Publié il y a 2 jours - Mise à jour le 10.04.2025 - Corentin Dimanche et Coralie Mollaret - 4 min  - vu 503 fois

FAIT DU JOUR Carole Delga persiste dans son combat pour l'accès aux soins

Carole Delga, Christophe Rivenq et Guillaume Garot avec deux médecins du centre de santé de Saint-Hilaire-de-Brethmas

Carole Delga, Christophe Rivenq et Guillaume Garot avec deux médecins du centre de santé de Saint-Hilaire-de-Brethmas

- CD

Engagée dans le secteur de la santé, la présidente de la Région, Carole Delga, soutient également la proposition de loi sur la régulation de l’installation des médecins portée par le député socialiste Guillaume Garot. Un texte soumis à l’Assemblée nationale en mai prochain. 

Carole Delga persiste et signe. Ce matin en conférence de presse, à l’Hôtel de Région de Montpellier, la présidente de la Région assume clairement s’être engouffrée dans « un flou juridique » afin que sa collectivité puisse intervenir dans le domaine de la santé, à travers notamment la création d’un GIP (Groupement d’intérêt public). « Dans les études d’opinion ou sur le terrain, les gens nous parlent de la galère pour avoir un rendez-vous chez le médecin », répète-t-elle. Sa volonté politique a été amorcée avec la crise sanitaire et intensifiée pendant le mandat. Si bien qu’aujourd’hui, la Région a recruté 100 médecins, six sage-femmes ainsi que 41 secrétaires, soit 300 000 consultations et 31 000 patients suivis dans les Centres de santé Occitanie.

Un objectif de recruter 200 médecins durant le mandat

« La Région embauche des médecins dans les Centres de santé avec un objectif de 200 à la fin du mandat et, pour les Maisons de santé où des médecins libéraux travaillent, nous aidons à financer les rénovations, à investir sur les bâtiments », précise Vincent Bounes, vice-président chargé des questions de santé. Au total, l’intervention de la collectivité dans ce secteur représente un coût de 14 millions d’euros en 2025, fonctionnement et investissements compris. « Ce qui coûte cher, ce n’est pas tant l’embauche du médecin puisque la Sécurité sociale finance. C’est au départ, la création d’un centre », pointe la Région.

Afin d’aller plus loin, Carole Delga soutient la proposition de loi (PPL), rédigée par son camarade socialiste Guillaume Garot, député de Mayenne. Celle-ci sera examinée début mai à l’Assemblée. « Aujourd’hui, huit millions de Français vivent dans un désert médical. Ce sentiment d’abandon est délétère pour la République et constitue un terreau pour l’extrémisme », alerte le socialiste avant d’ériger le principe claire de sa proposition, « soutenue par 255 députés » : « Les médecins diplômés ne pourront pas s’installer dans des secteurs où l’offre médicale est suffisante. Ils devront aller là où les patients ont besoin d’eux. C’est déjà le cas des pharmaciens et même, depuis janvier, des dentistes. »

Réguler l’installation des médecins

À la Région, l’action de Carole Delga s’inscrit en complémentarité avec cette proposition de loi : « Aujourd’hui, les médecins sont essentiellement issus des milieux urbains et il y a une forme de reproduction sociale », relève-t-elle. Du coup, afin de susciter des vocations, la Région a mis en place, dès le lycée et, dans les territoires ruraux, une option permettant aux jeunes de se familiariser avec les métiers de la santé. C’est le cas au lycée Jean-Baptiste-Dumas à Alès. Le but étant que ce nouveau médecin, issu d’un milieu et d’une origine sociale différente, apporte un nouvel élan à la médecine. Reste à savoir si cette proposition, qui soulève plusieurs oppositions, notamment de la part des médecins et d’une partie de la droite, sera adoptée. « Nous sommes très attendus et regardés par les Français », répond Guillaume Garot, qui s’est rendu dans le centre de santé de Saint-Hilaire-de-Brethmas. 

"Notre santé ne peut pas dépendre de notre code postal"

En le visitant, les deux socialistes ont discuté avec les quatre médecins, la sage-femme et le personnel administratif, pour comprendre leurs problématiques, spécifiquement liées au territoire rural dans lequel il se trouve. Guillaume Garot ne "s'interdit aucune solution face aux déserts médicaux. Il y a toujours plus d'installations de médecins dans des territoires déjà correctement dotés, et toujours moins dans des territoires en souffrance."

Carole Delga, Christophe Rivenq et Guillaume Garot avec deux médecins du centre de santé de Saint-Hilaire-de-Brethmas
Carole Delga, Christophe Rivenq et Guillaume Garot avec deux médecins du centre de santé de Saint-Hilaire-de-Brethmas • CD

En trois ans, le centre, financé principalement par la Sécurité sociale, mais aussi l'ARS, le département, Alès Agglo et la mairie de Saint-Hilaire-de-Brethmas, a déjà reçu 2 800 patients, pour un total de 12 000 consultations. Les deux élus, accompagnés du maire d'Alès et du président d'Alès Agglo, Christophe Rivenq et d'autres élus, ont poursuivi leur journée au centre hospitalier Alès-Cévennes (CHAC).

Coordination des hôpitaux, préservation des médecins

Toujours sujet à des problèmes dans son secteur des urgences, le CHAC parvient tout de même à se développer en interne. L'hôpital vient ainsi de rouvrir son service pneumologie, de renforcer son service gastroentérologie et devrait compter "270 lits en capacité cet été avec 24 internes supplémentaires", selon son directeur, Christian Cataldo. Pour gagner en quantité, le comité directoire hospitalier cherche avant tout à gagner en qualité : "On a fermé des lits à mon arrivée pour ne pas déborder les médecins. Nous devons trouver des formules innovantes pour en attirer des nouveaux et mener des discussions sur la qualité de vie au travail." Et Didier Jaffre, directeur de l'ARS Occitanie d'ajouter : "Ce qui coûte, ce n'est pas d'avoir trop de personnel, c'est de ne pas en avoir assez."

la direction du centre hospitalier d'Alès-Cévennes a reçu les élus locaux et régionaux
la direction du centre hospitalier d'Alès-Cévennes a reçu les élus locaux et régionaux • CD

Ce "rapport humain qu'on ne retrouve pas forcément dans les autres CHU" et fait la fierté de Christophe Rivenq, permet de pérenniser les médecins dans le Gard. "Les postes de chefs de clinique, ainsi que les assistants en poste partagé, permettent une coordination entre Nîmes et Alès", selon le professeur nîmois Radjiv Goulabchand.

Un "besoin de rénovation incontestable"

La direction hospitalière alésienne a profité de la présence de Carole Delga pour lui proposer leur projet de réhabilitation et d'extension. Un projet sur trois ans, évalué à 5,1 millions d'euros, financé pour moitié par la Région, qui a pour but d'ajouter deux salles, un couloir de simulation, d'optimiser les conditions d'accueil et ainsi d'accueillir 90 apprenants supplémentaires. Bien qu'elle reconnaisse un "besoin de rénovation incontestable", "l'enveloppe un peu haute" l'a mise sur la défensive. La présidente de la Région n'a pas fermé la porte à un début des travaux en fin d'année si l'addition baisse d'un demi-million.

Le centre hospitalier d'Alès-Cévennes
Le centre hospitalier d'Alès-Cévennes • CD

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