FAIT DU JOUR Kevin Denkey : “Le Nîmes Olympique est mon ADN et mon identité”
Formé à Nîmes, Kevin Denkey vient de signer à Cincinnati (États-Unis), et devient la recrue la plus chère de l'histoire de la MLS. Il se confie sur les dessous de son transfert, ses prochains objectifs et revient sur son amour pour le Nîmes Olympique.
Objectif Gard : Qu’est-ce que ça vous fait d’avoir signé à Cincinnati ?
Kevin Denkey : C’est la concrétisation de beaucoup de travail et de mon investissement sur le terrain et en dehors. Je suis très content. Je sais que je suis très attendu parce que c’est un transfert important donc il va falloir que je montre toutes mes capacités. Quand je suis arrivé à Cincinnati et que j’ai découvert les installations, c’était incroyable ! Le club a son propre stade, leur centre d'entraînement est magnifique avec du matériel de récupération et de travail spécifique. C’est un petit détail mais dans le centre, il y a même une chambre spéciale pour le coiffeur qui vient coiffer les joueurs. (Rire) Le chef cuisinier est très bon aussi. Là-bas, on manque vraiment de rien. Je n’ai jamais vu ça de ma vie, tout est organisé pour notre bien-être. Ces conditions vont me permettre de passer un cap supplémentaire dans le travail.
Quels sont vos objectifs avec votre nouveau club ?
Je souhaite performer. J’ai été recruté pour mes qualités offensives. Je suis un attaquant donc forcément, je vise à marquer des buts, faire des passes décisives et aider l’équipe offensivement. J’ai aussi beaucoup à leur apporter, mais je compte continuer à m’améliorer. Puis la mentalité du club est très bonne. C’est la mentalité américaine, ils aiment travailler, faire du business, mais surtout faire le show. Là-bas, le football est un événement. Les supporters viennent au stade pour célébrer. Ce n’est pas comme en Europe où il y a par exemple des hooligans ou bien des clubs qui se détestent. Ce n’est pas du tout comme ça. Les gens viennent pour le show et profiter. Tu peux voir deux supporters de différentes équipes côte à côte. Quand il y a un beau but, tout le monde crie de joie.
"J’étais vraiment leur priorité"
Pourquoi avez-vous fait le choix de rejoindre la MLS ?
J’ai fait ce choix car le projet m’a convaincu. Il était très intéressant, voire incroyable pour moi, même si je sais que je le méritais. Pour être honnête, quand un club te veut vraiment, il est déterminé et tu le ressens. Et personnellement, j’ai préféré signer dans un club qui me souhaitait réellement. Puis, l’année dernière, ils ont fini premier du championnat en saison régulière. Ils ont perdu au play off, mais ils sont très forts. C’est une grande équipe et ils sont très ambitieux.
Justement, quel est le projet que Cincinnati vous a proposé ?
Ils m’ont dit qu’ils avaient un très bon effectif, mais qu’il leur manquait seulement un buteur, un vrai numéro 9. Ils me connaissaient depuis longtemps et ils savaient que c’était compliqué de faire venir un jeune attaquant comme moi qui marque régulièrement et qui joue en Europe. Mais ils étaient prêts à tout pour m’avoir, et ça a suffi pour me donner envie d’y aller.
Vous n’auriez pas préféré rester en Europe ? Jouer la Ligue des champions ne vous faisiez pas rêver ?
Bien sûr que jouer la LDC me fait rêver. Mais honnêtement le projet de mon nouveau club me fait aussi rêver. Ils ont su m’attirer avec de réelles propositions sportives. Je pense que je peux me développer là-bas, ils vont tout faire pour que je réussisse. Cette décision peut être un bon tremplin pour moi.
Depuis plusieurs mois, vous attendiez votre transfert. Comment avez-vous vécu cette longue attente ?
Ce début de saison a été compliqué pour moi. J’ai fait une très bonne saison l’année dernière, mais le plus dur c’est de confirmer. Et c’est très complexe, surtout dans une période de grande pression. Je sais que je pouvais partir à tout moment donc mentalement l’attente était difficile. Honnêtement, j’avais pas mal de doutes mais j’ai encore plus travaillé. Heureusement, aujourd'hui je suis heureux de mon transfert.
