Depuis 2020, Samuel Rayssiguier est employé par la Communauté de communes Pays d'Uzès (CCPU) en tant qu'animateur de l'espace jeune intercommunal, qui se trouve au sein de la MIFA (Maison intercommunale des familles et des adolescents). Plus de 1 000 jeunes y sont accueillis par an. Dans le cadre de son travail, Samuel Rayssiguier rencontre beaucoup de lycéens qui se posent des questions sur leur orientation, qui rencontrent des difficultés dans la vie quotidienne, dans les relations avec leur famille... À ces jeunes, il propose un accompagnement personnel avec un véritable travail d'introspection pendant deux heures. "Au final, je me suis rendu compte que c'est bien mais pas assez efficace. Ça prend deux heures, c'est du cas par cas", indique l'animateur uzétien.

Ce dernier a alors réfléchi à un outil qui favoriserait l'introspection, qui ne nécessite pas forcément sa présence. C'est ainsi qu'il a créé "Introspective", un jeu de plateau qui amène vers l'introspection de façon ludique. Au centre de la table, plusieurs cartes sont disposées par thèmes : émotion, passion, personnalité, famille, amis, jeux et art. Il peut y avoir des questions telles que "à quoi préférez-vous jouer ?", "quel animal seriez-vous?", "que recherchez-vous dans une relation de couple ?" Le but étant d'y répondre et de trouver le maximum de bonnes réponses chez ses voisins de droite et de gauche. "On n'est pas du tout dans le jugement, mais dans la connaissance des personnes de notre entourage. L'enjeu c'est de voir si on est capable de savoir ce qui est important ou non pour nos amis ou membres de notre famille", explique Samuel Rayssiguier. 

L'occasion de se remémorer anecdotes et bons souvenirs

Grâce à ce jeu, il veut lever les freins qui peuvent bloquer l'introspection et donc l'analyse de soi. Durant une partie, les joueurs vont forcément se référer à des évènements passés, ce qui peut amener à se remémorer de savoureuses anecdotes, des bons moments... Le jeu peut également constituer une porte d'entrée vers le dialogue pas si évident, entre enfant et parents.

Samuel Rayssiguier a mis 4 mois à créer ce jeu, en se basant sur son expérience et en identifiant les besoins des jeunes qu'il cotoie à l'espace ado. Il a d'abord présenté son prototype de jeu aux jeunes, aux professionnels de la Maison des ados de Nîmes et à ses homologues animateurs. Il l'a aussi dévoilé au public lors du festival des jeux de Montfavet le week-end dernier. Neuf groupes de personnes l'ont testé sur place et les retours sont globalement positifs. "80 % des participants ont attribué une note entre 7/10 et 10/10", s'enthousiasme le créateur. Il sera ce samedi au Ludobrix, le festival des jeux au château de Vallabrix. 

Se concentrer sur soi et pas sur l'image reflétée aux autres

Samuel Rayssiguier voit vraiment des bénéfices pour les jeunes. Pendant le jeu, ils sont confrontés à des questions pas trop ardues et engageantes mais qui permettent de "faire une première immersion". Pour l'animateur, l'introspection permet d'aller au-delà des actes et de se poser la question du sens qu'il y a derrière. Il développe : "Les jeunes passent d'un état où ils sont jugés sur ce qu'ils font à un état où eux-mêmes se jugent par rapport à ce qu'ils ont envie de faire ou ce qui est important pour eux. Ils sortent de l'image refletée aux autres pour se concentrer plus sur leurs actions." Ce qui ne peut pas faire de mal dans une société où on se compare souvent les uns aux autres... 

Dans les prochains temps, Samuel Rayssiguier va présenter "Introspective" au grand festival de Montpellier les 20 et 21 avril. Il participera à cette occasion au concours du meilleur prototype de jeu. Il a aussi comme objectif au bout d'un an de présenter son jeu aux maisons d'édition du grand festival de Cannes.