FAIT DU JOUR Stjepan Cvitkovic (Nîmes Olympique), de la guerre aux arènes
Le nouvel entraîneur adjoint de Nîmes Olympique a connu la guerre en Yougoslavie dans son enfance avant de grandir en Bourgogne et de s’épanouir dans le Nord. Cet été, Stjepan Cvitkovic n’a pas hésité à se remettre en cause pour tenter l’aventure chez les Crocodiles et franchir un palier dans sa carrière de technicien.
Quand elle est dramatique, la grande Histoire du monde n’épargne personne et les enfants en sont parfois les victimes. Stjepan Cvitkovic peut en témoigner. Le nouvel entraîneur adjoint de Nîmes Olympique est né de parents croates et il a vu les horreurs des guerres (1991-2001) de Yougoslavie. Son père achemine alors des médicaments en Croatie et toute la famille traverse un pays en plein conflit. « Je me souviens avoir été, avec ma famille, contrôlé par des soldats serbes. Nous possédions une maison qui a été brulée, j’ai vécu les bombardements et nos chevaux ont été tués. Ça a été dur à vivre », raconte l’ancien footballeur qui avoue avoir été traumatisé par cette douloureuse expérience.
« Je vibre pour l’équipe nationale de Croatie »
Le nouveau nîmois est marqué au plus profond de lui par ce qu’il a vécu à cette époque, mais il estime en être ressorti plus fort : « Ça a forgé mon caractère et ça m’a appris à relativiser les petits problèmes de la vie ». Lui qui reste très attaché à la Croatie est fier de ce que son pays est devenu : « C’est maintenant un pays qui est fort et qui a su se relever et se reconstruire. Aujourd’hui, c’est une belle destination touristique prisée. La Croatie, c'est tout pour moi, j’y passe toutes mes vacances et je vibre pour l’équipe nationale. Je me vois bien y finir mes jours. » Mais Stjepan est aussi un peu Bourguignon, car c’est à Dijon qu’il est né (en 1982) et où il grandit dans un quartier populaire.
À Dijon, il rencontre Frédéric Bompard
« C’était une enfance heureuse. Nous habitions dans un HLM et nous côtoyions des personnes de toutes origines et toutes cultures. Il y avait beaucoup d’entraide. J’ai baigné dans la mixité et ça fait ma force aujourd’hui ». Un temps, il pense se diriger vers une carrière dans le commerce international (il parle couramment le français, le croate, l’anglais et possède en bon niveau en allemand et en italien), mais c’est finalement dans le sport qu’il perce. Son parcours de footballeur débute au Cercle Dijon Football, qui devient en 1998 le DFCO. C’est en Côte-d’Or qu’il rencontre Frédéric Bompard, avec qu'il garde contact.
« Teigneux et accrocheur à la Giorgo Chiellini »
Puis le défenseur-central, « teigneux et accrocheur à la Giorgo Chiellini » voit du pays en jouant à Mulhouse, Beauvais, Waasland (Belgique), Pacy-sur-Eure (où il croise Gaël Angoula et Sébastien Larcier), un retour à Mulhouse puis un passage qui ne se passe pas bien à Pau avant d’atterrir à Dunkerque. Nous sommes en 2012 et c’est le début d’une longue histoire entre la « Cité de Jean Bart » et Stijepan. D’abord en tant que joueur, jusqu’en 2017, puis comme éducateur au centre de formation de l’USLD. Ces dernières années, il était en charge des U19 Nationaux après avoir dirigé la réserve en National 3.
« Je suis plus un ch'ti qu’un Bourguignon »
Il constate que les valeurs humaines des Nordistes ne sont pas usurpées. « Je quitte beaucoup de belles personnes. Ils ont la main sur le cœur et ils ne demandent rien en retour. Je suis plus un ch'ti qu’un Bourguignon » Mais au club de Dunkerque, où il croise Richard Goyet, Stjepan n’a pas de perspective d’évolution et à 42 ans, il prend un risque, en abandonnant son CDI pour un contrat de deux ans à Nîmes Olympique. « C'est ma première expérience dans un staff professionnel. C'est ce que je cherchais. Je sors de ma zone de confort et j’ai pris un risque, mais pour passer un palier. Je suis entraîneur adjoint mais je ne suis pas juste un poseur de coupelles. Il fallait que je parte. J’ai besoin d’évoluer ».
« Balader vers les arènes et les Jardins de la Fontaine, c'était très beau »
Le changement de décor est radical et il ouvre d’autres perspectives avec le climat gardois pour les Cvitkovic. Les petites Lana-Maëlle (7 ans), Mona (4 ans) et leur maman Anita vont découvrir un autre environnement qu'à Dunkerque. « On va profiter des activités, de la mer et des rivières. La descente en kayak au Pont du Gard c’était super joli. Rien que de balader en ville les arènes, les Jardins de la Fontaine, c'était très beau. On va vivre une aventure humaine ici ». Il ne reste plus à Stjepian qu'à trouver un logement et conclure son déménagement. Des petits tracas de la vie qui peuvent agacer, mais par pour lui, car quand ça ne va pas, le nouveau nîmois se souvient des choses qu’il a vues dans son enfance en Yougoslavie et très vite se dit qu’aujourd’hui, sa vie est belle.