De gros clubs étaient intéressés par vous cet été et finalement rien n’a abouti. Comment cela se fait-il ?
J’étais proche de partir de Bruges cet été, mais soit je ne voulais pas, soit les clubs ne s’entendaient pas. J’ai été très sollicité, notamment en Bundesliga, en Premier League et en Ligue 1, mais rien n'égalait ce qu’on m’a proposé à Cincinnati. Certains clubs me disaient que je serais leur priorité dès que leur attaquant serait vendu. Puis d’autres, m'annonçaient qu’ils avaient déjà un attaquant mais qu’à ma venue, je prendrais son numéro 9. Et à côté, j'ai Cincinnati qui me paye le billet d’avion. J’arrive à New-York, je vais faire les tests médicaux. Puis l’actionnaire du club m’envoie son jet privé pour m'amener au club. Donc j’ai compris que j’étais vraiment leur priorité et qu’ils me voulaient réellement.
"Sans centre de formation, le club est mort"
Votre transfert record en MLS, rapporterait 3,2 millions d’euros à Nîmes Olympique, qu’en pensez-vous ?
C’est mérité car le NO m’a donné la chance de travailler. Je connais beaucoup de joueurs talentueux qui n’ont pas eu cette chance, sinon ils auraient aussi brillé. Moi, je l’ai eu et je l’ai saisi donc aujourd’hui, ils sont récompensés de m’avoir formé et hébergé. Puis, la situation du club m’attriste beaucoup. Je suis content qu’il bénéficie de cet argent à un moment où il en a besoin. J’espère que ça va les aider et qu’ils vont s’en sortir. Si cette somme peut y contribuer, je serai encore plus heureux.
Ironie du sort. Rani Assaf a supprimé le centre de formation et finalement quelques années plus tard, c’est le fruit de la formation qui lui rapporte.
Sans centre de formation, le club est mort. Pour briller aujourd’hui en 2024, c’est la formation des années 2016, 2017 et 2018 qui auraient pu faire marcher le Nîmes olympique. On ne peut pas vouloir réussir, si on supprime le centre de formation. Il faut être patient et travailler. Tout se prépare. Et là, les dirigeants sont en train de tout tuer. Cette décision a été une vraie erreur. Je suis la preuve vivante, aujourd’hui je leur rapporte plus de trois millions d’euros.
Le Nîmes Olympique est actuellement en National alors que vous l’avez connu en Ligue 1, que ressentez-vous ?
Je suis très attristé de la situation. Je suis arrivé quand le club était en Ligue 2. J’ai vécu l’ascension, j’ai vu l’engouement. Quand je suis arrivé au centre de formation, mon rêve était de jouer un jour avec la Ligue 2 du Nîmes Olympique. Mon objectif était de jouer avec les professionnels. Finalement, j’ai eu mieux. J’ai joué en Ligue 1 avec Nîmes, j’ai même marqué. C’était incroyable ! Et aujourd’hui, c'est malheureux de voir le club en National.
"J’ai toujours les supporters Nîmois dans mon cœur"
Vous avez passé sept ans au NO, que représente ce club pour vous ?
Il représente tout. J’ai appris, je me suis formé et j’ai évolué. Tout ce que j’ai pu prendre de Nîmes, je l’ai saisi dans la mentalité et dans l’envie d’être un guerrier. J’ai appris dans tous les sens, sur le terrain, dans ma formation et en dehors. Le Nîmes Olympique est mon ADN et mon identité, tout simplement. Partout où je vais, je ramène cette force que j’ai acquise là-bas. Je voulais aussi faire passer un message aux supporters nîmois. J’aurais aimé faire ce que j’ai effectué au Cercle Bruges à Nîmes. C’est dommage que je n’aie pas été régulier comme je l’ai été par la suite. C'était un rêve que j’aurais aimé accomplir. J’ai toujours les supporters Nîmois dans mon cœur.
Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter pour cette nouvelle aventure aux États-Unis ?
Je souhaite performer et marquer des buts. Je ne veux surtout pas me blesser. Puis dans tous les cas, quand je performe, je suis heureux.