GARD Des files d'attente et des stations-service en rupture
Suite aux mouvements de grève dans les raffineries de France, liés au projet de réforme des retraites, les stations-service ferment les unes après les autres, faute de carburants disponibles. Le Gard n'y échappe pas. Selon le Figaro, 16,4% des lieux de distribution étaient en rupture totale ou partielle dans le département ce dimanche matin.
Il fallait s'armer de patience ce dimanche pour pouvoir remplir le réservoir de son véhicule. Lorsque cela était possible... À Beaucaire par exemple, seule la station-service Carrefour était accessible, celle de Total est en rupture de stock depuis plusieurs jours déjà. Mais une seule pompe délivrait le précieux carburant et uniquement du gazole.
Ce qui n'a pas fait l'affaire de Samuel, 45 ans. Après deux heures d'attente, ce motard, domicilié à Saint-Martin-de-Crau dans les Bouches-du-Rhône, a dû sortir de la file en quête d'un autre point de ravitaillement. "Je comprends les raisons du mouvement, vraiment, mais je ne sais pas si nous bloquer, nous, ceux qui doivent aller travailler, est la bonne solution", a-t-il lâché sur un ton calme.
Abid, 41 ans, était quant à lui en colère. Lui aussi a dû patienter deux heures durant avant d'accéder à la pompe. "Ce n'est pas normal !, s'est agacé le Beaucairois. Je me lève à 5h du matin pour aller travailler à Saint-Martin-de-Crau. Je perds mon temps pour venir mettre du gazole dont j'ai besoin..." Et tandis qu'il parle, ses yeux sont rivés sur la trappe du réservoir prêt à déborder.
Comme d'autres automobilistes qui le suivaient, le prix lui importait peu. "Le tout c'est d'avoir du gazole. La semaine dernière déjà, j'ai payé un plein à plus de 2€ le litre ", soulignait Milena, 20 ans. Cette commerçante vit à Orange dans le Vaucluse. "Chez nous, il n'y a plus rien, je suis passée là par hasard, alors j'en profite." Sa jauge lui indiquait pourtant une réserve positive de plus d'un quart de gazole, "mais je préfère être prévoyante." Entre 17h30 et 18h, des équipes de la police nationale et municipale sont intervenues pour réguler la circulation. La file de voitures s'étendait jusqu'au giratoire de la RD 999 et de la RD 90. Elle a été déviée par la ZAC des Milliaires.
Dans le secteur de Bagnols-sur-Cèze, difficile aussi de trouver du carburant ce dimanche après-midi. Plusieurs stations sont fermées, notamment Total à Orsan, Total Pont de Cèze ou Carrefour Bagnols-sur-Cèze. La station d’Intermarché était encore accessible, mais toutes les cuves vides au désarroi des automobilistes.
« Ça ne marche pas. C’est la troisième que j’essaie », lançait une femme qui redémarrait aussitôt. Dès qu’on décroche le pistolet, l’écran affiche « pompe indisponible ».
« Je suis rentré de l’étranger hier après cinq semaines. Samedi, je n’ai pas eu de mal à trouver. J’ai fait le plein à Carrefour, aujourd’hui, j'ai voulu y retourner remplir un jerrican pour ma moto, mais il n’y en a plus », indiquait Anthony.
Juste à côté, Patrice, venu d’Orsan était plus embêté : « Ma femme est auxiliaire de vie sociale. Elle a plusieurs déplacements prévus à Roquemaure cette semaine. Ça risque d’être galère. » Il se demandait si cette pénurie « n’est pas un moyen de faire pression sur la population » en cette période de mouvement social.
En revanche, à la station essence de Cornillon, quelques kilomètres plus loin, il restait quelques litres, contrairement à ce que laissait suggérer le panneau des prix éteint. « Quand j’ai vu que des gens se servaient, j’ai fait demi-tour. Je suis rassurée car je dois aller à Alès demain, ça fait 90 km aller-retour depuis Bagnols. Je n’étais pas sûre d’avoir assez de carburant. On en parlait avec des amis à midi, ils me disaient qu’il n’y avait plus qu’à Lussan qu’il y en avait », lâchait Nathalie.
Louis aussi s’est arrêté faire le plein à Cornillon, après avoir fait chou blanc à Bagnols. « J’en avais besoin car je vais jusqu’en Aveyron demain, et j’avais seulement de quoi faire 100 bornes. Mais je n’ai pas eu plus de problèmes que ça à trouver. Ça n’a pas été le défi de la journée non plus », témoigne-t-il. Il ajoute : « On commence à avoir l’habitude de ces ruées vers la pompe. Les gens ont peur. Il faudrait vraiment une carte prioritaire pour les gens qui travaillent. »
Ce dimanche, les Nîmois ont passé leur temps à la recherche de carburant. Aux quatre coins de ville, ils ont sillonné les stations-service. Dès le milieu de l’après-midi, les cuves ont commencé à se vider. Il fallait parfois descendre de sa voiture pour se rendre compte qu’il n’y avait plus rien à la pompe. S’il n’y avait pas une longue file d’attente, cela voulait dire que la station était à sec. Au supermarché Carrefour Nîmes-Ouest, des caddies avaient été couchés au sol pour signifier aux automobilistes qu’il y avait rupture de carburant. Cela n'a pas dissuadé certains de déplacer l’obstacle pour vérifier de leurs propres yeux. La station BP du taureau, sur l’avenue Jean-Jaurès, était une des dernières à vendre le précieux liquide avec une limitation à 25 litres par véhicule et il n’y avait plus de gazole.
Voici une liste, non exhaustive, des stations nîmoises qui étaient à sec :
- Leclerc Mas des abeilles
- Leclerc Route de Beaucaire
- Total route d’Arles
- Géant Casino
- Carrefour Nîmes Sud
- Carrefour Nîmes Ouest
L'état des lieux de la situation des stations-services dans le Gard en cliquant sur ce lien.