Ce samedi 24 juin était-il une ode à la lenteur ? Alors que la Fête de l'escargot - l'emblème du village - battait son plein à Cruviers-Lascours, un autre évènement tout aussi insolite animait les berges du Gardon d'Alès. Pour récolter des fonds, certaines associations misent sur l'organisation de lotos, de vide-greniers, ou encore de courses pédestres. En organisant pour la troisième fois une "Duck Race", concept inventé par des Canadiens, le Rotary Alès Cévennes s'est à nouveau démarqué.

Le principe demeurait identique : on "adopte" un ou plusieurs canards, qui rapporte un (gros) lot en cas de résultat favorable du volatile. Et le club organisateur reverse les fonds récoltés à une dizaine d'associations partenaires dont l'Union départementale des sapeurs-pompiers du Gard, les Amazones, les Guerrières, Solidarité Sénégal, Trisomie 21, les Coups de pouce de Bruno, les Fous chantants, l'Esat les Olivettes et l'institut médico-éducatif les Châtaigniers.

"Peut-être qu'en mode vibreur ils avanceraient plus vite"

Il était 11h30 tapantes lorsque 13 000 petits canards en plastique ont été mis à l'eau à l'aide d'une grue en contrebas du pont Vieux. Leur mission : arriver le plus vite possible plus de 400 mètres en aval où se trouvait la ligne d'arrivée, peu avant le pont-Neuf, à hauteur du ponton d'Alès Plage. Un problème : le sens du vent, contraire à celui de la course. "On l'aurait fait hier il y avait vent du nord c'était bon", commentait un bénévole. 

Ainsi, après un départ canon grâce au courant de la passe à poissons, l'allure des petits oiseaux aquatiques - en plastique - s'est considérablement réduite. Leur progression était même freinée par le vent, tandis que les plus fortes rafales les faisaient carrément reculer. Près de deux heures après le départ, la moitié d'un parcours digne d'une étape de plaine du Tour de France restait à avaler. "Peut-être qu'en mode vibreur ils avanceraient plus vite", suggérait Sandrine dans la section "commentaires" de l'une de nos vidéos Facebook.

Comme en juillet devant les cyclistes de la Grande Boucle, les quelques spectateurs disséminés sur les berges du Gardon pouvaient être tentés par une sieste. Ce à quoi n'ont pas eu droit les bénévoles du Rotary... Et pour cause, si aucun des 13 000 prétendants à la victoire n'a tenté de s'échapper en solitaire, d'autres se laissaient distancer en se prenant les pattes dans les feuillages du rivage. 

"Il est où le n°35 ? Vous avez vu le 35 ?"

Les bénévoles du Rotary se décidaient alors à sortir les pédalos, et la "voiture-balai" se chargeait de ramener le "grupetto". Mais, dès lors que les encadrants lâchaient la ligne d'eau avec laquelle ils rabattaient les palmipèdes, ces derniers se faisaient la malle. Un court instant, la menace d'une interruption de la course au profit d'un tirage au sort désignant les vainqueurs a plané. 

Mais en créant des vagues en faisant chavirer le pédalo de droite à gauche, tout en bénéficiant de l'aide précieuse de l'homme-grenouille (notre photo) qui s'époumonait pour dynamiser le peloton, la Duck Race a finalement pu aller à son terme. À l'approche de l'arrivée, alors qu'un sprint massif ne faisait plus aucun doute, le suspense demeurait entier. "Il est où le n°35 ? Vous avez vu le 35 ?", s'affolait une dame qui croyait dur comme fer à la victoire. 

À son grand regret, le "duck" n°11 592, maillot jaune, bec orange et sourire en coin, réglait le sprint en costaud plus de trois heures après le départ. Il offre à Isabelle Mallol, son acheteuse, le plus beau des 80 lots du jour : une voiturette Citroën Ami. À l'issue d'une petite heure de délibération qui nous tenait tous le bec dans l'eau, la victoire était officialisée après moult vérifications d'un huissier mandaté. Pour les membres du Rotary, lesquels envisagent d'organiser la prochaine édition en 2025, l'heure était au ramassage des canards égarés dans le Gardon. 

La course en images :