Publié il y a 5 jours - Mise à jour le 12.09.2024 - Coralie Mollaret - 3 min  - vu 823 fois

FAIT DU SOIR Après sa relaxe, Franck Proust en piste pour les municipales

L’affaire de la Senim était une épée de Damoclès au-dessus de la tête de Franck Proust. Avec sa relaxe prononcée par la cour d'appel de Montpellier, cet après-midi, le président LR de Nîmes métropole a désormais le champ libre pour les prochaines municipales nîmoises. 

La mine grave, le visage serré, Franck Proust arrive à la cour d’appel de Montpellier, ce jeudi peu avant 14 heures. Comme à son habitude, son frère, James, l’accompagne. Il y a également ses avocats et son directeur de cabinet à Nîmes métropole, Bernard Beaumelou. Le collaborateur porte un costume beige, une couleur qui tranche, presque de façon surprenante, avec les robes noires des avocats et le costume sombre de Franck Proust. À la mention de son affaire, le Nîmois se lève, va à la barre. Que pense-t-il à cet instant ?

« Monsieur, vous êtes relaxé » 

Cette affaire de la Senim est vieille de 18 ans. C'est une épée de Damoclès sur la tête du président de Nïmes métropole qui ambitionne de briguer les prochaines municipales nîmoises. Aux Européennes 2019, cette affaire lui a fait perdre quelques places sur la liste LR, entraînant son éviction du Parlement européen. Ces deux dernières années, cette affaire politico-judiciaire a connu plusieurs rebondissements, notamment en 2022, lors de sa condamnation pour trafic d'influence par la cour d'appel de Nîmes.

La peine est lourde : 12 mois de prison avec sursis, 15 000 euros d'amende et surtout, 5 ans d'inéligibilité. Il lui a été reproché d’avoir favorisé un promoteur, Jean-Luc Colonna d'Istria, en échange de la location d’un local de campagne. Son pourvoi en cassation casse ce jugement et renvoie le dossier devant la cour d'appel de Montpellier. Élu depuis plus de 30 ans, son avenir politique et, quelque part personnel, est suspendu à la décision des juges héraultais. 

Le suspense est de courte durée : « Monsieur, vous êtes relaxé », lance le président. Franck Proust sort calmement de la salle d’audience. C'est dans le couloir qu'il attrape son frère dans ses bras, puis s’assoit sur un banc, la tête entre ses mains. Le Nîmois y reste quelques secondes avant de quitter le palais de justice. Pas de réaction officielle, juste officieuse et qu'il a déjà évoqué tout au long de son périple judiciaire : « C’est une histoire de plus de 20 ans qui a fait beaucoup de mal à ma famille... »

Sur les marches du tribunal, Me Barnier, l'avocat de Jean-Luc Colonna d'Istria, prend la parole : « La justice a été beaucoup trop lente dans cette affaire ! C’est irréel, certains faits datent de 20 ans ! On va regarder de très près ce que l’on peut faire… Parce qu'on nous a souvent parlé d’action en responsabilité contre l’État pour des délais anormaux de jugement. » À la lecture du jugement, non seulement Franck Proust est relaxé sur la forme, mais aussi sur le fond. Concernant le fameux local de campagne, loué par le promoteur avant la période où les faits sont jugés, la cour estime qu'il n'était « pas de nature à permettre de caractériser un délit de trafic d'influence ». 

La messe est dite. Même si l’avocat de l’association Anticor, Me Fernandez, ne digère pas l'hostie : « La cour de Montpellier acte la bérézina judiciaire. Entre le moment où la Chambre régionale des comptes révèle les faits, 70 % des actes sont prescrits. Par la suite, les policiers n’ont pas fait les investigations nécessaires. Ils ont fait preuve d’une extrême indulgence lors des auditions… Certains juges d’instruction n’ont fait aucun acte d’instruction pendant trois ans. Tout a été fait dans ce dossier pour que certains faits soient prescrits. » 

Et maintenant, Nîmes ? 

Franck Proust rentre blanchi à Nîmes. « Il va falloir sortir l’épée et aller droit aux municipales », se tient prêt un adjoint nîmois. « Ce n'est que justice pour un homme qui a toujours donné de sa personne pour la Ville et son parti Les Républicains. Il a toujours été d'une fidélité absolue », commente Frédéric Touzellier. Faut-il voir dans cette déclaration une pique contre l'un de leurs camarades, le premier adjoint de Nîmes, Julien Plantier, qui a quitté le parti pour y revenir ensuite ?  Lui aussi nourrit des ambitions pour les municipales. Il déclare être ravi pour son « collègue » : « Cela permet de mettre un terme aux attaques qu’il a subies depuis tant d’années et qui pouvaient entacher l’action municipale. » Une réaction officielle qui tranche, certains l'ont remarqué, avec les témoignages d’amitié que Franck Proust a reçus. 

Coralie Mollaret

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