SAINT-AMBROIX Une nouvelle communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) est née
La signature de l'accord conventionnel interprofessionnel (ACI) de la nouvelle communauté professionnelle territoriale de santé Entre Cèze et Gardon en Cévennes (ECEGEC) avait lieu ce mercredi après-midi à Saint-Ambroix. Elle est l'aboutissement d'une forte mobilisation des professionnels de santé et d'un travail de coconstruction fructueux entre l'Assurance maladie et la délégation gardoise de l'Agence régionale de santé (ARS).
L'idée de la création d'une nouvelle communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) germait depuis 2018 sur le territoire de Cèze Cévennes. Elle s'est concrétisée cinq ans plus tard, ce mercredi 31 mai, dans les locaux saint-ambroisiens de la communauté de communes. Dans le cadre d'une convention tripartite, la signature de l'accord conventionnel interprofessionnel (ACI) de la nouvelle CPTS baptisée "Entre Cèze et Gardon en Cévennes (ECEGEC)" y a notamment été réalisée par le président de la structure, Aimé Mohr, le directeur départemental de l'ARS, Claude Rols, et le directeur de la CPAM du Gard, Alain Chelloul.
Diaporama à l'appui, le premier cité, médecin généraliste à Saint-Ambroix, a rappelé le contexte de la création d'une CPTS regroupant 47 communes réparties sur trois communautés de communes : de Cèze Cévennes en majorité, Alès Agglomération et Mont-Lozère, soit 42 000 habitants. Un territoire marqué par une forte précarité avec plus de 20 % de taux de chômage, la présence d'une population vieillissante puisque la part des plus de 60 ans est de 40 % (contre 30 % à l'échelle du département), tandis que 12 % des patients de 16 ans et plus n'ont pas de médecin traitant.
Pour ne rien arranger, parmi les 18 médecins libéraux qui exercent sur le territoire, 55 % ont plus de 60 ans et ne tarderont pas à partir à la retraite. C'est avec l'intention de répondre aux défis en matière de santé qui se profilent que naissait la CPTS ECEGEC. Elle aura notamment vocation à assurer une meilleure coordination entre les actions et structurer les parcours de santé, tout en travaillant à l'intégration de nouveaux professionnels de santé à la recherche d'une pratique coordonnée en vue d'une meilleure prise en charge des patients.
S'il refuse de jouer "les défaitistes" de service, Alain Chelloul ne se leurre pas pour autant et prévient les 98 professionnels de santé libéraux qui composent la CPTS : "Ne vous attendez pas à pouvoir accueillir 1 000 patients supplémentaires dès les premiers mois. La première année doit être celle de l’organisation de la CPTS et de l'augmentation du nombre de ses adhérents."
Il s'agira aussi de répondre à la pénurie de certaines spécialités sur le territoire, un nombre insuffisant de kinés, de sages-femmes et de chirurgiens-dentistes ayant été identifié. En effet, "la compétence sanitaire se raréfie", regrette le directeur départemental de la CPAM. "Notamment parce que les habitudes de vie des usagers et des professionnels de santé ont changé", justifie-t-il. Et pour cause ! "Auparavant on trouvait tout à fait normal qu’un médecin travaille sept jours sur sept et puisse être réveillé la nuit. Il appartenait au village, au même titre que le curé et l’instituteur. Aujourd’hui, un jeune médecin veut travailler cinq jours sur sept, faire le pont, voir grandir ses enfants, et c'est bien normal !"
"La santé est une épine dorsale importante pour maintenir notre attractivité"
Plus tôt avant lui, le Dr Aimé Mohr avait précisé qu'"une quarantaine de professionnels de santé se sont impliqués dans la rédaction du projet de santé" à laquelle la coordinatrice Léa Fournier, embauchée en 2022, a hautement contribué. Claude Rols a naturellement salué "l’engagement des professionnels de santé" en faisant l'éloge de "l'exercice coordonné", qui, lorsqu'il "se met au service du territoire, est en mesure d'apporter des réponses".
Président de la Communauté de communes de Cèze Cévennes, Olivier Martin abondait dans le même sens : "Il y a lieu de se regrouper et d’être complémentaire pour dégager une synergie sur ce territoire rural" qui, en plus de n'avoir "pas cédé à la tentation de la grande agglomération", porte "un vrai projet de vie". Aux maires qui voudraient la jouer en solitaire pour répondre aux enjeux de santé, le dernier nommé brandit le principe de subsidiarité : "Ce qu’on ne peut pas faire à l’échelle communale, on doit le faire à l’échelle communautaire." Et de conclure, comme pour mieux souligner l'importance de cette nouvelle CPTS : "La santé est une épine dorsale importante pour maintenir notre attractivité."