LE VRAI MÉTIER DES ÉLUS Françoise Dumas, du social à la politique
Nombre d’assistantes sociales intègrent le monde politique, comme si défendre "la veuve et l’orphelin" y conduisait presque naturellement. Un exemple de plus avec la députée La République en marche de la première circonscription du Gard, Françoise Dumas.
Toujours tirée à quatre épingles et parfois réservée avec ses interlocuteurs, qui pourrait croire que derrière Françoise Dumas se cache une assistante sociale ? « J’ai toujours voulu faire ce métier, particulièrement dans le service de l’aide sociale à l’enfance.» Discrète sur les cas rencontrés, la Nîmoise l’assure : « C’est le service où l’on retrouve les pires situations. Notamment des enfants maltraités qui nous sont confiés sur décision de justice. »
« Changer les choses »
Sa carrière débute en 1986 au Conseil départemental du Gard avec un mi-temps entre Nîmes et Bagnols. « Quand on est assistante sociale, on veut changer les choses », se souvient l’idéaliste. Dans la foulée de la loi Veil sur la dépénalisation de l’IVG (Interruption volontaire de grossesse), Françoise Dumas est chargée de réaliser l’entretien social obligatoire avant l’avortement : « J’étais volontaire pour réaliser ces entretiens et je m’occupais aussi des procès-verbaux en cas d’abandon d’enfant. »
Après huit ans de carrière, Françoise Dumas raccroche. Mère de deux enfants, « il y avait des choses que je n’étais plus capable de faire… Et, malgré mon investissement, j’avais l’impression que rien ne changeait. » L’ambitieuse ne baisse pas les bras pour autant. Elle prend du galon, en décrochant en 1994 le concours d’attaché territorial : « En devenant chef du service, je pensais là-aussi pouvoir changer les choses. » À son crédit, elle évoque « la création d’une nurserie à la prison de Nîmes pour permettre aux femmes enceintes de garder leur enfant les premiers mois. »
Au cabinet de Damien Alary
Quelques années plus tard, Françoise Dumas éprouve encore le besoin d’évoluer professionnellement. Cette fois, elle souhaite entrer au cabinet du président socialiste du Conseil départemental, Damien Alary, pour le conseiller sur la politique de l’aide sociale à l’enfance. La politique, Françoise Dumas n’y a jamais été étrangère. Son père, protestant et partisan d’une Droite modérée, fût le premier adjoint de la mairie de Fons-Outre-Gardon.
La Nîmoise, préfère, elle, le socialisme. Grâce à son oncle et conseiller départemental PS, William Dumas, l’assistante sociale devient conseillère du président Alary en 2001 et intégrera en 2008 le bailleur social Habitat du Gard, dans lequel elle dirigera le service de la gestion locative. En 2007, Françoise Dumas se lance dans la bataille des Législatives face au candidat de droite, Yvan Lachaud. Elle ne le battra qu'en 2012 et sera réélue en 2017 sous les couleurs d’En Marche.
Et après ?
À l’Assemblée nationale, Françoise Dumas œuvre d'abord dans son domaine de prédilection avec la loi Protection de l’enfant, puis se penche sur d'autres domaines. Aujourd’hui présidente de la prestigieuse commission Défense, Françoise Dumas a évolué. Elle entretient d’ailleurs le mystère sur son avenir...
Continuera-t-elle la politique ou s’orientera-t-elle vers un nouveau parcours professionnel ? « Moi, je me vois bien reprendre une vie professionnelle dans le conseil aux collectivités ou en aidant les femmes et les jeunes en politique », confie l’élue. Comme si en aidant les autres, c’est un peu elle-même que Françoise Dumas aidait.
Coralie Mollaret