L'INTERVIEW SPORT Zakariaa Saoudi (Stade Beaucairois) : "La priorité, c'est de retrouver du plaisir !"
Enfant du quartier de Valdegour comme son grand copain Amine Sbaï, Zakariaa Saoudi a longtemps espéré réaliser son rêve de signer professionnel dans le club de sa ville. Mais après une saison époustouflante avec la réserve (R1), son histoire avec le Nîmes Olympique a pris fin au cours de l'été. Alors qu'il a bien failli arrêter de pratiquer son sport préféré, le jeune attaquant (23 ans) est à la relance au Stade Beaucairois avec lequel il s'apprête à défier l'OAC, son ancien club, au titre du 6e tour de la Coupe de France. Interview !
Objectif Gard : La saison dernière, lorsque tu étais au Nîmes Olympique, le coach de l’époque Nicolas Usaï appréciait ton profil et t'invitait de plus en plus souvent aux entraînements. As-tu entrevu le moment où tu allais intégrer définitivement le groupe professionnel et disputer tes premières minutes en Ligue 2 ?
Zakariaa Saoudi : Oui, c'est le but quand tu commences à t'entraîner avec le groupe pro'. Tu es là pour performer pendant les séances. Je sentais qu'il y avait la place. Je me voyais intégrer le groupe pro' définitivement. Nicolas Usaï parlait souvent à nous, les jeunes. Il nous montrait qu'on existait. Il était capable de venir prendre un jeune sorti de nulle part et le mettre à place d'un joueur pro' qui a un statut.
Tu as donc perçu comme un vrai coup dur son départ en novembre 2022, suivi du recrutement de plusieurs joueurs offensifs au mercato hivernal ?
Le licenciement, ce n'est jamais une bonne nouvelle. Quand quelqu'un se fait licencier, on ne sait pas ce qui va se passer par la suite. Au regard de la situation difficile dans laquelle était le club, le nouveau coach allait forcément arriver avec des nouveaux joueurs comme c'est le cas généralement. Il a peut-être une manière différente de concevoir le football. Chaque coach a ses préférences sur les profils de joueurs. Donc quand un nouveau coach arrive, on ne sait jamais si notre profil va lui plaire.
Quelle était la nature de ta relation avec son successeur, Frédéric Bompard ?
C'était vraiment une relation de coach à joueur. Une relation basée uniquement sur le respect.
Au début de l’été, après une saison exceptionnelle avec la réserve (21 buts, 12 passes décisives en R1), tu as débuté la préparation estivale avec l’équipe première du Nîmes Olympique. La perspective de signer ton premier contrat pro' avec le club de ta ville était-elle réelle ?
Oui bien sûr. J'ai repris avec le groupe pro' et j'avais pour but de signer mon contrat pro' pendant cette prépa'. J'ai eu Sébastien Larcier (directeur sportif du NO, NDLR) au téléphone avant de reprendre la prépa'. On s'était mis d'accord pour une réponse pendant la prépa'. Finalement, je n'étais pas le profil du joueur qu'il recherchait et on en est resté là. Avant Nîmes, le club de Furiani en N2 m'avait appelé. Ça aurait pu se faire aussi. Mais quand j'ai eu la proposition de contrat pro' à Nîmes, j'ai dit non à toutes les autres propositions. Pour moi, en tant que Nîmois, il n'y a rien de plus beau que de signer pro' dans le club de sa propre ville.
"En tant que compétiteur, je débute chaque saison avec l'objectif de jouer le haut de tableau"
Zakariaa Saoudi, attaquant du Stade Beaucairois
Après cet épisode là, tu t’es retrouvé sans club. Il y a eu plusieurs essais, dont un au Racing club de France (N2) avant ta signature au Stade Beaucairois. Pourquoi ce choix ?
J'ai des responsabilités personnelles sur le plan financier qui font que je ne pouvais pas me permettre de rester une saison de plus avec la réserve. Il fallait que je trouve un projet sportif ambitieux à un niveau assez compétitif me permettant de rester proche de ma famille et de subvenir à ses besoins. Ça a été un choix personnel. Ce n'était pas le moment pour moi de déménager loin de chez moi. J'étais dans une période où j'avais besoin d'équilibre et Beaucaire était le meilleur choix. Ils m'ont fait confiance. Le coach Sofyan Carletta m'a invité à un entraînement. On a discuté et on s'est mis d'accord. Ça s'est fait assez naturellement.
