Le parcours de Sandie Toletti fait la fierté de ses proches. À 28 ans, la footballeuse gardoise joue au Real de Madrid et figure dans l'équipe de France de football féminin. Elle est en ce moment entre l'Australie et la Nouvelle-Zélande, les deux pays accueillant la Coupe du Monde de football féminin. À cette occasion, sa très discrète maman, Aline, habitante de Cavillargues depuis 40 ans, a accepté de nous rencontrer pour nous parler de sa fille, la dernière d'une fratrie de cinq enfants. "Je pense que c'est inné d'être bon quelque part. On a de suite vu que Sandie avait des facilités", dit-elle en préambule. Sa benjamine commence à taper dans le ballon, avec ses frères et ses copains, en rentrant de l'école. La pelouse de la maison familiale faisait figure de terrain.

Le football est omniprésent chez les Toletti. La maman est secrétaire du Sporting club de Cavillargues depuis plus de trente ans. Le papa a joué jusqu'à un bon niveau de district. Un de ses frères a aussi chaussé les crampons. La jeune Gardoise a montré toute jeune son potentiel lors d'un match de tournoi où elle avait été réquisitionnée pour renforcer une équipe incomplète. "Avec un autre copain doué, ils ont déchainé les passions. C'est parti de là", se remémore sa maman.

"Reste comme tu es, tu iras loin"

La rentrée suivante, sa fille a pris sa première licence au club de football de Cavillargues. Elle avait seulement cinq ans. En témoigne une photo qu'elle nous montre, soigneusement rangée dans un album souvenirs, estampillé d'une étiquette "Les années foot de Sandie". Elle ne savait pas encore que les pages se rempliraient et se remplissent encore de nombreux portraits et coupures de presse. Même si la milieu de terrain parle rarement de sa réussite mais de celle de l'équipe. Le collectif avant tout. 

Quand elle était encore enfant, Sandie est souvent la seule fille au milieu des garçons. Elle rafle parfois le titre de "meilleure joueuse du tournoi" au nez et à la barbe de ses camarades. Entourée des éducateurs du club, la Cavillarguaise prend de l'assurance jusqu'à rejoindre le FCBP (Football club Bagnols Pont) où elle a joué en niveau ligue jusqu'à l'âge de 15 ans. Toujours entourée que de garçons. 

Aline, sa maman, se remémore : "Un jour, un papa présent au bord du terrain lui avait dit : "Reste comme tu es, tu iras loin". Il ne s'est pas trompé mais il y a aussi la persévérance, le fait d'accepter de ne pas être auprès des siens. Sandie est heureuse de ce qu'elle vit, de se lever le matin et de vivre de sa passion. Mais elle manque les anniversaires, les moments en famille."

Victoire en Coupe du Monde U17 aux tirs au but

Encore adolescente, la Gardoise a fait le choix d'intégrer un sport études au prestigieux centre de Clairefontaine pendant trois ans, tout en jouant dans l'équipe des U19 du MHSC (Montpellier Hérault Sport Club) le week-end. "Je n'arrêtai pas de faire des kilomètres entre ici et Montpellier", se remémore sa maman, qui avait à coeur que sa fille s'épanouisse. 

Pendant ses années parisiennes, elle sera sélectionnée en équipe de France U17 et l'équipe gagnera la Coupe du Monde à Bakou, en Azerbaïdjan, en battant la Corée du Nord, en 2012. Sa mère s'en rappelle bien : "C'est un match qui m'a marquée. Ça a fini aux tirs au but. Sandie était capitaine de l'équipe, c'est elle qui devait commencer. Je suis partie dans le jardin pour ne pas voir, ça me stressait trop. Je suis revenue au bout d'un moment, j'ai vu qu'elles avaient gagné." Aline a bien sûr regardé en replay ensuite.

La maman aime quand il n'y a pas trop de monde dans la maison pour regarder et rester concentrée sur le match. C'est ce qu'elle fera ce dimanche, à midi, pour le premier match de l'équipe de France, tandis que Joris, l'un des frères de Sandie, s'est rendu en avion à Brisbane pour la voir jouer. 

Zinédine Zidane pour idole 

Intégrer l'équipe de France était un rêve que la footballeuse gardoise a touché du doigt en 2020 après plusieurs refus et des blessures à répétition. Il a fallu attendre qu'elle quitte le MHSC pour le club espagnol de Levante, à Valencia, pour être sélectionnée. Depuis 2022, elle évolue au Real de Madrid : "C'est un club qu'on aime beaucoup. Sandie a toujours admiré Zinédine Zidane, sa façon de jouer. C'était son idole", atteste sa maman. 

Maintenant c'est au tour de Sandie de devenir l'idole de jeunes footballeuses du Gard rhodanien. Alors que les clubs de Cavillargues et de Chusclan s'allient pour créer une école de football féminin, les jeunes filles étaient nombreuses à se rendre au stade de Tresques en juin pour vivre un premier entraînement auprès de cette enfant du village qui a fait carrière. "Une autre fois, Sandie était invitée à l'école de Cavillargues pour témoigner de son parcours. On lui a fait une haie d'honneur du portail jusqu'à l'entrée", dit en riant sa mère. 

Il y a fort à parier qu'ils seront plusieurs habitants devant leur écran de télévision ce dimanche, à midi, pour voir le premier match de l'équipe de France féminine à la Coupe du Monde. Il y a de bonnes chances pour que Sandie Toletti soit titulaire. On pourra peut-être la voir dans d'autres beaux évènements à venir comme les Jeux Olympique 2024 ou encore l'Euro féminin en Suisse l'année suivante. Mais déjà, le Gardoise se projette dans l'après et dans une éventuelle reconversion : elle prépare actuellement un BTS Gestion Hôtellerie Restauration par correspondance avec le CNED et vient de valider son année.