Son amour pour l’équipe de France a démarré à neuf ans lors de la Coupe du Monde 1998 organisée sur notre territoire. Sébastien assiste à la victoire des Bleus face au Brésil (3-0) avec son grand-père, son père et son oncle. Si le premier est décédé, les deux derniers cités seront à ses côtés pour encourager les Bleus au Qatar avec l'espoir de décrocher une troisième étoile. Depuis 98, ce Nîmois, grand fan du Nîmes Olympique, vit une véritable passion pour le maillot tricolore. Il a assisté à toutes les rencontres de la France en Coupe du Monde depuis 2002. Du coup de boule de Zidane au cauchemar de l'Afrique du Sud jusqu’au triomphe en Russie, Sébastien a tout vécu en tribunes.

Auparavant collaborateur auprès de députés, il a monté son entreprise de conseil et de formation depuis deux ans. Chaque mondial est un événement pour ce membre du groupe de supporters des Irrésistibles français qui s’y prend de longs mois à l’avance pour réserver ses places et son logement. C’est en bande que Sébastien a vécu de l’intérieur cette édition 2022, mais il est le seul à avoir assisté à toutes les rencontres. Il est seulement rentré à Nîmes cinq jours entre le huitième et le quart de finale avant de revenir à Doha, logé dans un Ibis construit de toute pièce spécialement pour ce rendez-vous. « La qualité est supérieure par rapport à chez nous », confie l’intéressé.

15 matchs au compteur et une finale à 900 euros

Outre voir jouer les Bleus, le trentenaire apprécie ces ambiances et ces moments de partages entre les communautés. Il en a aussi profité pour encourager d’autres équipes comme les Pays-Bas, l’Argentine ou encore le Cameroun moyennant 120 euros. « Nous avons lancé le fameux chant des supporters parisiens à l'époque de Choupo-Moting et nous avons enflammé le stade", se souvient-il en compagnie des supporters camerounais alors que leur sélection venait de réussir l'exploit de revenir à 3-3 face à la Serbie.

Au total, il aura vu 15 matchs ce qui est bien plus que d’habitude. Des moments uniques rendus possibles grâce à la proximité des enceintes. « Certes, ce n’est pas un pays démocratique mais il faut souligner la qualité de l’organisation. En prenant juste le métro, on peut voir trois matchs par jour. Dans quatre ans, il faudra prendre un avion pour se déplacer entre le Mexique, le Canada et les USA. » Une véritable fête du foot que Sébastien ressent même au Qatar même s’il regrette le manque d’engouement des supporters français : "Nous ne sommes pas un vrai pays de foot. Le stade était 100 % marocain en demi et là il sera à 90 % argentin. Pourtant je ne crois pas que l’Argentin moyen soit plus riche que le Français moyen."

Loin de la passion des sud-américains avec 55 000 fans de Messi and co annoncés au stade, les Français seront tout au plus 7 000. Même en l’ayant réservé plusieurs mois à l’avance le précieux sésame pour assister à cette finale lui revient à 900 euros. C’est toujours plus avantageux que les montants affolants affichés pour obtenir un ticket dans les derniers jours. Sans hésitation, Sébastien confie que cette Coupe du Monde est celle qui lui est revenue le plus cher. S’il ne préfère pas donner de montant précis, il aura fallu débourser plusieurs dizaines de milliers d’euros pour l’ensemble de la bande. Mais comme le dit le dicton, quand on aime on ne compte pas.

Tee-shirt, lunettes et caleçon 

« C’est l’amour du football une fois tous les quatre ans qui prime. On ne mesure pas à ce que ça nous coûte mais au plaisir procuré », précise notre interlocuteur qui a fait attention à ses dépenses depuis un an et demi. Et à l’entendre, pouvoir vibrer sur des buts de Giroud, Mbappé et sur les succès des hommes de Didier Deschamps n’a pas de prix. « Je vis avec autant de passion d’aller voir Nîmes-Niort en janvier avec 900 spectateurs que ce France-Argentine à 20 degrés », s’amuse-t-il à comparer alors qu’il n’a raté aucun match des Crocos cette saison et qu’il sera aux Antonins le 26 décembre face à Guingamp.

Avant de remettre sa tenue rouge, il va porter une dernière fois la bleue pour terminer en beauté cette parenthèse enchantée. Un uniforme bien défini avec à chaque match le même tee-shirt, la même paire de lunettes et le même caleçon, soigneusement lavé après chaque coup de sifflet. « J’en ai acheté un nouveau après l’élimination à l'Euro contre la Suisse et il faut croire qu'il nous porte chance », assure Sébastien qui va donc assister déjà à sa quatrième finale de Coupe du Monde après 1998, 2006 et 2018, à seulement 33 ans.

Une véritable chance dont il se rend compte avec des émotions qui seront fortes au moment où va retentir la Marseillaise. « Elle sera incroyable ! On va la chanter avec fierté tout en mesurant le privilège de vivre une finale de Coupe du Monde. Mon grand-père avait dû attendre 50 ans. On va profiter pleinement et comme on dit jamais deux sans trois ». Le Nîmois espère que la France va décrocher une troisième étoile et garder ainsi la coupe à la maison. Seuls l’Italie (1934 et 1938) et le Brésil (1958 et 1962) ont déjà réalisé un tel exploit. Et même si les Argentins feront plus de bruit, il espère que sur le terrain les Bleus vont climatiser le stade de Lusail.