As-tu le sentiment d'être un joueur important de l'équipe ?
Je pense que oui. Le coach m'a dit qu'il comptait sur moi. Les cadres me font ressentir que je suis important pour l'équipe. Ça me fait du bien de me sentir valorisé. Après ma saison à Alès, j'avais besoin de me relancer. À Nîmes, j'étais attendu et j'ai confirmé. C'est un passage important parce que ce n'est pas donné à tout le monde de marquer 21 buts et de faire 12 passes décisives dans une saison. C'est aussi grâce à mes coéquipiers et mon coach Yannick Dumas qui a eu une totale confiance en moi en me donnant des responsabilités au sein de l'équipe. Je tiens à le remercier pour cette saison partagée avec lui et je lui souhaite le meilleur dans sa nouvelle aventure au PSG.
Compte tenu de la qualité du recrutement (Pape Sané, Anthony Koura, Yanis Ammour, Malik Hsissane notamment), as-tu l’impression d’avoir intégré un club vraiment ambitieux sur le plan sportif ?
En tant que compétiteur, je débute chaque saison avec l'objectif de jouer le haut de tableau. Je suis content de fréquenter des joueurs qui ont joué plus haut. D'autant que ça a fait pencher mon choix de venir à Beaucaire. Je savais qu'on allait avoir une bonne équipe. J'apprends beaucoup aux côtés de Malik Hsissane avec qui je fais la route tous les jours. Quand ça va un peu moins bien dans la tête, il assure un peu le rôle de grand frère. J'ai une très bonne relation avec lui et j'espère que ça va durer. C'est quelqu'un que j'apprécie sur le terrain et en dehors. Abdoul Sylla et Anthony Koura sont aussi des joueurs expérimentés avec lesquels je parle beaucoup.
Comment juges-tu le début de saison de l’équipe qui est toujours invaincue en championnat ?
On sait qu'on se doit de faire mieux. On est exigeant avec nous-mêmes. Mais globalement le bilan est plutôt positif.
"Sur le plan sportif, ce n'est pas le meilleur tirage"
Quel est ton rapport à cette compétition si particulière qu’est la Coupe de France ?
Premièrement, ça nous évite d'avoir des coupures toutes les deux semaines. Il n'y a rien de pire que de s'entraîner toute la semaine sans avoir un match à la fin. Deuxièmement, passer ce tour nous permettrait de nous confronter peut-être à une équipe professionnelle. Ça nous permettrait de nous jauger. Ça crée un engouement. Ce n'est pas la priorité, mais ça fait un joli petit plus.
Quelle a été ta réaction quand le tirage au sort a désigné l’OAC, ton ancien club ?
Je n'ai pas suivi le tirage car j'étais en train de travailler. D'un coup, j'ai reçu des appels d'anciens copains avec lesquels j'ai joué à Alès. Il y a eu directement un peu de chambrage. On s'est taquiné un peu. J'étais content à l'idée de retrouver mes anciens copains sur le terrain. Après, sur le plan sportif, ce n'est pas le meilleur tirage. Mais pour le compétiteur que je suis, c'est une belle occasion de performer.
Quel est ton souvenir de ces matchs opposants l’OAC à Beaucaire auxquels tu as participé lors de la saison 2021/2022 avec le maillot cévenol ?
C'est souvent des matchs avec beaucoup d'intensité. Le match est très attendu. Au match aller à Pibarot, c'était le premier contre le second. Il y avait un certain engouement. J'ai eu la chance de sortir vainqueur des deux matchs. J'espère que samedi ça fera la troisième victoire pour respecter la logique du jamais deux sans trois (rires).
Quelle est ton ambition personnelle cette saison avec le Stade Beaucairois ?
La priorité, après un été compliqué où j'ai failli arrêter le foot, c'est de retrouver du plaisir et de laisser le destin faire les choses. Collectivement, le club est structuré et travaille avec beaucoup d'humilité. Sur le papier, l'effectif est là pour jouer le haut de tableau.