NÎMES Jean-Claude Golvin fera revivre Nemausus
Peut-on faire le portrait de Nîmes telle qu'elle était à l’Antiquité ? Peut-on lui redonner vie avec son environnement, ses monuments, ses rues, ses habitants ? C'est le but avoué de la prochaine exposition temporaire du Musée de la romanité. Avec le trait de Jean-Claude Golvin, Nemausus va renaître du 8 décembre au 5 mars grâce à son travail nommé "Dévoiler Nemausus. Jean-Claude Golvin, un architecte et des archéologues."
L'exposition approche et on en sait plus sur ce qu'elle proposera et comment elle le proposera. Le travail de Golvin, ses idées, les outils employés, la scénographie, l'accrochage... Grâce à lui, les visiteurs pourront revivre une époque révolue. Permettre ainsi aux publics de se projeter à travers le temps et de plonger dans une Antiquité restituée tout en respectant scrupuleusement les données et les hypothèses scientifiques, c'est le défi auquel Jean-Claude Golvin a consacré une grande partie de sa vie.
Architecte et archéologue, ancien directeur du centre franco-égyptien d’étude et de restauration des temples de Karnak à Louxor, il est le premier spécialiste au monde de la restitution par l'image des grands sites de l'Antiquité. Ses aquarelles illustrent une foule d'ouvrages historiques, spécialisés et grand public et sont utilisées en outre par les industries de l'audiovisuel et du jeu vidéo pour leur puissance d'évocation et leur exactitude.
Golvin et Nîmes
La ville de Nîmes entretient avec Jean-Claude Golvin une histoire vieille de plusieurs décennies et, à l'occasion du grand chantier de restauration des Arènes, elle lui a demandé de créer 13 nouvelles aquarelles représentant le chantier de construction de l'amphithéâtre. Ces nouvelles œuvres seront présentées à côté de nombreuses restitutions des monuments de Nemausus - la Nîmes antique - et d'amphithéâtres du monde romain, complétés par certains de ses travaux pour le jeu vidéo. L'exposition proposée par le Musée de la romanité et le service valorisation et diffusion des patrimoines de la ville de Nîmes est une invitation à découvrir le parcours et l'œuvre singulière de ce chercheur qui restitue ses travaux par l’image.
Golvin est né à Sfax, en Tunisie, le 18 décembre 1942. Tout au long de son enfance, en Tunisie et en Algérie, il évolue dans un univers rempli d'objets traditionnels et de sites antiques. Entouré d'intellectuels passionnés, son intérêt pour l'archéologie va ainsi se développer naturellement. Pendant 11 ans, il dirige le centre franco-égyptien d'étude et de restauration des temples de Karnak à Louxor et la Mission permanente du CNRS à Karnak. C'est en 1989 qu'il réalise son premier dessin de restitution du site de Karnak (Égypte) à l'aquarelle. Suivrons une série d'aquarelles représentant les différentes phases de construction de l'amphithéâtre d'El-Jem en Tunisie ainsi que les types d'amphithéâtres qui ont été construits à Rome jusqu'à la réalisation du Colisée. Pendant plus de 30 ans, Jean-Claude Golvin a restitué plus de 500 monuments et sites de par le monde, soit un nombre incalculable de dessins, esquisses et aquarelles salués pour leur rigueur scientifique et leur beauté formelle...
Pourquoi Nîmes ?
En arrivant depuis la route de l'Espagne, le voyageur antique se dirigeait vers Nîmes en empruntant la via Domitia. Progressant vers le nord, il pouvait voir la ville se dessiner lentement dans le lointain, protégée derrière son enceinte, symbole de puissance et de prestige... La topographie du territoire de la cité antique, les limites de la ville romaine, l’architecture des édifices publics ainsi que les grandes lignes de la trame urbaine avec ses habitations sont aujourd'hui bien connues par l'archéologie.
