Publié il y a 1 an - Mise à jour le 06.04.2023 - Yannick Pons - 3 min  - vu 1148 fois

NÎMES L'étoile marocaine Rachid El Ouali présente un film humaniste au cinéma CGR

Rachid El Ouali au cinéma CGR de Nîmes

- Yannick Pons

En plein Ramadan, Rachid El Ouali, star marocaine du cinéma et de la télévision, a présenté ce vendredi en avant-première son troisième long-métrage « Coup de tampon », au cinéma CGR de Nîmes après une visite à Alès.

Acteur de théâtre, Rachid El Ouali est devenu célèbre dans le Maghreb comme présentateur de télévision avec l’émission « La mariée » puis « Man sayarbah al malyon » (Qui veut gagner des millions) projeté en Mauritanie, Lybie, Tunisie, Algérie et Maroc. Après 20 ans de carrière d’acteur, il a commencé à réaliser des courts métrages puis des films Ymma (2015), Nouhe ne sait pas nager au sein de sa propre société de production Clap. "Je fais des films qui me ressemblent, qui sont très humains. Des réflexions autour de ma vie personnelle. C’est le premier film dans lequel je ne joue pas en tant qu’acteur », confie le cinéaste.

Coup de tonnerre

Le coup de tampon résonne comme un coup de tonnerre lorsque le héros apprend qu’il est condamné. Alors qu’il a vécu 40 ans en France, Larbi apprend qu'il lui reste trois mois à vivre.

Rachid El Ouali a présenté son film au cinéma CGR de Nîmes • Yannick Pons

Il exprime le souhait d’être enterré au Maroc, à Figuig son village natal. Le coup de tampon c’est celui que l’on apposait sur le corps de ces jeunes Marocains dans les années 60, afin de valider ou pas, un droit de venir travailler en France notamment ici dans les houillères du nord de la France.

Le clown triste

C’est la scène centrale du film. Larbi est grimé en clown et son ami juif Gilali annonce à l'assistance qu’il ne lui reste que trois mois à vivre. La scène est véritablement touchante. Larbi, Hamid Zoughi, devient le clown triste, son visage s’effondre au son de la mythique nonsense song de Charlie Chaplin (Les temps modernes) dont les paroles qui ne veulent rien dire cèdent la place à une dramatique terrible.

Larbi, le clown triste • Yannick Pons

Il souhaite être enterré dans son village natal afin que toute sa famille puisse venir le voir, visiter sa tombe. Il a promis à son épouse d’être enterré à côté d’elle. En partant il a donné de l’argent afin que l’on s’occupe de la tombe de celle-ci. La mort au Maroc est un sujet important, culturel avant d’être religieux.

La question de la mort

C’est un droit important pour les Marocains, et notamment le respect du mort. Selon Rachid El Ouali, la mort est un passage et le commencement d’autre chose. La tombe doit rester un havre de paix, le corps doit rester intègre, après l'accomplissement d'un rituel précis. "Il faut nous laisser mourir en paix, c’est important. Lorsque le cortège sort de la maison pour aller vers le cimetière, tout le monde sort de sa maison et salue le défunt. C’est une forme de respect pour les autres.

Rachid El Ouali au cinéma CGR de Nîmes • Yannick Pons

C’est la raison pour laquelle dans ma vie je dois faire le bien afin que l’on parle de moi quand je serai mort", explique le réalisateur. "Plus il y a de monde qui demande le pardon à Dieu lorsque ton cortège passe, plus tu auras de chance d’être pardonné là-haut", ajoute-t-il. Le corps doit être vêtu de blanc, nettoyé par un spécialiste. Une prière est dite avant que le mort ne soit mis en terre afin que le pardon lui soit accordé.

La vengeance c'est le chaos

Le pardon, à opposer à la haine, est un concept important pour Rachid El Ouali. La sagesse est fille du pardon. "C'est toi qui profites du pardon que tu donnes. Quand tu pardonnes, tu es en paix avec toi-même. Le Coran dit que si vous pardonnez c’est mieux pour vous, si vous en êtes conscients. C'est ainsi que tu deviens sage", confie Rachid El Ouali. Le réalisateur ne s'est jamais enfermé dans la haine et c'est ainsi qu'il est profondément charismatique. Les spectateurs Gardois ne s'y sont pas trompés et sont venus en nombre pour la première du film. "J’ai rencontré des gens qui n’avaient jamais mis les pieds au cinéma. Ils sont venus et nous avons partagé le ftor (heure de la rupture du jeûne, NDLR)", ajoute-t-il.

L'humanité dans le sang

Ses projets ? "Prisonnière à louer ". La plupart des gens qui entrent en prison, y retournent tôt ou tard, explique-t-il. Il reste convaincu que le châtiment carcéral n’aboutit à rien, voire au pire. "Ma réflexion, c’est imaginer une prison habitée par une seule femme. Les règles de la prison vont alors changer. Elle peut se maquiller, elle peut vivre mieux et sa sœur la rejoint. Elle est traitée avec humanité et cela change tout. Aujourd’hui on s’éloigne de plus en plus de ce concept. On n’est pas nés pour vivre seuls et sans humanité", conclut-il de son large sourire. Le film est à voir et revoir au CGR de Nîmes.

Yannick Pons

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