ALÈS La Nuit du Droit braque la lumière sur le harcèlement scolaire
La troisième édition de la Nuit du Droit bat son plein depuis le début de la journée à Alès. Elle est, de manière inédite, ouverte aux collégiens du bassin alésien. Une cinquantaine d'entre eux a participé à l'ouverture des hostilités ce mercredi matin autour de la très prégnante thématique du harcèlement scolaire et du cyber-harcèlement.
Si le choix de la thématique de cette troisième édition donne l'impression d'avoir été dicté par l'actualité, il a été opéré par les organisateurs "en janvier dernier" d'après Sandrine Mirabello, chargée de mission violences intrafamiliales auprès du parquet d'Alès, laquelle a animé une matinée de sensibilisation des collégiens du bassin alésien à la lutte contre le harcèlement scolaire et le cyber-harcèlement.
Une cinquantaine d'adolescents provenant des collèges Jean-Moulin et Alphonse-Daudet d'Alès, ainsi que des collèges Florian à Anduze et Léo-Larguier à La Grand'Combe ont pris place en début de matinée à l'espace Alès-Cazot. Ces derniers ont d'abord entendu les propos introductifs du président d'Alès Agglomération, Christophe Rivenq, lequel a insisté sur l'importance de combattre ce "fléau terrible" qu'est le harcèlement scolaire.
"Certains vont jusqu’à se donner la mort. La vie est trop belle pour l’écourter", a martelé le dernier nommé en s'adressant aux adolescents auxquels il venait de remettre une plaquette récemment éditée par la Ville. "Avec le nouveau Dasen que j’ai reçu il y a quelques jours, on fait de cette lutte une grande cause. Mais c’est à vous de vous emparer du sujet ! Si vous avez connaissance de faits, il faut le dire ! Ne surtout pas attendre qu’il y ait un drame", a enfoncé le premier adjoint au maire d'Alès.
Bâtonnier de l'ordre des avocats d’Alès, Olivier Massal a naturellement évoqué le volet pénal du harcèlement avec les élèves : "C’est la première fois dans l’histoire du droit français que le harcèlement scolaire est reconnu comme délit. Avant ça n’existait pas ! C'est même un délit pénal passible de prison." En effet, depuis la loi du 3 mars 2022, le harcèlement scolaire est désormais reconnu comme un délit pénal qui pourra être puni jusqu'à 10 ans de prison et 150 000 euros d'amende en cas de suicide ou de tentative de suicide de la victime harcelée.
"Un enfant n’a pas le droit de toucher à un autre enfant", a quant à lui avancé le colonel Bruno Mazuc, conseiller municipal de la ville d'Alès et communautaire d'Alès Agglo délégué à la Sécurité. En compagnie de l'adjointe au maire Martine Magne notamment, celui qui est en charge du Conseil intercommunal de sécurité et de prévention de la délinquance (CISPD) a lancé une Semaine de la citoyenneté au cours de laquelle il a rencontré "une trentaine de classes" le mois dernier. Bruno Mazuc a par ailleurs salué le travail de l'enseignant alésien Gilles Roumieux dont l'exposition, créée avec ses élèves de 3e du collège Racine, est partiellement installée à l'espace Alès Cazot pour l'occasion.
L'adjudante Aurélie Godart de la compagnie de gendarmerie d’Alès a distillé un bref message relatant l'action préventive de la gendarmerie qui intervient "dès l'école primaire". Elle s'est par ailleurs mise à la disposition des élèves pour poursuivre les échanges de manière plus confidentielle et est amenée à intervenir ce mercredi soir à l'occasion de la soirée de sensibilisation dans la salle du Capitole, laquelle s'adresse au grand public (voir ci-dessous).
Président du comité régional d'Unicef, Philip Seraphimides en fera de même en milieu de soirée. Ce matin, le dernier nommé a délivré quelques chiffres aux collégiens présents qui ont appris que 150 millions d’adolescents du même âge sont victimes de harcèlement à travers le monde. "Ça représente 50% des ados de 13 à 15 ans. En France c’est plutôt un sur dix", a clamé Philip Seraphimides.
Un harcélomètre pour jauger la violence des faits
Après quoi, les collégiens ont pris la lutte contre le harcèlement scolaire à bras le corps en s'y attaquant avec des propositions concrètes. Préalablement préparées en classe, ces dernières ont été dévoilées depuis la scène de l'espace Alès Cazot et mises en débat. Trois adolescentes du collège Florian d’Anduze ont eu le courage d'ouvrir le bal. "Il faudrait plus de surveillants pour une meilleure surveillance dans les collèges", a suggéré l'une d'entre elles. "Dans notre collège, on a mis en place des phrases chocs sur les tableaux dans les classes, mais aussi un podcast pour parler librement du harcèlement", a poursuivi une autre.
Conçu sur le modèle du violentomètre, un outil d'auto-évaluation permettant de repérer les comportements violents, "l'harcélomètre" a été créé dans ce collège anduzien. D'après l'élève qui s'est chargée de sa présentation, il est destiné à "évaluer les degrés de gravité des faits de harcèlement". Le responsable alésien de la protection de la jeunesse a salué la démarche. Cet après-midi, la Nuit du Droit se poursuit à l'espace Alès Cazot avec des ateliers pédagogiques dédiés aux lycéens.
Une soirée de sensibilisation au Capitole, ce mercredi, de 17h30 à 20h. Au programme : projection d'un court-métrage, interventions de professionnels sur les traitements du cyber-harcèlement et du harcèlement scolaire, échanges et cocktail.