FAIT DU SOIR Un séjour pour sortir les adolescents des quartiers populaires nîmois de leur quotidien
Pour certains, c’était la première fois qu’ils venaient au Centre sportif départemental de Méjannes-le-Clap et pour beaucoup, la première fois qu’ils quittaient leurs parents, parfois leur quartier, aussi longtemps.
Un groupe d’une vingtaine de jeunes de 12 à 15 ans issus des quartiers prioritaires nîmois du Chemin-Bas d’Avignon et du Mas de Mingue a passé la semaine à Méjannes dans le cadre du dispositif « Quartiers d’été » financé par l’État. Par ce biais, des animations sont organisées tout l’été dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville, mais des jours sont aussi proposés, comme celui-ci, le troisième et dernier de l’été au Centre sportif départemental.
L’idée est « de permettre à ces jeunes d’avoir une respiration dans un quotidien qui manque parfois un peu d’air », pose le sous-préfet Mathias Nieps, ce jeudi à Méjannes. Il faut dire que, parmi ces adolescents, « certains ont été exposés à des choses auxquelles ils ne devraient pas l’être », reprend le sous-préfet, allusion aux coups de feu tirés près de l’école Bruguier au Chemin-Bas il y a quelques mois.
Alors durant ce séjour, gratuit pour les familles, « il y a un hébergement et des activités de qualité, très variées », affirme-t-il. L’idée est de faire du « socio-sportif, aller plus loin que la simple pratique d’une activité physique, il y a une volonté de faire passer des messages citoyens et de santé », expose Florian Bailly, directeur de l’UFOLEP Gard, partenaire de l’État sur l’opération comme l’espace de vie sociale le Carrefour associatif, géré par l’association Samuel Vincent. « On prend toujours le prétexte de l’activité ludique et sportive pour faire de l’éducatif », abonde Mathias Nieps. Parmi les sujets abordés, l’égalité femme-homme, la citoyenneté ou encore une initiation aux gestes qui sauvent. Le tout avec « des débats, des quiz éducatifs, des visionnages des films et de documentaires », précise Florian Bailly.
Côté sportif, les jeunes ont pu s’essayer aux sports de raquettes, dont le badminton avec le sous-préfet, ou à la piscine, mais aussi à des disciplines moins connues, comme le tchoukball ou le homball, soit « un mix d’activités populaires et innovantes, souvent méconnues du grand public, pour leur permettre de s’éveiller sur la pluralité de l’offre », développe le directeur de l’UFOLEP du Gard. Sur un site « qui a vocation à accueillir des sportifs amateurs, d’autres de haut niveau, mais aussi ces jeunes, pour les sortir des quartiers, qu’ils découvrent autre chose », souligne le conseiller départemental Ghislain Chassary, président du Centre sportif départemental. Du reste, le Centre accueille des délégations olympiques et paralympiques en ce moment, et la cohabitation avec les jeunes nîmois dans les hébergements « se passe très bien », rajoute-il.
« Ça va laisser des traces »
Pour les jeunes, ce séjour s’inscrit dans un suivi réalisé par les associations partenaires dans les quartiers. « Ce séjour vient majorer l’impact des actions menées, estime Xavier Almela, directeur du pôle médiation et animation de la vie sociale chez Samuel Vincent. Être dans la vie en collectif, découvrir un monde en dehors des quartiers populaires de Nîmes, être sous le regard d’adultes bienveillants, ça va laisser des traces. » Aussi car lors de ces séjours, hors de question de rester scotché à son écran de téléphone : « on lutte contre l’usage excessif des écrans, ici il n’y a qu’une heure de téléphone par jour, de 18h à 19h, pour appeler les parents », détaille Xavier Almela.
Alors que les séjours s’achèvent, le bilan qui en est tiré est donc bon, aussi sur un critère parfois sous-estimé : la mixité garçons-filles. « C’est un des enjeux que je fixe », pose le sous-préfet, qui explique que « dès la puberté, il y a un réflexe, encore plus dans les quartiers prioritaires, de ne plus souhaiter la mixité avec les garçons, donc nous devons créer les conditions de la confiance. » Ce qui est rendu possible par le fait de travailler avec des associations implantées dans les quartiers, qui connaissent les familles. Reste qu’il faut y mettre, en plus des moyens humains, des moyens financiers : 35 000 euros en tout pour les trois séjours cet été, qui ont concerné entre 20 et 25 jeunes par séjour. « C’est une dépense un peu importante, reconnaît Mathias Nieps. Mais parfois, il est bien de mettre un peu les moyens sur ces jeunes. »