EXPRESSO Le Semiga et sa société d’entretien ne font plus bon ménage
Après un périple judiciaire, la société chargée d'entretenir les parties communes d’un part du patrimoine de la Semiga, SN Entretien et Services, accuse celle-ci de mettre en péril 32 emplois. La société d'économie mixte dément fermement.
Qui dit vrai ? Début octobre, un communiqué arrive dans la boîte mail de notre rédaction avec l’entête « QSE ». La marque commerciale de la société Entretien et Services qui nettoie, mais aussi, effectue des travaux de peinture et de menuiserie dans les espaces communs d’une partie des logements sociaux de la Semiga. Cette société d’économie mixte, financée principalement par le Conseil départemental, est présidée aujourd’hui par l’élue départementale du canton de Bagnols, Sylvie Nicolle.
Deux marchés distincts
Seulement voilà, en octobre 2023, la société est placée en redressement judiciaire. Elle est reprise par Alain Castay, un entrepreneur originaire des Landes, désireux de poursuivre ses investissements dans le secteur du nettoyage. En 2016, il créait Facilibot, spécialisé dans les robots de nettoyage. D’après ses dires, il aurait mis 250 000€ sur la table pour acheter le fonds de commerce avec, bien entendu, le transfert des contrats Semiga. Il rebaptise la société « Nouvelle société entretien et services ».
Le gérant fait le distinguo entre les deux marchés : « celui du nettoyage est exercé par la société depuis huit ans, à travers des bons de commandes, émis tous les trois mois ». Ce marché a rapporté en 2023 quelque 249 000€. C’est le service peinture et menuiserie qui constitue le plus gros du chiffre d'affaires, soit 600 000€ : « C’est aussi un marché annuel à bon de commande, mais d’une durée totale de quatre ans, renouvelable tous les ans. Chaque mois, c’est entre 60 000€ et 70 000€ de travaux qui sont demandés à la société. »
Nouvelle société entretien et services en cessation de paiement
Selon Alain Castay, « en juin, ces bons de commandes ont été arrêtés subitement… ». Aujourd’hui, il l’annonce : « La semaine dernière, Nouvelle société s'est déclaré en cessation de paiement. Les salariés ne sont plus payés depuis septembre ». L’aventure entrepreneuriale aura tourné court… Enfin, pas si court, puisque le gérant compte déposer plainte au tribunal de commerce pour « rupture abusive des relations commerciales » : « La Semiga n’a pas le droit d’interrompre ses bons de commande… Ça nous a tués avec 60 000€ en moins par mois… La Semiga a pourtant une mission d’intérêt public… Là, 32 personnes ne sont pas payées ! » ? Si la justice lui donne raison, l’entrepreneur espère récupérer ses 250 000€.
L’affaire ne lui profitant pas, Alain Castay veut aller plus loin. Il entend déposer une plainte au pénal pour « abus de favoritisme » concernant le marché du nettoyage : « Comment expliquer que, pendant huit ans, la Semiga ait fait des bons de commandes, tous les trois mois, sur 27 résidences à la Société entretien et services sans la moindre mise en concurrence… D’ailleurs, je vais envoyer un courrier à l’ANCOLS, l’Agence nationale du contrôle de logement social. »
Que dit la Semiga ?
Joint par nos soins, le secrétaire général de la Semiga, Thierry Bellamy, s’inscrit en faux : « Sur la prestation, il n’y a pas de problématique, j’insiste. À ce jour, le marché continue. Pas de problème et, quand bien même, si ce marché s’arrêterait demain (pour le nettoyage, NDLR), il y a des obligations légales à garder le personnel. » Même si le tribunal de commerce prononce la liquidation de Nouvelle société Entretien et Services ?
Le secrétaire général poursuit : « Du jour au lendemain, nous avons été mis dans l’embarras avec ce redressement judiciaire. De plus, la Société entretien et service a fait l’objet d’une plainte pour malversation et détournement de fonds. C’est compréhensible que la Semiga se mette en mode protection dans le cadre du respect des contrats. »