Marc Andrieu – Coupe du Monde en 1987 en Australie et Nouvelle-Zélande

Nous sommes en 1987 et les fans de rugby découvrent la première Coupe du Monde de rugby. Elle se déroule au bout du monde et il faut se lever très tôt pour voir la France écrire une belle page de son histoire. Les 16 équipes participantes (sur invitation) essuient les plâtres. « C’était la préhistoire. Nous n’étions pas professionnels et certains joueurs devaient prendre des congés pour jouer en équipe de France », se souvient Marc Andrieu, qui fait partie du groupe français. Le centre nîmois n’est pas dans la liste des joueurs retenus. Mais avec la blessure d’un coéquipier, il est appelé « à une semaine du départ. Didier Camberabero a lui été prévenu le jour du départ ! » À l'époque, l'organisation n'était pas aussi bien huilée qu'aujourd'hui. 

Deux matchs et un essai

Au centre, il n’y a pas de place à prendre puisque le duo Sella-Charvet est indiscutable. « Il y avait un ordre établi et je l’acceptais. Il n’y avait pas d’injustice ». Toutefois, Andrieu joue lors des victoires en poule contre la Roumanie (55-12, avec un essai du Nîmois) et le Zimbabwe (70-12). Mais le moment fort de la compétition, c’est la victoire d’anthologie de la France contre l’Australie à Sydney en demi-finale 30-24. L’essai légendaire de Serge Blanco dans le temps additionnel est gravé dans le mémoires.

« La troisième mi-temps a été mémorable. Nous avons fait quelques excès »

Le Nîmois n’est pas sur le terrain et vit le moment sur le côté, à l’échauffement au cas où il faudrait entrer en jeu. En revanche, il est bien présent pour l’après-match... « Personne ne nous voyait passer et la troisième mi-temps a été mémorable. Nous avons fait quelques excès ! » L’énergie dépensée face aux Wallabies (et peut-être dans la soirée qui a suivi) fera défaut en finale contre la Nouvelle-Zélande qui s’impose à domicile 29-9. Peu importe, Marc Andrieu n’est pas amer : « Je suis fier d’avoir participé à la première, car, avant des grands joueurs n’ont pas eu cette chance. »

Le centre est aussi le seul joueur à avoir porté le maillot de l’équipe de France en Coupe du Monde tout en étant un joueur du RCN. À bien des égards, Marc Andrieu est à jamais le premier.

Thibaut Privat – Coupe du Monde 2003 en Australie

Pour la quatrième Coupe du Monde de l’histoire qui se déroule en Australie, la France fait, une nouvelle fois, partie des favoris. Les matchs de poule confirment les bonnes dispositions tricolores avec des belles victoires contre Fidji (61-18), Japon (51-29), Écosse (51-9) et États-Unis (41-14). Puis, les Bleus passent l’Irlande à la moulinette (43-21) en quart de finale. À l’autre bout du monde, le Nîmois Thibaut Privat n’a pas la tête à l’Australie : « J’étais à Clermont, j’avais digéré la déception de ne pas avoir été sélectionné et je venais d’être papa. En plus, nous venions d’attaquer le championnat avec l'ASM. »

« On est très fier car participer à une Coupe du Monde, c’est magnifique »

Mais la blessure d’Olivier Brouzet en quart de finale change la donne. Bernard Laporte choisit d’appeler le deuxième ligne formé au RCN. « On est très fier car participer à une Coupe du Monde, c’est magnifique ». Il faut préparer la demi-finale contre l’Angleterre qui sera perdue (24-7). Thibaut est dans les tribunes : « Cette équipe tournait très fort, c’était notre bête noire. » Le Nîmois a tout de même l’occasion de jouer le match pour la troisième place face aux All-Blacks : « C’était contre la Nouvelle-Zélande, ça ne faisait pas rigoler. Notre équipe remaniée avait connu un match compliqué. Il y avait une différence de niveau entre les deux équipes. »

Le bonheur ne dure que 40 minutes

Les Bleus s’inclinent 40-13 et la Coupe du Monde ne dure que 40 minutes pour le deuxième ligne qui est remplacé à la mi-temps par Fabien Pelous. « Ça passe vite, il faut se projeter dans le match rapidement. Il ne faut pas se laisser submerger par l’émotion. Ça reste des très bons souvenirs, mais qui ont été très courts ».

Sébastien Bruno – Coupe du Monde en 2007 en France, Pays-de-Galles et Écosse

La Coupe du Monde 2007 débute très mal pour les Bleus qui s’inclinent au stade de France pour la match d’ouverture contre l’Argentine (12-17). À domicile, l’équipe dirigée par Bernard Laporte n’a pourtant pas le droit à l’erreur. « Nous avions beaucoup de pression et nous étions favoris », se rappelle Sébastien Bruno. La France redresse la barre dans la sa poule face à la Namibie (87-12), l’Irlande (25-3) et la Géorgie (64-7). Mais le départ raté condamne les Français à la seconde place et surtout à rencontrer la Nouvelle-Zélande en quart de finale.

Match de légende face à la Nouvelle-Zélande

C’est à ce moment qu’intervient un moment de grâce comme les Bleus savent si bien en sortir quand on les dit battus d’avance. À Cardiff, la France élimine les All-Blacks 20-18 à l’issue d’un match dantesque. Des tribunes du Millenium Stadium, le Nîmois n’en perd pas une miette : « On s’est accroché et on marque un essai qui nous libère. À la fin, ils nous mettent des grosses séquences de jeu, mais on arrive à défendre. » Le match entre dans le panthéon du rugby français, mais les tricolores payent leur débauche d’énergie.

« Je n’ai pas pris trop de plaisir »

« Cette rencontre avait été tellement dure que c’était compliqué de refaire un match de ce niveau en demi-finale contre les Anglais », regrette le talonneur. Cette compétion laisse un goût de frustration à Sébastien Bruno : « Quand tu te prépares pendant quatre ans, que tu es dans le groupe, mais que tu n’es pas sur le terrain, tu es déçu sur le moment. Mais on connait les règles du jeu et tu passes vite à autre chose. Ce n’est pas un mauvais souvenir, mais ce n’est pas ce que l’on peut attendre d’une Coupe du Monde car sur le terrain je n’ai pas pris trop de plaisir. »

Sébastien Bruno a eu la chance de participer également à la Coupe du Monde 2019 au Japon, mais comme entraîneur responsable de la mêlée cette fois.