Publié il y a 1 an - Mise à jour le 13.02.2023 - Anthony Maurin - 4 min  - vu 1253 fois

NÎMES Fouilles à l'amphithéâtre, les découvertes se poursuivent (1/4)

Marc Célié et Richard Pellé (Photo Anthony Maurin).

Quatre articles pour rendre compte d’une conférence de presse organisée au Musée de la romanité avec Marc Célié et Richard Pellé, deux archéologues spécialistes de l’amphithéâtre de Nîmes (1/4).

L’archéologie est au service des arènes de Nîmes, de l’étude à la restitution de cet amphithéâtre qui n’est autre que le mieux conservé de l’empire romain. Tel était le propos que devait tenir un spécialiste, archéologue et bien connu des Nîmois, Richard Pellé, responsable scientifique des récentes fouilles de l’édifice. Il était accompagné de Marc Celié, lui aussi célèbre pour ses travaux sur la cité des Antonin.

Autant dire qu’une conférence avec Richard Pellé, responsable de recherches archéologiques et Marc Celié, ingénieur de recherches, ça valait le coup de tenter sa chance.

La conférence avait lieu dans l'auditorium du Musée de la Romanité (Photo Anthony Maurin).

Depuis 20 ans, mandatés par la Ville de Nîmes, les experts de l'Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP), mobilisent leurs compétences pour renouveler et enrichir les connaissances sur l'amphithéâtre de la Nemausus d’alors, notre ancienne Nîmes si vous préférez.

Un travail en collaboration

Depuis 2017 et une convention signée, les archéologues suivent pleinement le chantier de restauration des arènes. "Il y en a encore pour une quinzaine d’années" selon Marc Célié. Fouilles archéologiques, études de bâti, relevés topographiques, sont autant d'activités réalisées chaque année dans le cadre de la restauration du monument. Tout cela, bien sûr, et plus encore.

Fruit d'une collaboration avec Jean-Claude Golvin, la documentation scientifique produite par les archéologues a d’ailleurs permis d'illustrer une restitution de la trame urbaine de la cité de Nemausus et un fidèle reconstitution de l'amphithéâtre à l'époque antique en dévoilant les coulisses du chantier de sa construction.

Jean-Claude Golvin expliquant sa démarche de création (Photo Archives Anthony Maurin).

Ces travaux mutualisés ont donc abouti sur la sublime exposition temporaire actuellement en cours au Musée de la romanité (à voir jusqu’au 5 mars). En deux parties, l’exposition fait voyager son public dans les rues de Nemausus via une promenade précise, mais elle fait également connaître les ressorts de la construction de l’amphithéâtre avec l’immense chantier qui va avec.

En dehors de la coquille visible et majestueuse, parlons d’emblée d’une chose assez discrète dans l’exposition de Golvin mais dont les Nîmois se font un plaisir d’imaginer les secrets qui l'accompagnent, la salle cruciforme. Ici, vous verrez un état de la Nemausus du milieu du deuxième siècle de notre ère, période de l’apogée de la cité locale et de Rome elle-même.

Des travaux salvateurs

Commandée par la Ville de Nîmes, sous le contrôle du Service régional de l’archéologie (SRA à la DRAC Occitanie), la fouille archéologique de la salle cruciforme, située sous l’arène et en forme de croix comme son nom l’indique, dévoile ses dernières découvertes en date. Financée par la Ville et la Région, cette campagne est inscrite dans le cadre du chantier de restauration des arènes, entrepris par la Ville depuis plus de 10 ans.

Marc Célié et Richard Pellé (Photo Anthony Maurin).

Les travaux de restauration engagés sur l’amphithéâtre depuis un peu plus d’une décennie ont permis d’avoir une connaissance plus approfondie du monument, sur son chantier de construction, son vécu et ses transformations. Des découvertes, parfois anciennes, mais jamais pleinement étudiées, ont été (re)mises au jour et seront présentées lors de cette conférence (crampons en bois, signalétique, mise en œuvre...) et de nombreuses données nouvelles ont surgi et sont actuellement analysées et étudiées (datation, progression et évolution du chantier de construction, ornementation, techniques métallurgiques...).

Protomé, le fronton de la travée 60

Le protomé est le fronton de la travée prestigieuse des arènes, la porte d’honneur qui est donc surélevée d’un petit triangle en pierre, un fronton. C’est de cette arche que sortent deux avant-corps de taureaux. Face au restaurant le Lisita pour celles et ceux qui ne les auraient pas remarqués. "En plus des encastrements au sol dans l’angle des piliers, au premier étage, nous avons vu deux tablettes porteuses. Sur cette surface libre, un rectangle se dessine. Il y avait 12 trous d’agrafes, un trou de passe et un trou de goujon au centre et cela accueillait un socle. À l’époque, il devait y avoir un décor dans le fronton fixé par les agrafes, mais aussi des statues aux angles de la porte, donc il devait y avoir des statues car c’était la porte majeure de l’édifice, là où rentraient les élites !"

La porte d'honneur des arènes (Photo Anthony Maurin).

Derrière la statue qui ornait le centre de l’arche du premier niveau de cette porte devait se trouver une cloison avec des grilles. Il faut dire que ce balcon était aussi une sorte de loge. Lors de la réfection du Parvis en 2004, avant le béton actuel, des sondages ont été effectués. "On s’est aperçus qu’il y avait de part et d’autre de cette porte d’honneur, trois arches de chaque côté et à chaque angle de ces piliers, que les blocs de pierre avaient été enfoncés verticalement. J’ai interprété ça comme des socles pouvant recevoir quelque chose au-dessus. Coincés dans les angles, ces carrés de 60 centimètres de côtés, ne pouvaient accueillir que des statues ou des colonnes."

Et sous le béton du parvis des arènes ?

Les anciens se remémoreront avec une certaine nostalgie la porte romaine visible, la pelouse qui l’environnait et le bout de muraille qui filait vers ce qui est aujourd’hui le Musée de la romanité (vous la retrouverez dans les jardins archéologiques de ce même musée).

"Vous pouvez voir leur dessin au sol. C'étaient les deux tours de l’amphithéâtre. Une était barlongue, en forme de U." Il y avait aussi une poterne qui était proche du palais de justice et une autre qui échappe à la sagacité des archéologues. "Entre le Parvis et le musée, il y a une route et nous ne sommes pas allés voir dessous… On ne peut rien y faire !"

Anthony Maurin

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