FOOTBALL Samuel Sapede, entraîneur de l'OAC II : " Si on peut faire le doublé, on ne s'en privera pas"
Entraîneur de l'équipe réserve de l'Olympique d'Alès en Cévennes depuis deux saisons, Samuel Sapede est en passe de réaliser un historique doublé. Mais à deux journées de la fin du championnat, il faut encore grapiller quelques points avant de sabrer le champagne une fois validée la montée en Régional 2. Quelques jours plus tard, il s'agira de soulever la Coupe Occitanie en battant la réserve de Canet RFC lors de la grande finale à Cahors. À l'aube de ces deux grands rendez-vous, l'ancien joueur de l'OAC, reconverti entraîneur, s'est prêté pour la toute première fois au jeu de l'interview d'Objectif Gard.
Objectif Gard : À deux journées de la fin du championnat de Régional 3, à quinze jours de la finale de la Coupe Occitanie, la réserve de l'OAC est aux portes d'un doublé historique. Mais comme au tennis au moment de la balle de match, le plus difficile c'est de conclure. Dans quel état d'esprit êtes-vous ?
Samuel Sapede, entraîneur de la réserve de l'OAC : Le doublé est dans la tête des gamins. Je les appelle comme ça. Il y a déjà une étape à franchir ce week-end en championnat. La finale a lieu le 11 juin donc on aura le temps de se préparer. Il faut arriver à recentrer les pensées des joueurs. Si on peut faire le doublé, on ne s'en privera pas ! La priorité pour moi c'est de finir champion de Régional 3. Le choix est fait assez nettement.
Quelle est d'après vous la recette de cette saison "référence" de l'équipe réserve ?
La recette de cette saison, c'est d'harmoniser les qualités des U18 avec lesquels on s'entraîne, celles des gamins que j'entraîne depuis deux ans, qui bossent à côté ou sont à l'école, et les mecs de la première qui descendent et ne sont pas satisfaits de leur non-convocation. Il faut arriver à tirer le meilleur de tous ces mecs là. La chance qu'on a, c'est que je travaille avec un noyau de 7-8 joueurs qui me connaissent, et avec des joueurs de l'équipe première qui jouent le jeu même si ce n'est pas toujours évident. L'un des ingrédients de cette réussite, c'est aussi le travail qu'on mène avec Mehdi Sidane. On a fait le choix de s'entraîner avec son équipe U18 en permettant à ceux qui sont performants d'intégrer l'équipe réserve. C'est un équilibre fragile. Mais il y avait déjà eu une amorce la saison dernière. On avait été à la lutte jusqu'au bout avec le Grau-du-Roi avant de péter à la fin. C'est pour ça que cette année je veux aller au bout. Ça sera un aboutissement. Après, il faudra enclencher une nouvelle dynamique avec les 18 ans qui vont arriver.
"Humainement, il m'a beaucoup apporté"
Samuel Sapede
Parmi les joueurs apparentés "équipe première" qui "tombent" en réserve, certains traînent-ils la patte ?
Je n'irai pas jusque-là. Mais certains sont en fin de contrat. Ils savent ou ont compris que l'aventure allait s'arrêter avec l'OAC. Il faut arriver à tirer le meilleur d'eux. Ce qui fait la force c'est que j'ai tissé une relation de confiance avec eux qui fait qu'ils livrent au moins le minimum. Au début de la saison, je disais que c'était un marathon qui commençait. Je partais avec un noyau de 7 ou 8 gamins et ceux de la première devaient m'apporter le ravitaillement. Quoi qu'il arrive, je leur dis que jouer un titre et jouer une finale, quel que soit le niveau, dans une carrière ça compte. S'il n'y avait plus la coupe et qu'on était cinquième du championnat, ce serait encore plus difficile.
A contrario, quels sont ceux qui font preuve d'un état d'esprit irréprochable et d'un engagement total malgré leur "rétrogradation" ?
J'enlève Louis Laurent et Melvyn Ritas qui sont des enfants du club. Mais j'ai fait des rencontres marquantes. Celle avec Alain Mogès déjà. Humainement, il m'a beaucoup apporté. Paul Bonneau a joué le jeu. Théo Dengerma aussi. Joakim Balmy a pu faire le job aussi.
La montée en Régional 2 est une ambition affichée par le club depuis plusieurs saisons afin de réduire l'écart avec l'équipe première. Avez-vous la sensation que cette saison, plus que jamais, le club s'est donné les moyens de ses ambitions ?
