, j’ai envoyé un e-mail à la ville de Nîmes. Ça a été super rapide. Dès le lendemain, le chef de cabinet du maire m’a prévenu que le sujet serait débattu à la rentrée. » Promesse tenue, puisque c’est lors du conseil municipal du 28 septembre dernier que la correction de dénomination de la rue est validée. Pour la famille Delon, c’est un soulagement : « Je voulais que, de son vivant, mon père voie cette erreur réparée. Mon arrière-grand-père a soigné et fait interner Vincent Van Gogh. D’ailleurs, ça serait bien qu’il y ait cette référence historique sur les nouvelles plaques de rues. Je vis à Paris, mais je descendrai à la Toussaint pour voir la rue Albert Delon », assure Fabrice.

Les riverains ont visiblement d’autres préoccupations. • Photo : Norman Jardin

« Pour la fabrication, c'est un mois de délai »

Emmanuel Carrière

C’est désormais au service urbanisme de la ville de Nîmes de jouer : « Pour la fabrication, c'est un mois de délai et ensuite, il faut mettre à jour le cadastre, car pour les impôts, les adresses vont changer. La mise à jour informatique se met en relation avec les différents opérateurs comme les applications de cartes routières. Je pense qu’il y aura les bons panneaux avant que toutes les mises à jour soient faites », détaille Emmanuel Carrière, l'adjoint délégué aux Aménagements urbains et à la voirie, président du conseil de quartier Costières. Ce changement de prénom, de la rue Delon, ne bouleverse pas les riverains : « Ce n’est pas grave et c’est bien d’avoir de la mémoire », souligne un cycliste.

Les plaques de la rue devront être changées. • Norman Jardin

« À changer, ils auraient pu l’appeler Alain Delon »

Une habitante de la rue Delon

La mémoire, c'est bien, mais la connaissance, ce n’est pas mal non plus et l’origine de l'erreur orthographique reste un mystère : « J’ai toujours entendu dire qu'Antoine Delon était l’ancien propriétaire du terrain sur lequel la rue est construite. À changer, ils auraient pu l’appeler Alain Delon (rires) », ironise une habitante de la rue. Ici, les riverains sont surtout préoccupés par les incivilités concernant les déchets ménagers et ils expriment leur colère sur les murs. On peut lire : « Ceci n’est pas une déchèterie » ou « Ne pas mettre les poubelles devant ma porte ». La Poste a l'habitude de gérer les changements de nom de rue et elle assure que cela n'impactera pas la distribution du courrier.

Dans la future ex-rue Antoine Delon, on trouve également le temple de la Fraternité de l’Église protestante unie et une entreprise de déménagement. Finalement, la transition sera indolore et peut-être même que certains ne s'en rendront pas compte. La ville de Nîmes va rendre à Albert, ce qui appartient à Antoine, 45 ans après. Mieux vaut tard que jamais.

Norman Jardin

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