ÉDITORIAL Médecins au bord de la crise de nerfs réclament plus d'argent
Allo docteur ? Il n'y a plus personne au bout de fil ! Normal, les médecins libéraux sont en grève depuis plusieurs semaines. Ils réclament en vain le doublement du tarif de la consultation, de 25 à 50 euros, ou encore des mesures incitatives pour réduire les déserts médicaux.
La grève des médecins libéraux, lancée au lendemain de Noël, se poursuit ce jeudi. Cette fois dans les rues parisiennes. En tête du cortège, le collectif Médecins pour demain qui ne veut pas subir comme ses ainés une passion terrible. Travailleurs passionnés si ce n'est acharnés, les jeunes docteurs refusent de se laisser dicter la marche à suivre par un exécutif déconnecté des réalités du terrain selon eux. Toujours selon ce collectif, les médecins travailleraient en moyenne 55 heures par semaine et plus de 20 % du temps de travail serait dévolu à des tâches administratives et à la gestion du cabinet. Les conséquences seraient désastreuses avec un médecin sur deux qui souffrirait d'épuisement professionnel et, pire, même d'un taux de suicide dans la profession 2,6 fois supérieure au reste de la population. Une souffrance, un véritable danger quand on sait que ces mêmes médecins sont là pour soigner les autres, quelquefois dans des situations d'urgence. L'une des solutions phares des blouses blanches en colère : faire rentrer plus d'argent dans la caisse. D'autant que les charges s'alourdissent entre la location de locaux aux normes, l'acquisition du matériel, l'embauche de personnel pour libérer du temps médical. Ils en demandent donc le double. De 25 à 50 euros par acte. Mais comment faire ? L'État ne peut raisonnablement pas répondre favorablement à une telle demande ! Comment faire accepter à la population une telle augmentation alors que l'on peut ne pas dire que les médecins soient la profession la plus précaire ? Et quand dans le même temps le salaire minimum en France a augmenté de seulement 1,81 % au 1er janvier 2023... Ils seront en tout cas reçus ce jeudi au ministère de la Santé. En sus de la revendication phare, ils souhaitent aussi mettre sur la table la revalorisation des consultations dans les spécialités. Ou encore, la généralisation de la téléconsultation, voire des pénalités pour les rendez-vous non honorés par les malades. Enfin, des décisions claires et efficaces en faveur de l'installation de médecins dans les déserts médicaux. Pas sûr que tout ce beau monde soit sur la même longueur d'onde quand on sait que le ministre François Braun avait fermement condamné la fermeture des cabinets à Noël... Cette semaine encore, c'est la Première ministre qui avait tapé du poing sur la table. Considérant que cette grève n’était « vraiment pas responsable ». Quelque chose nous dit qu'il serait pas du luxe de rester en bonne santé les prochains mois...