La nuit vient de tomber ce mercredi soir sur Nîmes. Sur la place de l'hôtel de Ville qui se vide peu à peu, une pièce reste éclairée à l'étage. C'est une salle de la mairie, un lieu où, d'ordinaire, sont célébrés les mariages. Mais ce mercredi, on joue à huis clos un nouvel épisode de la bataille Fournier-Lachaud.

L'ambiance est lourde. Les secousses du dernier conseil municipal et le retour fracassant du maire de Nîmes sont restés dans les mémoires et ont creusé un peu plus les failles de l'alliance municipale (Les Républicains-UDI). Ce mercredi, cette réunion de la majorité, presque anodine, porte sur la politique des transports de l'Agglo. Le président de Nîmes Métropole, Yvan Lachaud, est présent, accompagné de Jacky Raymond, fidèle parmi les fidèles. À la stupeur des Républicains, les autres élus centristes, pourtant invités, ont boycotté la rencontre… Ces derniers estiment qu'ils n'ont pas besoin d'explications complémentaires et veulent marquer leur mécontentement après la non-élection de leur collègue Nathalie Bousquet à l'Agglo. La pilule a été difficile à avaler. Certains s'étouffent encore comme cet élu qui balance, refaisant l'histoire : "On aurait dû la jouer à pile ou face".

Lachaud repartirait pour un tour !

Pile ou face, ce serait peut-être la bonne solution pour résoudre le choix cornélien du candidat de la droite aux législatives sur la 1ère circonscription ! Un territoire historiquement réservé aux centristes depuis les élections de Bousquet en 1988 et 1993, puis celles d'Yvan Lachaud en 2002 et 2007. Aujourd'hui président de l'Agglo, Yvan Lachaud ne devait pas repartir (Bousquet non plus), Nîmes Métropole étant plus susceptible de nourrir ses ambitions municipales. Lachaud sur la touche, Fournier a vu une formidable opportunité de placer son jeune et ambitieux poulain, Julien Plantier. Si l'adjoint aux sports est le protégé du sénateur-maire de Nîmes, il est loin - mais très loin - d'être le meilleur ami de Lachaud. Faut-il y voir un lien de cause à effet ? Apprenant la candidature de Plantier et surtout pour garder la circonscription dans le giron de l'UDI, Lachaud aurait changé d'avis et songerait désormais à repartir au combat.

Procida, le grand gagnant ? 

Ces querelles d'hommes - qui amusent la gauche, le front national et la galerie - ne vont pourtant pas mener bien loin. Parce qu'au final, qui décide ? Le national ! Et la partie va être serrée pour Jean-Paul Fournier qui aura la difficile mission de convaincre François Fillon - qu'il n'a pas soutenu lors des Primaires - de défendre son protégé. Mais dans le camp d'en face, Yvan Lachaud, qui avait perdu cette même élection en 2012, a-t-il vraiment intérêt à se lancer dans cette campagne ? Peut-il prendre le risque d'essuyer un échec à trois ans d'une municipale qui lui tient à cœur ? Enfin, est-il réellement prêt à lâcher la présidence de Nîmes Métropole (en raison du non-cumul des mandats) ?

En retrait de ces chicayas, il y a un quatrième protagoniste, Thierry Procida. Proche d'Yvan Lachaud et tout aussi proche de Christophe Lagarde, le président de l'UDI qui aura son mot à dire sur cette 1ère circonscription, Thierry Procida pourrait bien rafler la mise au nez et à la barbe des Républicains. Finalement, à droite, quand on ne veut pas jouer à pile ou face, ça se finit au poker.

Tony Duret & Coralie Mollaret