BAGNOLS/CÈZE Urgences, scanner... quels sont les défis de 2024 pour le centre hospitalier ?
Jean-Philippe Sajus, directeur du centre hospitalier de Bagnols-sur-Cèze, a présenté ses vœux après une année "paradoxale" marquée par la reprise de l'activité hospitalière suite à la crise sanitaire, mais aussi par de nouvelles difficultés. Notamment les régulations fréquentes des urgences.
Depuis l'application de la loi Rist - qui plafonne l'intérim médical - et donc faute de professionnels de santé en nombre suffisant, le service des urgences de Bagnols-sur-Cèze subit régulièrement des régulations. "Les remplaçants, avec qui on travaillait beaucoup, ne sont plus là. On a 5 équivalents temps plein dans le service pour un objectif-cible à 13,8", avance Pierre Kovalevsky, président de la CME (Commission médicale d'établissement).
Jean-Philippe Sajus insiste : régulation ne signifie pas que les urgences sont fermées mais "qu'il y a un filtrage". Le centre 15 oriente les patients qui appellent en fonction de la gravité de leurs symptômes mais bien sûr les vraies urgences sont prises en charge jour et nuit. La maternité est ouverte 24/24h, le bloc opératoire est assuré. Chaque régulation est relayée par la presse locale.
La situation bagnolaise est loin d'être un cas isolé. "57 % des services d'urgence français ont dû réduire la voilure", chiffre Pierre Kovalevsky. Mais que faire pour améliorer cette situation qui dure depuis plusieurs mois ? Un travail est mené avec le GHT (Groupement hospitalier de territoire) pour mettre en commun les forces vives et trouver une solution pour renforcer le site de Bagnols et aussi d'Alès. "L'idée, c'est de créer une équipe médicale d'urgence sur le Gard. Je ne suis pas d'un optimisme forcené sur cette question. Les premières discussions avec le CHU, j'espère nous permettrons de sortir de cette impasse", indique le directeur du centre hospitalier bagnolais qui remercie les personnels qui ont fait preuve de résilience. Malgré tout, "la situation est loin d'être satisfaisante", reconnaît-il.
"On aura donc 2 IRM et 3 scanners à la fin de l'année 2024"
Mais le tableau n'est pas tout noir. Le centre hospitalier a atteint la note très satisfaisante de 97,6 % lors de sa certification auprès de la Haute autorité de santé. Autre bonne nouvelle, l'établissement a obtenu l'autorisation pour un 3e scanner, "ce qui complètera un plateau imagerie assez exceptionnel sur Bagnols. On aura donc 2 IRM et 3 scanners à la fin de l'année 2024", tonne Jean-Philippe Sajus. L'intelligence artificielle sera étroitement liée à cette nouvelle implantation : "Cela permettra une plus grande disponibilité d'accès sur le territoire qui compte 150 000 habitants du Gard et des départements limitrophes. On aura aussi une image de meilleure qualité, d'une plus grande précision."
En octobre 2023, le feu vert a été donné pour le permis de construire pour rénover les urgences. Les travaux devraient être engagés au second semestre 2024. Aux yeux du directeur, il s'agit d'une "opération essentielle dans l'organisation des soins et qui devrait améliorer la prise en charge, avec 6 millions d'euros de budget." Au départ configurées pour prendre en charge 20 000 passages par an, les urgences bagnolaises en comptabilisent 30 000 aujourd'hui.
Le centre hospitalier fête ses 50 ans cette année
L'autre défi qui se dresse devant le centre hospitalier bagnolais, c'est comment prendre en charge une population vieillissante, qui souffre de maladies chroniques et qui a dû mal à trouver des médecins généralistes : "On a des phénomènes de saturation (...) Il faut donc repenser notre organisation. Depuis janvier 2024, on a ouvert 10 lits supplémentaires de court séjour gériatrique et les premiers effets se sont faits sentir, même si ça ne suffit pas."
Créé en 1974 dans une ville à la démographie galopante, le centre hospitalier tel qu'on le connaît fêtera ses 50 ans cette année. "On organisera une journée spéciale dans le dernier trimestre 2024", glisse Jean-Philippe Sajus. L'établissement de santé doit faire face à d'autres évolutions en 2024, notamment aux nouveaux habitants qui s'installent dans la ville et bientôt aux nouveaux afflux de population que génèrera l'ère "Marcoule II, où on va implanter un petit réacteur", lâche Jean-Yves Chapelet, le maire. En conclusion, Pierre Kovalevsky avance : "En dépit de la démographie médicale préoccupante, notre hôpital conserve son attractivité avec la nominations de 10 nouveaux personnels hospitaliers en 2023."
Lors de cette cérémonie de vœux du centre hospitalier de Bagnols-sur-Cèze, a aussi été évoqué le sujet du centre de rééducation de Lagaraud. Vous pouvez relire l'article : www.objectifgard.com/sante/bagnolsceze-quel-avenir-pour-le-centre-de-reeducation-du-gard-rhodanien-121726.php