Je n'ai jamais vécu un sentiment d'abandon de la part du staff de l'équipe première ou de Jean-Marie (Jean-Marie Pasqualetti, directeur sportif du club, NDLR). La saison dernière, la priorité c'était clairement la montée de l'équipe première. Cette saison, la priorité c'est de sauver l'équipe première. L'équipe première serait déjà sauvée, on aurait peut-être une autre dynamique en réserve. On ne l'a pas mais ça ne nous empêche pas de faire des bons matchs. On va aller jouer un match très compliqué à Aigues-Mortes. J'espère juste que de son côté Anduze va reproduire le même match que contre nous.
On m'avait dit de faire au mieux avec eux, et au final on a surpris tout le monde"
Samuel Sapede, entraîneur de la réserve de l'OAC
Quels seraient d'après vous les bénéfices d'une réduction de l'écart entre l'équipe première et l'équipe réserve ?
Je pense que dans tous les championnats, entre les premiers de la division inférieure et les moins bons de la division supérieure, l'écart est faible. Cette saison, nous serions en R2, je pense que nous nous serions sauvés. Pour le club, plus l'équipe première joue à un bon niveau, plus il y a la lumière sur le club et plus il est facile d'attirer des jeunes joueurs. Je pense qu'on doit arriver à avoir les meilleurs gamins âgés de 18 à 21 ans dans un rayon autour d'Alès, et leur permettre d'accéder à l'équipe première.
Quel est votre regard sur la saison haletante de l'équipe première ?
J'ai vu plusieurs matchs. Je suis leur plus grand supporter. Je pense que ce championnat est vraiment difficile. La DNCG est venue mettre son grain de sable. Je pense que ça va se jouer à pas grand-chose, mais ils ont les qualités pour le faire. Je suis persuadé que si on arrive à se sauver cette saison, il y aura quelque chose à faire la saison prochaine. Le changement de coach a insufflé une nouvelle dynamique. Mais, et ça j'y tiens, j'ai travaillé avec Stéphane Saurat et il a tout le temps été attentif à l'équipe réserve. Il ne faut pas oublier Stéphane qui a fait quelque chose de bien avec ce club.
"J'espère qu'on pourra vraiment se poser autour de la table pour articuler la suite"
Samuel Sapède
Y a-t-il des interactions entre vous et Hakim Malek, ou l'équipe première et l'équipe réserve sont deux entités à part entière qui fonctionnent séparément ?
Hakim Malek est arrivé en cours de saison avec la mission de sauver l'équipe première. À chaque fois, c'est quelqu'un de courtois avec lequel j'arrive à échanger. Mais j'échange plus avec Kiki (Christophe Vialet, entraîneur adjoint de l'OAC) qui fait le trait d'union entre la première et la réserve. J'espère qu'ils vont se sauver, qu'on va monter, et qu'on pourra vraiment se poser autour de la table pour articuler la suite. Mais j'ai beaucoup de respect pour le travail d'Hakim Malek. Je pense qu'on a beaucoup à apprendre de l'autre.
Serez-vous toujours l'entraîneur de l'équipe réserve de l'OAC la saison prochaine ?
Il y a une volonté du club que je continue avec l'équipe réserve. Je ne ferme pas la porte. Je prends plaisir. Je suis à la disposition du club. Je n'ai jamais caché mon affection pour les gamins. Je suis éducateur spécialisé à côté du foot. Mais je prends plaisir à entraîner cette équipe réserve. Pour la plupart, je les ai pris quand ils étaient mineurs. On m'avait dit de faire au mieux avec eux, et au final on a surpris tout le monde. Je me suis attaché à eux, ils sont attachés à moi. Ma réflexion, c'est d'arriver à incorporer encore plus de jeunes. Je veux permettre aux gamins du club de jouer au meilleur niveau possible une fois en seniors.
Comment envisagez-vous la suite de votre carrière en tant qu'entraîneur ?
Le football est une passion. Tant qu'il y aura de la passion je serai dans le football. Je n'ai pas de plan de carrière. J'aime ce club. J'y ai joué en catégories de jeunes. Je suis parti avant d'y revenir en tant que capitaine de l'équipe qui est montée de DHR à DHE*. Je pense que pour progresser il va falloir qu'on réfléchisse à la qualité de la formation. En termes d'infrastructures, c'est tristounet. Il faut qu'on explore plusieurs pistes pour faire grandir ce club. Je ne m'interdis rien, mais à l'heure actuelle, je n'ai pas de raison d'aller voir ailleurs.
* DHR : division d'honneur régionale, soit l'équivalent de la R2 aujourd'hui ; DHE : division d'honneur excellence, l'actuel championnat R1.