Publié il y a 1 an - Mise à jour le 28.05.2023 - Anthony Maurin - 4 min  - vu 2484 fois

NÎMES EN FERIA Morante de la Puebla sans chaise mais à la table des grands

Morante, sourire aux lèvres (Photo Anthony Maurin).

Corrida de Nuñez del Cuvillo pour Morante de la Puebla (deux oreilles et salut), Jose Maria Manzanares (oreille et salut) et Alejandro Talavante (salut et oreille).

Encore des arènes pleines pour cette corrida des artistes (Photo Anthony Maurin).

Drôle de rendez-vous que celui des artistes ! Habituellement on aimait les voir en matinée mais la feria avançant, les observer quand le soleil est moins ardant est une excellente chose. Face à eux, les toros de Cadix, ceux de Nuñez del Cuvillo qui, l’année dernière ont laissé tomber la bagatelle de 125 oreilles et sept queues en 28 corridas (141 toros). Deux indultos, deux vueltas al ruedos à titre posthume en prime. Grosse saison !

Un Nuñez del Cuvillo (Photo Anthony Maurin).

Morante de la Puebla a concrétisé un rêve, celui de réaliser 100 paseos sur une saison. Pour redémarrer sa temporada, quoi de mieux qu’un triomphe quasi inespéré à Séville ? C’est ce qu’il a fait en coupant le rabo d’un toro de Garcigrande plus de 24 ans après sa première porte du Prince !

Morante de la Puebla (Photo Anthony Maurin).

Mais Nîmes n’est pas Séville et ici, il a tendance à ouvrir plus facilement la porte des Consuls… Cette fois, il refusera de sortir sur les épaules alors qu’il a coupé deux oreilles sur son premier toro. Un geste qui est celui d’un grand. Morante met le public immédiatement à la page, la sienne. Il embarque tout son beau monde dans une spirale positive dont lui seul a le secret. Les arènes sont à lui et à gauche le toro est baladé dans des songes inouïs. Morante ne fait qu’un avec son opposant qu’il a compris tout de suite. Pour conclure ? Une estocade à l’encuentro pour le plus grand bonheur des amateurs du genre ! Les arènes se soulèvent, le tumulte descend jusqu’en piste et les deux mouchoirs blancs tombent comme un seul homme.

Morante de la Puebla (Photo Anthony Maurin).

Évidemment avec Morante c’est souvent sur un toro que cela se joue. Habituellement le second. Là, avec deux oreilles dans son escarcelle et un opposant peu joueur, le maestro essaie de bricoler pour faire voir à son public qu’il n’est pas venu braquer la banque mais, compréhensif, il le laisse bazarder rapidement la chose, heureux qu’il est d’avoir pu voir Morante dans de bonnes dispositions. salut.

Jose Maria Manzanares (Photo Anthony Maurin).

Jose Maria Manzanares est quant à lui dans un moment un peu trouble de sa carrière et ce moment commence à s’éterniser dans le temps. De manière générale il torée une quarantaine de courses par an mais ne marque plus franchement les esprits. Vous l’aurez compris, la course débute bien et ce deuxième toro semble opérationnel pour un Manzanres en quête de fraîcheur. Comme Morante sur le premier, c’est à gauche que tout se joue mais pas longtemps. Le toro est plus complexe et transmet moins, une oreille grâce à une belle épée.

Jose Maria Manzanares (Photo Anthony Maurin).

Mettons d’emblée les choses au point. Une pétition n’est majoritaire que si l’on voit s’agiter des mouchoirs blancs dans les arènes. Si l’on en voit plus que la moitié des personnes en présence, le palco peut donner une oreille, celle du public. Si le palco juge au contraire que la pétition est minoritaire, il peut ne pas donner d’oreille. Dans le cas présent, le palco a très justement refusé d’octroyer un trophée à Manzanares à l’issue de son second duel. Au lieu de s’égosiller, les aficionados devraient simplement revenir à quelque chose de plus simple, agiter un mouchoir s’ils jugent la performance qu’ils viennent de voir satisfaisante pour récompenser les acteurs.

Mais pour le coup, Manzanares repartira à pied après avoir salué à l’issue de son second combat. Le public aurait pu lui demander de faire la vuelta ! Mais non. Bizarre. Bref tout ça pour dire que sa faena, moins dense, moins léchée et moins réfléchie mais plus poderosa que la première n’a pas touché le public comme il l’escomptait. Salut.

Les genoux vissés en terre pour Alejandro Talavante (Photo Anthony Maurin).

Dernier en piste, Alejandro Talavante. Voilà un cartel qui avait du chien ! Celui qui s’était présenté de novillero une semaine avant son alternative est devenu un grand parmi les grands. Même s’il est inégal, Talavante est spécial. Il y a un an il revenait à Nîmes pour sortir des arènes a hombros après avoir coupé deux belles oreilles. Autant le dire, il ne rééditera pas cette performance même s’il aurait pu (dû) couper une belle oreille à son premier. Faute aux aciers, défection d’un public encore sous le coup de l’émotion ? Pourtant Talavante a une nouvelle fois montré son savoir-faire, son savoir-être et son savoir tout simplement. Quel torero ! On le reconnaît au premier muletazo, son toreo est empreint de générosité timide, d’efficacité maladroite. Une personnalité qu’il n’a pas de mal à gommer pour emprunter à Luque ses passes à la muleta sans l’épée dans la main droite avec lesquelles il achève une faena rondement menée. Salut après un pinchazo, on a connu ce public plus généreux, notamment avec les artistes.

Alejandro Talavante (Photo Anthony Maurin).

Pour finir, une ultime chance. Un toro melocoton sort du toril, les arènes reprennent vie après deux duels plus fades. Le dernier de la course peut dynamiter la soirée ! Encore une fois dans les bons terrains mais discret dans sa manière d se montrer, Talavante ne jouera des coudes qu’en fin de duel pour ne pas repartir bredouille. Face à son premier toro, très agréable, il a toréé. Face à celui-là, sans forces et avec peu de moral, c’est une autre mayonnaise mais le palco fait tout de même tomber le mouchoir et « offre » son oreille méritée à Talavante qui tuera en trois envois.

La sortie humble d'un Morante de la Puebla ravi d'avoir coupé deux oreilles à Nîmes (Photo Anthony Maurin).

Morante, sourire aux lèvres (Photo Anthony Maurin).

Anthony Maurin

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