Publié il y a 1 an - Mise à jour le 17.09.2023 - Corentin Migoule - 3 min  - vu 3986 fois

ALÈS AGGLO Irina, 14 ans, qualifiée pour les championnats du monde du sport "le plus complet du monde"

IRINA Crossfit

Irina s'entraîne plusieurs fois par semaine avec des charges relativement lourdes. 

- Corentin Migoule

Le CrossFit, que d'aucuns considèrent comme "le sport le plus complet du monde", est en vogue depuis une poignée d'années. À tout juste 14 ans, la Julirosienne Irina Andreo le pratique déjà à haut niveau et s'est offert une place en finale des championnats du monde de Fonctionnel Fitness à Vancouver. 

Dans le garage aménagé qui sert de box au CrossFit 461 à Saint-Martin-de-Valgalgues, la présence d'une adolescente au visage enfantin dénote dans le paysage. Le souffle court et le cou marqué par la sueur, Irina, 14 ans, enchaîne les mouvements d'haltérophilie, marche sur les mains et s'envoie une dizaine de tractions. Félicitée par sa coach, elle s'autorise une courte pause fraîcheur avant de reprendre son "WOD" (workout of the day), autrement dit sa séance d'entraînement composée de divers enchaînements.

"Elle ne s'arrête jamais", regrette presque Laurence Brager, gérante de la box saint-martinoise qu'elle a elle-même fondée il y a sept ans. Dans quelques jours, le samedi 30 septembre et le dimanche 1er octobre, Irina Andreo va participer aux championnats du monde IF3 de Functional Fitness à Vancouver (Canada) dans la catégorie 13/15 ans. "Elle fait partie des quinze meilleures de sa catégorie", entérine celle qui, jadis prof' de judo, s'est lancée à corps perdu dans la préparation physique d'athlètes affiliés CrossFit.

IRINA Crossfit
Irina s'entraîne plusieurs fois par semaine avec des charges relativement lourdes.  • Corentin Migoule

Sa "gâtée", comme elle l'appelle à longueur d'entraînement, a découvert très tôt cette pratique en vogue. "Sportive", - c'est un euphémisme -, celle qui vit à Saint-Julien-les-Rosiers pratique d'abord la gymnastique, puis la natation, avant de s'essayer au CrossFit à l'âge de 11 ans. "Ça a commencé pendant le Covid. Laurence donnait des cours à distance à mes parents. Ça m'a plu donc j'ai commencé à les suivre. Après le confinement, je venais à la box avec eux, jusqu'à ce que Laurence me propose de faire un entraînement", rejoue l'adolescente.

Très vite, celle qui est scolarisée dans un collège d'Alès accroche et en redemande. Ses aptitudes naturelles et son goût pour l'effort sont appréciés par une habituée de la salle qui la prend sous son aile. Cette habituée, c'est Catherine Devèze, une passionnée dont l'impressionnant palmarès (plusieurs titres de championne d'Europe à son actif notamment) s'affiche sur les murs de la box. Avec elle et sa coach Laurence, Irina est entre de bonnes mains. 

Irina crossfit
Laurence Brager et sa "gâtée" Irina. • Corentin Migoule

Et les performances sont rapidement au rendez-vous, en témoigne cette deuxième place lors d'une compétition européenne l'an dernier. Mais si les séances d'entraînement sont intenses, couplées à des sessions d'étirements et une hydratation toute particulière, son quotidien d'athlète est légèrement aménagé. "Je ne veux pas la briser. Elle est trop jeune", justifie la gérante des lieux au sujet de celle dont la croissance n'est pas encore terminée. 

Et de poursuivre : "Le sport de haut niveau, ça peut être une boucherie." Ainsi, Irina s'entraîne trois jours consécutifs et prend automatiquement un jour de repos. "Si elle ressent une grosse fatigue après un gros training ou à cause de l'école, on passe à deux jours de repos", rajoute Laurence Brager. "J'ai toujours envie de venir ! Bon, parfois, quand j'ai beaucoup de courbatures, c'est mieux que je ne vienne pas", se marre la Julirosienne. 

Laurence Brager en est persuadée, la coach diplômée qu'elle est enseigne "le sport le plus complet au monde". "Les All Blacks en font beaucoup", assure-t-elle. Le CrossFit réunit il est vrai les dix aptitudes que sont la souplesse, la force, la vitesse, l'endurance cardio-vasculaire, l'endurance musculaire, la coordination, la puissance, l'agilité, l'équilibre et la précision. "Il faut être assez bon partout", prévient la gérante. C'est d'ailleurs le cas de sa protégée.

Irina
En pronation ou en supination, Irina maîtrise les tractions.  • Corentin Migoule

Du haut de son mètre cinquante-six, Irina appréhende sa finale mondiale sans pression particulière. "J'y vais pour prendre du plaisir", se contente-t-elle d'affirmer, quand sa coach murmure qu'elle a la capacité de viser "le top 8". Puisque la composition des huit WOD qu'elle devra réaliser en deux jours n'est pas encore connue, la jeune athlète s'astreint à une préparation généraliste.

"On peut lui demander de courir 400 mètres, enchaîner avec 10 tractions, puis du back-squat à 40 kilos, le tout en circuit de cinq tours en un minimum de temps", indique Laurence Brager. Avant d'ajouter : "On sait qu'il y aura de la natation car on lui a demandé de prendre son maillot de bain." Grâce au soutien financier d'entreprises alésiennes partenaires ainsi qu'un sponsor national, Irina fera le déplacement à Vancouver avec ses parents et la délégation française.

"Je n'ai jamais pris l'avion pour un vol aussi long", sourit-elle. "Je suis excitée d'y aller, sur place je vais stresser mais c'est normal." En novembre prochain, elle prendra part aux sélections pour les très réputés CrossFit Games. Sans négliger son quotidien de collégienne, ni en opérant des sacrifices alimentaires. "Si elle veut manger des glaces elle en mange", promet sa coach. Le sirop d'érable pourrait être son prochain parfum...

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