Restitution de la ville romaine vue à vol d'oiseau, mais également du sanctuaire de la Fontaine, de la tour Magne, du temple de Diane, du forum avec la Maison Carrée et du castellum aquae.. Dans le cadre de ses collaborations avec la ville de Nîmes et l'Inrap, Jean-Claude Golvin a consacré nombre de ses œuvres à représenter Nemausus, proposant ainsi une synthèse visuelle des connaissances sur Nîmes romaine.
Golvin et l’amphithéâtre romain
C'est le Colisée de Rome qui sert de modèle à tous les amphithéâtres bâtis ensuite dans les villes qui avaient les moyens de se doter d'un tel monument. C'est le cas notamment de Nîmes, Arles et El Jem... L'amphithéâtre tient une place particulière dans l'oeuvre de Jean-Claude Golvin. Dans le prolongement de la thèse qu'il leur consacra, ses dessins redonnent vie à ces colosses de pierre tout en rendant palpable la complexité de leur architecture.
Depuis 2009 l'amphithéâtre de Nimes fait l'objet d'une très importante campagne de restauration. Une étude archéologique conduite par les archéologues de l'inrap se déroule en parallèle. Ces études ont permis d'identifier les phases de construction du monument, de comprendre l'organisation du chantier et d'attester l'utilisation de plusieurs procédés techniques. Jean-Claude Golvin, avec les archéologues de l'inrap, a pu restituer plusieurs hypothèses solides répondant aux problèmes concrets d'un tel chantier tant du point de vue de l'architecture, que de l'organisation du travail. À travers treize planches dédiées, il décrit les étapes et les caractéristiques du chantier.
Jean-Claude Golvin et le jeu video
La plupart des aquarelles de Jean-Claude Golvin s'inscrivent dans le cadre d'une démonstration scientifique ou didactique. En collaborant avec Ubisoft, Jean-Claude Golvin est entré dans un univers différent. Ici, ses dessins s'animent pour servir de décor virtuel au célèbre jeu Assassin's Creed®.
Assassins Creed ® est une série de jeux vidéo d'action qui plonge le joueur dans différentes époques historiques. Afin de garantir aux utilisateurs un cadre de jeu crédible, Ubisoft collabore avec historiens et archéologues. Pour Assassin's Creed Origins®, dont l'action se déroule à l'époque du pharaon Ptolémée XIII, Jean-Claude Golvin a dessiné une série d'aquarelles restituant paysages et sites de l'Égypte antique. En investissant l'univers du divertissement, Jean-Claude Golvin affirme sa volonté de transmettre au plus grand nombre le fruit de plusieurs décennies de recherches.
Scénographie, montage et accrochage
La ville de Nemausus et ses espaces prendront corps au travers de volumes légers, laissant voir distinctement les structures de bois, comme autant de tuteurs ou échafaudages qui construisent un décor aussi concret que virtuel. Le hors champ, l'imbrication des volumes, évoquent le travail du temps et des hommes ainsi que la notion d'élaboration, de chantier, d'édification. Comme sous les traits d'un crayon, les contours d'une ville prennent de la hauteur et dessinent un espace praticable. Les échafaudages sont ici structurels et à dimension poétique, évocatrice et non réalistes.
Leur stylisation, à la manière d'un langage filaire, digne d'une esquisse sur papier calque, est un support à l'imaginaire et un fil conducteur, évoquant tout à la fois espaces privés, espaces publics, rues, artères, monuments, amphithéâtre. En effet dans cet espace total, fluide et confortable, adapté à une forte fréquentation et aux groupes de visites, Nemausus se révèle. Nîmes est au cœur de cette installation, dans le plan du dispositif et dans ces éléments identitaires.
Les coulisses d'une exposition, c'est une multiplicité de métiers s'activant avant le jour J pour offrir aux publics une expérience esthétique, intellectuelle et émotionnelle la plus riche possible. Outre le commissariat d'exposition, ce sont tous les acteurs de la scénographie, du mobilier, de la lumière, du graphisme, de l'audiovisuel et du multimédia qui ouvrent de concert pour composer et construire le parcours de visite... Le but de la manoeuvre est de lever, ici et en images, un petit coin de voile sur ces industrieuses coulisses.